Visites à l’atelier du peintre Arié Mandelbaum | Objectif plumes

Visites à l’atelier du peintre Arié Mandelbaum

À PROPOS DE L'AUTEUR
Serge Meurant

Auteur de Visites à l’atelier du peintre Arié Mandelbaum

Serge Meurant est un poète belge né en 1946 et mort en 2021. Fils de l’autrice et illustratrice Elisabeth Ivanovsky et du poète et ethnographe René Meurant, Serge Meurant connait selon ses propres termes une enfance heureuse, dans un milieu intellectuellement privilégié. C’est en 1970 que parait son premier ouvrage, Le Sentiment étranger, publié aux éditions Bonaguil. Ses textes sont alors accompagnés de gravures de son frère, l’artiste Georges Meurant. Suivent ensuite une vingtaine d’ouvrages, publiés notamment chez Le Cormier, Le taillis pré ou Esperluette. Pour bon nombre de ces recueils, Serge Meurant s’associe avec un artiste plasticien : Arié Mandelbaum, Jacques Vilet ou plus récemment Kikie Crevecoeur. « La collaboration avec des peintres, des sculpteurs, des graveurs, des musiciens et des cinéastes m’enrichit », écrit-il. À côté de son travail d’auteur, Serge Meurant fut également critique de cinéma et collabora à plusieurs films. Il organisa par ailleurs pendant près de vingt ans le festival Filmer à tout prix, consacré au cinéma documentaire.
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Le Carnet et les Instants

Le regard d’un écrivain-poète sur le travail d’un artiste qu’il suit depuis quelques dizaines d’années. Un parcours sensible que Serge Meurant partage avec nous dans son livre Visites à l’atelier du peintre Arié Mandelbaum.Il y a réuni les textes écrits à partir des années septante : évocations des tableaux et dessins évoluant au fil du temps, fragments poétiques…C’est en 1977 que l’auteur découvre cet atelier, « vaste comme une scène de théâtre », baigné de lumière entre une grande verrière et de larges fenêtres. Il décrit les toiles exposées et formule déjà cette intuition : « Mandelbaum évoque le fou, notre double éveillé qui parle nos lapsus, nos actes manqués et révèle souvent notre…


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Positions pour la lecture. Promenades lectures-écritures-ateliers

Bien rares sont les auteurs qui sortent tout armés de leur écriture première. La plupart tournent en rond interminablement. Ils effectuent des rites de passages, sacrifient aux idoles du jour, et suivent des pistes qui débouchent sur des sources taries. Soit qu’ils croient que la littérature est de la musique, soient qu’ils pensent qu’elle est un témoignage vécu, ils n’échappent pas aux apparences, c’est-à-dire à la répétition.Il est pourtant tout simple de remarquer que la littérature est une vision, soutenue par une langue intime, et happée par l’amour de la vérité. Pour en faire l’expérience personnelle, il suffit d’explorer quelques-unes de ces îles au trésor qu’on appelle les chefs d’œuvre. On ne devient pas écrivain parce qu’on a connu l’Asie et l’Afrique, ou vécu des amours déchirantes, ou pratiqué l’art de la guerre et du thé, ou subi l’ignominie d’une enfance terrifiée. Toute cette matière précieuse, toutes ces émotions de vie, demeurent inopérantes, faute d’un déclic préalable, le seul déclic décisif à un autre niveau de conscience : la lecture.C’est un secret de Polichinelle, mais un secret quand même, que la biographie est un faux ami pour un écrivain, et qu’il faut avoir vécu la vie des autres, à travers les livres, à travers la langue, avant que le processus se mette en branle pour l’opération véritable.Cette relation étroite, complexe, entre lire et écrire, est un peu occultée par le fantasme du présent à tout prix qui règne, tant en politique qu’en matière d’enseignement, et qui exclut la durée créatrice, mais nous ne sommes pas obligés d’y adhérer : il est juste utile de le prendre en compte, comme un obstacle de plus à franchir.La formule de Valery Larbaud, «  la lecture, ce vice impuni  » ne se situe plus tout à fait à ce niveau d’innocence où Larbaud l’entendait. L’espace de la lecture est si peu prévu et si peu valorisé par la société e-commerciale où nous vivons, que la pratiquer régulièrement suppose un peu de de décision stoïcienne, c’est-à-dire de force d’âme. On peut s’en convaincre en prenant le train ou l’avion : sur les écrans entre toutes les mains, il passe peu de textes, au sens continu et organisé du terme. Chacun, bien sûr,  peut préférer le jeu League of legends à la pratique de cette légende plus ancienne qu’on appelle la littérature.  Le bonheur volontaire est une option comme une autre. Nous sommes aujourd’hui au cœur de la séparation entre l’écriture et la lecture Position pour la lecture , de Daniel Simon, est un livre à étages multiples, comme certaines fusées qu’on envoie dans le ciel.  Sans didactisme, sans abstraction, mais en suivant du doigt la ligne la plus sensible de l’esprit, il établit le rapport nécessaire entre lire et écrire, et entre écrire et vivre une vie en alerte. 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De fer et de verre. La Maison du Peuple de Victor Horta

Pour les Bruxellois branchés du vingt-et-unième siècle, la Maison du Peuple est un bar ouvert sur le Parvis Saint Gilles ; pour les aînés, un édifice du quartier de La Chapelle qu’ils ont peut-être fréquenté, une Maison rouge ; pour les amateurs et les férus d’architecture, un bâtiment public, chef-d’œuvre de l’Art nouveau, né du talent Victor Horta à la demande du Parti Ouvrier Belge à la fin du dix-neuvième siècle et l’exemple type de la brutalité des spéculations immobilières, de la mémoire défaillante des hommes et de l’inconséquente bruxellisation. Pour beaucoup, elle n’est pas même un souvenir. L’intérêt de Nicole Malinconi pour l’histoire de ce bâtiment inauguré en 1899 en présence de Jean Jaurès et détruit en 1965 s’éveille lors de l’écriture de textes brefs sur les choses démolies ou en cours de démolition à Bruxelles. Elle qui, depuis Hôpital silence , écrit au risque de et contre la perte est touchée par ce destin. Plus elle approfondissait sa connaissance de la Maison, plus son écriture s’ouvrait, accueillait. Advenait. Et elle d’en écrire l’histoire presque comme si c’était celle d’une personne («  on peut dire qu’elle en avait vu des choses et connu des hommes  »). De l’inscrire dans l’histoire de la Belgique, du mouvement socialiste belge, de ses trahisons aux ouvriers, des deux guerres mondiales, des grèves de soixante… À lire aussi : un extrait de  De fer et de verre La vie de la Maison du Peuple commence vingt ans avant sa conception, sur un constat : les plus pauvres sont floués sur la qualité du pain, d’autres s’enrichissent à leurs dépens. Pour y remédier, une coopérative est fondée, très vite devenue prospère. Pour continuer ces activités boulangères et d’autres, une Maison du Peuple est créée dans l’ancienne synagogue de la rue de Bavière. Le succès est vif ; les projets de coopératives se multiplient, le café déborde de monde. Il faut un édifice plus grand encore. Le Parti Ouvrier belge se met à rêver d’un bâtiment à la grandeur des besoins du peuple, qu’il s’agisse des nécessités alimentaires, vestimentaires, intellectuelles – l’instruction et la culture font partie des préoccupations du Parti. Il achète un terrain exigu, irrégulier, en pente dans la rue Stevens et demande à Victor Horta, architecte dont la vision moderne des matériaux est déjà réputée, de dessiner cette maison grandiose. Celui-ci l’imagine tel un « palais ». Un palais pour la classe ouvrière qui respectera l’organisation des coopératives. Un palais de quatre étages avec ateliers, bureaux, café, magasins, salle d’assemblées politiques, culturelles et festives. S’y tiendront les grands débats de société (l’affaire Dreyfus, le suffrage universel…), les grands combats socialistes, politiques, pacifistes… Nicole Malinconi raconte ces événements historiques avec la même sensibilité que les plus petites choses, comme ces femmes qui, lors la première guerre mondiale, transformaient les sacs de farine en taies d’oreiller, serviettes… ou brodaient des remerciements aux villes américaines bienfaitrices. Lorsque son récit aborde les abymes de la seconde guerre mondiale, elle s’éloigne pas à pas de la rue Stevens et nous emmène dans le proche et populaire quartier des Marolles, terre d’accueil et d’exil des Juifs de l’Est…Avec De fer et de verre , Nicole Malinconi ajoute une dimension historique à son écriture (déjà ébauchée dans Un grand amour ). Elle reste, cependant, au plus près du réel, fidèle aux «  mots les plus simples, les mots de tout le monde  » [1] . Si elle s’est nourrie d’entretiens et de lectures, que son récit suit la ligne du temps de l’histoire officielle, elle a écrit ce livre, tout autant que ses prédécesseurs, dans la nuit blanche du savoir. Du manque, du vide, des mots ont surgi. Des mots qui ravivent l’humanité souvent absente des essais historiques. Alors, nous, lecteur, lectrice, assistons à la création de la Maison du Peuple par Victor Horta. Souffrons des blessures qui lui sont infligées chaque fois qu’elle est transformée sans même demander son avis. Nous vivons dans ses murs, regardons par ses fenêtres. Notre présent est historique. Sans dialogue aucun ni reconstitution romanesque, nous entendons parler le peuple, le voyons vivre. Ressentons ce qu’ont vécu ces êtres de chair, de sentiments, d’opinions ; cette Maison de fer et de verre détruite sans l’once d’un état d’âme malgré la résistance d’une partie de l’opinion belge et internationale. Nous sommes blessé.e.s de sa mise au rebut, de ses restes rouillés, volés, revendus. Quelques vestiges ont pu être sauvés et restaurés. Ils garnissent la station de métro Horta à Bruxelles, le Grand Café Horta d’Anvers. Piètre dédommagement… Par bonheur, le livre de Nicole Malinconi pourra désormais servir de mémoire vive à cette histoire là. Magnifique consolation. Michel Zumkir   [1] Pierre PIRET , Introduction à Que dire de l’écriture ? de Nicole Malinconi , Lansman, 2014.…