Serge MEURANT, L’atelier de Philippe Desomberg. Carnets, Amis de l’École des Arts, 2019, n.p.Art et poésie se rejoignent au creux des pages du petit livre de Serge Meurant L’atelier de Philippe Desomberg. Carnets.Les mots épousent les sculptures, entrent en résonance avec elles, rendent leur présence sensible.
Somptuosité des dos / où respire / la vie vulnérable.
La pierre te domine, / c’est un corps / qui se refuse et se donne. // Sa dureté t’éreinte. / Elle te guide / en une danse immobile. // Vos gestes se répondent, / dans l’obscurité.
Les poèmes dialoguent avec des photographies extraites du film de Francine d’Hulst L’atelier de Philippe Desomberg et des dessins du sculpteur.
La nuit tombe dans l’atelier. / On croirait…
Dans ce recueil poétique inédit, publié à titre posthume, Yvon Givert (1926-2005) délivre une poésie élisant la concision, la fulgurance de la brièveté, des images, allant au plus nu, dans le refus de tout ornement, de tout lyrisme, de tout épanchement du vécu. Son secret ? Tailler les mots comme des silex, comme des couteaux — un mot qui revient souvent sous sa plume. Dans sa riche préface, Daniel Charneux convoque Marcel Moreau, lequel écrivait sidéralement à son frère « en Borinage » : « Vous êtes un vrai poète. Sans chichis, ni perruque, ni fond de teint. Là, nuitamment là, des mots avec juste ce qu’il faut de lumière, de couteaux, de musique pour entrer en nous comme un plaisir non émollient. Non mondain ». Les huit sections du livre interrogent le statut…
Qu’on se le dise après Borges : la Bibliothèque de Babel s’érige ab aeterno en mémorial du désespoir infini. Car certains livres y demeurent à jamais inaccessibles, inconnus de tous et pour toujours; et la colère de l’homme n’y peut mais. A l’étagère de la poésie belge francophone, maints recueils se calfeutrent sur un second rayon. Ni vu ni connu : le poème passe, sans annonce ni critique — et peut-être sans lecteur.
Publié voici près d’un an, Le lit du nomade d’Yvon Givert mérite pourtant mieux que l’oubli où nous l’avons laissé. L’auteur y transcrit une parole qui a émergé de la blancheur des pages et de la nudité des murs pour vaincre la tentation du silence. Le motif de la prison, lieu clos où se nient les velléités d’expression,…