Cour des miracles

À PROPOS DE L'AUTEUR
Yvon Givert

Auteur de Cour des miracles

Auteur de nombreuses pièces de théâtre, de recueils de poèmes, de livres de nouvelles et de romans, Yvon Givert poursuit un travail qui semble se jouer des distinctions entre les genres littéraires traditionnels. Mieux, son écriture se reconnaît aisément à un ton personnel qui lui donne sa singularité et reste la griffe du talent original. Bien que les thèmes abordés dès ses premiers écrits se trouvent habilement orchestrés dans ses dernières oeuvres, sa particularité est de n'attacher d'importance qu'au dernier livre publié, et plus encore, à celui qui va suivre et fait l'objet de tous ses soins de créateur.Relativement méconnue, l'oeuvre d'Yvon Givert ne se complaît pas dans le refus du public. Ni hermétique, ni confidentielle, sûrement pas élitiste, elle s'ouvre aux préoccupations majeures de notre époque. Elle souffre malheureusement d'une mauvaise diffusion en librairie, en quoi elle apparaît bien poétique et bien belge.Né à Quaregnon - Borinage - en 1926, Yvon Givert fréquente l'Athénée Royal de Mons, dont les couloirs sont peut-être hantés par les fantômes de Fernand Dumont, d'Achille Chavée et de Charles Plisnier. Il y obtient son diplôme d'humanités avant de commencer des études de médecine qu'il abandonnera pour raisons de santé.Devenu fonctionnaire, il écrit d'abord pour le théâtre (sa pièce, Adieu, Léokadia, jouée au Rideau de Bruxelles, lui vaudra le Prix Herman Closson 83) et pour la radio.Plus tard, il publie ses premiers poèmes, régulièrement distingués par des prix littéraires, dont le prix Plisnier et celui de la Chambrée de poésie belge contemporaine. Il décède en 2005.

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Soren disparu

«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…

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