Yvon Givert   1926 - 2005

PRÉSENTATION
Auteur de nombreuses pièces de théâtre, de recueils de poèmes, de livres de nouvelles et de romans, Yvon Givert poursuit un travail qui semble se jouer des distinctions entre les genres littéraires traditionnels. Mieux, son écriture se reconnaît aisément à un ton personnel qui lui donne sa singularité et reste la griffe du talent original. Bien que les thèmes abordés dès ses premiers écrits se trouvent habilement orchestrés dans ses dernières oeuvres, sa particularité est de n'attacher d'importance qu'au dernier livre publié, et plus encore, à celui qui va suivre et fait l'objet de tous ses soins de créateur.Relativement méconnue, l'oeuvre d'Yvon Givert ne se complaît pas dans le refus du public. Ni hermétique, ni confidentielle, sûrement pas élitiste, elle s'ouvre aux préoccupations majeures de notre époque. Elle souffre malheureusement d'une mauvaise diffusion en librairie, en quoi elle apparaît bien poétique et bien belge.Né à Quaregnon - Borinage - en 1926, Yvon Givert fréquente l'Athénée Royal de Mons, dont les couloirs sont peut-être hantés par les fantômes de Fernand Dumont, d'Achille Chavée et de Charles Plisnier. Il y obtient son diplôme d'humanités avant de commencer des études de médecine qu'il abandonnera pour raisons de santé.Devenu fonctionnaire, il écrit d'abord pour le théâtre (sa pièce, Adieu, Léokadia, jouée au Rideau de Bruxelles, lui vaudra le Prix Herman Closson 83) et pour la radio.Plus tard, il publie ses premiers poèmes, régulièrement distingués par des prix littéraires, dont le prix Plisnier et celui de la Chambrée de poésie belge contemporaine. Il décède en 2005.
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Le Carnet et les Instants

Serge MEURANT, L’atelier de Philippe Desomberg. Carnets, Amis de l’École des Arts, 2019, n.p.Art et poésie se rejoignent au creux des pages du petit livre de Serge Meurant L’atelier de Philippe Desomberg. Carnets.Les mots épousent les sculptures, entrent en résonance avec elles, rendent leur présence sensible.

Somptuosité des dos / où respire / la vie vulnérable.

La pierre te domine, / c’est un corps / qui se refuse et se donne. // Sa dureté t’éreinte. / Elle te guide / en une danse immobile. // Vos gestes se répondent, / dans l’obscurité.

Les poèmes dialoguent avec des photographies extraites du film de Francine d’Hulst L’atelier de Philippe Desomberg et des dessins du sculpteur.

La nuit tombe dans l’atelier. / On croirait…


Le Carnet et les Instants

Dans ce recueil poétique inédit, publié à titre posthume, Yvon Givert (1926-2005) délivre une poésie élisant la concision, la fulgurance de la brièveté, des images, allant au plus nu, dans le refus de tout ornement, de tout lyrisme, de tout épanchement du vécu. Son secret ? Tailler les mots comme des silex, comme des couteaux — un mot qui revient souvent sous sa plume. Dans sa riche préface, Daniel Charneux convoque Marcel Moreau, lequel écrivait sidéralement à son frère « en Borinage » : « Vous êtes un vrai poète. Sans chichis, ni perruque, ni fond de teint. Là, nuitamment là, des mots avec juste ce qu’il faut de lumière, de couteaux, de musique pour entrer en nous comme un plaisir non émollient. Non mondain ». Les huit sections du livre interrogent le statut…


Le Carnet et les Instants

Qu’on se le dise après Borges : la Bibliothèque de Babel s’érige ab aeterno en mémorial du désespoir infini. Car certains livres y de­meurent à jamais inaccessibles, inconnus de tous et pour toujours; et la colère de l’homme n’y peut mais. A l’étagère de la poésie belge francophone, maints recueils se calfeutrent sur un second rayon. Ni vu ni connu : le poème passe, sans annonce ni critique — et peut-être sans lecteur.
Publié voici près d’un an, Le lit du nomade d’Yvon Givert mérite pourtant mieux que l’oubli où nous l’avons laissé. L’auteur y transcrit une parole qui a émergé de la blan­cheur des pages et de la nudité des murs pour vaincre la tentation du silence. Le motif de la prison, lieu clos où se nient les velléités d’expression,…