Émile Verhaeren est depuis longtemps reconnu comme un des sommets de la poésie belge de langue française. Il faut se replonger dans ses Villes tentaculaires pour retrouver quelque harmonie au tumulte de nos errances urbaines ; il faut réécouter ses rythmes, palper ses images : Verhaeren n’est pas un classique de manuel, il parle à notre époque.Et voilà que le monstre sacré parvient à dérouter le lecteur, plus d’un siècle après sa mort. On le connaissait poète, on savait ce que la postérité et la bonne intelligence de certains peintres, dont Ensor, devaient à sa plume. Quelques-uns parmi nous avaient entendu parler de son théâtre, sans l’avoir vu joué. Mais peu nombreux de nos contemporains avaient lu ses nouvelles. Cette élite regroupait les érudits, les passionnés,…
Les Archives et Musée de la Littérature poursuivent lentement, dans la collection « Archives du Futur », la réédition critique des poèmes de Verhaeren, entamée en 1994. Viennent de paraitre le tome 9, Poèmes en prose ; le tome 10, Les Forces tumultueuses et La Multiple Splendeur ; le tome 11, Les Ailes rouges de la Guerre et Autres poèmes (1914-1916). Trois volumes aux contenus très contrastés, d’un grand intérêt littéraire, mais dont l’édition présente de regrettables fragilités.
Publiés par Verhaeren de 1886 à 1895, les quarante-six « poèmes en prose » n’avaient jamais, à ce jour, fait l’objet d’une édition complète. Petite méditation circonstancielle, chacun reflète et transcende une expérience vécue par le poète : mendiants…