Le deuxième volume de cette biographie retrace la vie de Victor Hugo de 1844 à 1870 – de l’année qui suit la mort de Léopoldine au retour d’exil. Années cruciales, années prodigieuses où l’on voit Victor Hugo sculpter ce monument verbal dans lequel, si le mensonge parfois se manifeste, c’est pour servir la vérité. En 1869, Victor Hugo écrit au poète anglais Swinburne : « Et moi-même, c’est de l’aristocratie que j’ai monté à la démocratie, c’est de la pairie que je suis arrivé à la république, comme on va d’un fleuve à l’océan ». Hubert Juin décrit cette métamorphose en évoquant notamment les débats à la Chambre qui paraissent, aujourd’hui encore, d’une singulière actualité. Lorsqu’après le coup d’État du 2 décembre, Hugo s’embarque pour l’exil, il ne sait pas qu’il a rendez-vous avec les vivants et les morts. Depuis Guernesey il observe attentivement les événements de son siècle et devient bientôt l’ultime recours des exilés, de toutes les victimes de la violence de l’histoire : « Toutes les souffrances s’adressent à moi ». Mais il demeure aussi à l’écoute de l’invisible, fait tourner les tables, note tout ce que dit la bouche d’ombre. Cependant, dans le creuset même de la tourmente politique, des drames familiaux et des amours d’une heure, l’œuvre grandiose s’élabore. Hugo devient Hugo.
Auteur de Victor Hugo, tome 2 : 1844-1870
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…