Sous les signatures respectives de Georges Rodenbach, Jean Muno, Jean-Baptiste Baronian, Horace Van Offel et Jacques Henrard, ce ne sont pas moins de cinq romans que la jeune éditrice Sara Dombret met à disposition des lecteurs attachés au patrimoine de la littérature belge de langue française. Sous le label « Les sous–exposés », cette nouvelle collection constitue, au sein des Editions Névrosée, le « double masculin » de « Femmes de lettres oubliées », complétant ainsi l’offre patrimoniale littéraire constituée par Espace Nord, les éditions Samsa et, bien sûr, les publications de l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique.On pourrait théoriser à l’infini sur les origines d’un certain désamour des lecteurs belges pour leur littérature…
Dans son avant-propos, Joël Goffin décape les poncifs véhiculés par l’histoire de la littérature qui a enfermé l’œuvre de Georges Rodenbach dans l’image d’un écrivain mélancolique, hanté par la splendeur passée de la ville de Bruges. À côté de l’auteur de Bruges-la-Morte qui inspira Sueurs froides de Hitchcock, en marge du poète symboliste, ami de Mallarmé, de Rodin, du jeune Proust, 100 articles nous fait découvrir la plume acérée, inspirée et caustique d’un chroniqueur parisien de la Belle Époque.Dédié à Jacques De Decker qui a lancé le projet en 2018, l’ouvrage présente des recensions parues entre 1888 et 1898 dans Le Patriote, Le Gaulois, Le Figaro, Le Journal de Genève, Le Journal de Bruxelles et dont l’apparence d’éclectisme dissimule des…
Le 28 juin 1892, Stéphane Mallarmé s’empare de sa plume la plus leste pour ciseler un compliment à Georges Rodenbach :
Votre histoire humaine si savante par instants s’évapore ; et la cité en tant que le fantôme élargi continue, ou reprend conscience aux personnages, cela avec une certitude subtile qui instaure un très pur effet.
Si délicieusement absconses que demeurent ces lignes, l’on y aura sans peine identifié les allusions à Bruges-la-Morte. C’est que le poète aura su ramasser les traits les plus saillants de cet incontournable de nos Lettres : l’évanescence de l’atmosphère qui règne à chaque chapitre, la contagieuse spectralité de son décor médiéval immuable, enfin les résonances qu’il ne manque pas d’éveiller dans la sensibilité des…