Lucie est belge, née en Afrique dans un village le long du fleuve Congo. Sa mère meurt en couches, le père souvent absent parcourt le pays en faisant de la prospection pour une société minière. Cette fille de colons sera élevée dans la maison de son grand-père. Sa nourrice Massiga lui prodigue lait et amour, elle lui apprend à parler, à marcher, et Lucie se sent devenir noire au-dedans. Mais un jour, sa vie bascule et elle découvre la Belgique. La vie comme elle vient, c’est le récit d’un parcours qui s’écoule comme un fleuve intranquille et qui raconte comment une femme peut s’arc-bouter sous les tempêtes et résister… Entre Afrique et Belgique, à travers le destin de Lucie et le regard de sa fille Félicité, ce texte parle de féminité, d’exil, de maternité, de pays fantasmé, et de résilience aussi.
Auteur de La vie comme elle vient
Alors que sa vie semble peu à peu tirer sa révérence, Lucie regarde son passé. Elle se souvient de son arrivée en Belgique en 1958, âgée alors de dix-huit ans. Cette terre où elle s’est tout de suite sentie étrangère. Cette terre où il fait froid, où l’eau est verte, où le vent vient de la terre. Elle raconte sa naissance, au fin fond du Congo, au bord du fleuve, à quatre heures de marche de la première ville. Naissance à laquelle sa mère n’a pas survécu. Elle se souvient de son enfance auprès de sa nourrice noire, Massiga, au grand désarroi de son grand-père qui considérait le peuple noir comme des sauvages. Le racisme et les idées colonialistes étaient encore bien ancrées à cette époque. Malgré sa couleur blanche, Lucie se sent noire au-dedans.Son…