Le théâtre contemporain cherche, à chaque génération, à ébranler les conventions sociales de la violence commune, invisible, banale. Alex Lorette est de ces auteurs et sa dernière pièce Dream job(s), enfonce le clou dans l’univers de l’apparence raisonnable du management et des profits implacables qu’elle doit générer. La pièce a reçu le prix des metteurs en scène « hors » et « en » Belgique 2017-2018.L’éditeur annonce en quatrième de couverture : « Dream job(s) – Une bande d’amis. Fred rêve de devenir DJ. Sa petite amie Chloé aime l’histoire de l’art et les « inductions chromatiques » de Carlos Cruz-Diez. Melina, l’amie d’enfance de Chloé, ne se prend pas la tête et profite de la vie. Et enfin, Tony, le bon…
Dans cette nouvelle pièce, Alex Lorette nous livre une histoire sur le thème du harcèlement scolaire : à presque 15 ans, Camille est victime des vexations de jeunes de son école. À travers des dialogues très concrets, on peut découvrir une bonne déclinaison de situations de harcèlement, depuis les propos indifférents typiquement adolescents jusqu’à la cruauté sans limite, elle aussi typiquement adolescente. Quand on croit avoir bien compris de quoi il s’agit, un autre tableau nous livre un nouveau rebondissement, parce que le harcèlement ne s’arrête jamais, il s’est invité dans la maison de Camille, se faufile dans des courriels insultants, se matérialise en une page Facebook anti-Camille. Bref, il est partout, lancinant.Aussi triste que cela puisse paraître, on n’est…
Le court texte d’Alex Lorette paru en octobre dans la collection « Poche » des éditions Lansman est de ceux qui doivent être dits à voix haute s’ils ne sont portés à la scène. Parce que La ligne de partage des eaux n’est rien de moins que 34 pages haletantes, celles du récit d’un homme occupé de courir. Seul, il court dans les bois, suit le tracé d’une rivière, d’un fleuve, d’une route, tombe, se blesse, se redresse, se remet à courir.Qui est cet homme qui court ?Un individu halluciné relatant l’expérience physique d’un cauchemar en 7 parties ? dont chacune n’est constituée que d’une unique longue phrase sans autre ponctuation que des virgules ?Un homme fragmenté qui erre et dont le corps, détaché de son esprit, court, court, court, à sa poursuite ?Un…
Franck, JC et Leslie vivent dans un trou perdu. Aucun voisin, aucune maison aux alentours. Que la nature à perte de vue, ses forêts, les bruits qui craquent, des hululements, le vent qui souffle. Rien qu’eux trois et leur profonde solitude, brisée parfois par des échappées au travail ou sur les routes. Qui sont-ils les uns pour les autres ? Deux frères et une sœur ? Un ménage à trois ? Des amis ? De simples colocataires ?Un soir, Franck, le plus brave de la bande, ramène un gars qui a planté sa voiture sur une route près de là. L’homme en costard-cravate détonne face à la pauvreté du lieu et aux accoutrements des autres. Il est extrêmement taciturne, réservé, et accepte pourtant tout ce qu’on lui propose : l’hospitalité le temps d’une nuit, ou plus, les avances…
De cette bombe qui a dévasté Hiroshima et Nagasaki le 6 août 1945, que sait-on exactement ? On visualise très bien le champignon géant qui s’élève dans le ciel, on se souvient vaguement d’avoir entendu parler de 140 000 morts. Quoi d’autre ? Rien. Loi de proximité oblige, cette tragédie nous paraît lointaine. « Est-ce qu’on a quelque chose à voir avec ça, avec tous ces morts qu’on ne voit jamais. Est-ce qu’on est responsable de ça ? »Sous la forme de 14 tableaux interchangeables et inspirés de témoignages, Alex Lorette nous propose d’explorer à nouveau cet événement historique à travers un texte fort et juste (en japonais, « Pikâ » signifie « lumière, éclair » et « Don », « bruit d’explosion »). Il donne la parole aux survivants,…
Alors que sa vie semble peu à peu tirer sa révérence, Lucie regarde son passé. Elle se souvient de son arrivée en Belgique en 1958, âgée alors de dix-huit ans. Cette terre où elle s’est tout de suite sentie étrangère. Cette terre où il fait froid, où l’eau est verte, où le vent vient de la terre. Elle raconte sa naissance, au fin fond du Congo, au bord du fleuve, à quatre heures de marche de la première ville. Naissance à laquelle sa mère n’a pas survécu. Elle se souvient de son enfance auprès de sa nourrice noire, Massiga, au grand désarroi de son grand-père qui considérait le peuple noir comme des sauvages. Le racisme et les idées colonialistes étaient encore bien ancrées à cette époque. Malgré sa couleur blanche, Lucie se sent noire au-dedans.Son père,…
Tout au long du roman, nous suivons les récits de plusieurs personnages. Il y a d’abord Lucie, qui est née au Congo et n’a jamais été heureuse en Belgique. Ensuite, il y a sa fille Félicité avec qui elle n’a jamais réussi à communiquer. On suit également les histoires du père André, autrefois appelé Nkisu, de Massiga, la nourrice de Lucie et enfin d’Edmond, l’arrière-grand-père de Lucie, un colonisateur sanguinaire.Lucie aimerait retourner au Congo, cette terre qui l’a vue naître, au bord du fleuve, dans les années 1940. Malgré sa couleur blanche, elle s’est toujours sentie noire à l’intérieur, une Congolaise. À présent, il est trop tard. Elle est clouée au lit dans sa maison de retraite. Elle pourrait demander à sa fille qui habite en Norvège de l’y…
Un beau puits… Du solide. (…) Rien que des blocs de tuffeau, doux au toucher, comme la peau d’un bébé. (…)Le puits était plus beau que la maison.La maison n’a jamais été agréable. (…) Il y faisait sombre. On aurait dit un terrier. Oui, la maison faisait penser à un terrier… un terrier à lapins, avec des galeries partout. Depuis plusieurs générations, la famille de Georges vit dans une petite maison, dans un coin reculé où tourbières et sables mouvants s’étendent à foison. Georges a grandi dans cette demeure, puis s’y est installé avec sa femme – une fille qui n’était pas du village – au grand désarroi de sa mère. Une fois cette dernière partie, la femme a fait condamner le puits qui trônait devant la maison. Il lui gâchait la vue. Mais sous la…