Vertige !

RÉSUMÉ
Un auteur découvre l’Africamuseum de Tervueren pour sa réouverture après cinq années de rénovation marquées par des polémiques sur la décolonisation. La visite guidée le plonge dans son histoire personnelle (ses racines africaines, les secrets et non-dits familiaux) et dans l’histoire de la Belgique. Une aventure sur les identités individuelle et collective entremêlée de culture et de suspense.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Remy-Wilkin

Auteur de Vertige !

J’ai été conçu en Afrique, suis né à Bruxelles mais ai passé toute ma jeunesse dans le Tournaisis. Je tente d’y lire une prédisposition pour ce qui m’a toujours animé, soit un grand écart entre passion du grand large et souci des racines, de l’intime. Ce qui me mènera à animer des feuilletons sur l’histoire du cinéma ou sur l’édition belge ; à écrire sur Colomb et Gilgamesh, mais sur Bruxelles et Tournai aussi. J’ai rejoint ma ville natale pour des études à l’ULB (philologie), m’y suis marié (1986, un fils né en 1991) et fixé, remisant licence/agrégation pour organiser ma vie autour de la création, y juxtaposant deux autres vies, un boulot administratif en soirée, une activité intense de médiateur culturel (articles ou dossiers dans Le Carnet et les Instants, Les Belles Phrases, Karoo/Indications, etc. ; chroniques mensuelles sur Radio Air-Libre). Ma passion de l’écriture, je la décline sous toutes ses formes, avec, en filigrane, deux invariants : l’Histoire et le goût du récit palpitant. Des scénarios, des nouvelles, des études historiques, des recueils de récits authentiques, des contes illustrés, des romans, des articles. Publiés à Paris, Bruxelles, Genève, Milan, etc. Le tout sans préjugé, passant d’une grande maison (Phébus, Bayard, etc.) à une petite structure indépendante, et inversement, au gré des adéquations. Signe distinctif : je tente d’élaborer un cycle romanesque conjuguant une littérarité européenne avec la capacité narrative anglo-saxonne… tout en donnant des couleurs à une identité belge ouverte.  
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le récit Vertige ! est bâti à l’image du tableau Vertige, l’escalier magique de Spilliaert, qui figure en couverture. Avec brio, entre impossible anamnèse et démon de la logique, Philippe Remy-Wilkin campe une fiction aussi entêtante qu’un breuvage. Sur fond d’un questionnement sur le règne de Léopold II, sur les coulisses sanglantes de la colonisation du Congo, une machine infernale (au sens de Cocteau) se met en place : à l’occasion d’une mystérieuse invitation à se rendre au Musée de Tervueren, le narrateur se retrouve embarqué dans une tectonique des plaques touchant l’Histoire et son histoire familiale. Rythmée par la voix posthume de la mère, l’architecture du récit adopte un mouvement tout en spirale. Comment lever la chape de plomb…


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Raconte-moi les pluies

La jeune Charlotte Janin débarque d’un bus sur la Plaza Mayor d’une petite ville mexicaine: «  Oasis formée de cubes miniatures et colorés, qui grimpaient sur les collines entourant le centre-ville  », Dolores «  portait bien son nom : ‘Douleurs’, petite ville asséchée suppliant dans la souffrance la pluie boudeuse  ». La pénurie d’eau est totale : «  121 jours de sècheresse. La municipalité ordonne des mesures de rationnement  », lit-on dans le journal.Charlotte vient enseigner à l’Institut français avec l’intention de s’éloigner d’une famille ardennaise d’un catholicisme rigide. Alexandre Cracosky, le directeur de l’Institut, est cultivé, ambitieux et exalté : quadragénaire passionné de sciences politiques, il professe des idées critiques sur l’ordre financier mondial et projette de devenir ambassadeur. Charlotte lui plaît. Il lui fait découvrir des curiosités locales, morbides, atroces même : un musée de momies, un combat clandestin entre deux chiens féroces. Il l’emmène sur la Colline des Loups visiter la maison de sa mystérieuse amie Gabriela.La belle Charlotte cède aux avances d’Alexandre qui écrit néanmoins des lettres enflammées à Gabriela. Mais la sècheresse vide la ville de ses touristes et bientôt de ses habitants. L’atmosphère se fait inquiétante. L’étrange prêtresse Madaé attire la foule en promettant de guérir tous les maux.Les élèves et les enseignants désertent peu à peu les cours. Alexandre part pour Paris, soi-disant pour solliciter du renfort et des budgets, mais en réalité pour se venger d’un complot dont il s’estime victime et dont il accuse notamment Charlotte. Sombrant dans une folie meurtrière, il est interné en France. Seule, sans ressources, sans eau, la jeune femme est sauvée in extremis de la folie et la mort, après un envol d’oiseaux inespéré qui précède de peu les premières gouttes.Dans Raconte-moi les pluies , Dolores est un corps social qui meurt de soif. La nature cruelle fait s’y déliter les destins humains, sans souci de leurs amours, de leurs souffrances et de leurs vies. La romancière belge d’origine mexicaine Maria de los Angeles Prieto Marin s’inspire avec subtilité du réalisme magique sud-américain pour conter une fable aux accents d’apocalypse silencieuse où la ville et ses habitants manquent de s’abimer dans la sècheresse de la terre. René Begon Partagez : Tweet E-mail Imprimer Articles similaires « La pluie est plurielle, dit-il. Il y en a d'infimes, si timides, qu'on se demande s'il pleut. Non, impossible, le soleil brille. Il y a des pluies sales, qui laissent des traces sur le pare-brise. Il y a aussi des pluies fatiguées, mais plus loin, un arc-en-ciel s'est formé, des lignes de couleur diffuses qui leur donnent la permission de s'arrêter et de prendre du repos. Il y a aussi les pluies de mars, les giboulées, brèves et sauvages. Cette pluie devient parfois de la grêle, comme si l'hiver s'accrochait à la terre, pour y rester. Les gouttes sont acérées et nous font mal. Les tempêtes en hiver tiennent dans la durée. Les oiseaux et les hommes se cachent, le vent frappe aux fenêtres, fait tomber les dernières feuilles jaunes et voler les tuiles des maisons. Des imprudents marchent dans la rue, les vêtements dégoulinent d'une pluie féroce. C'est un rideau de fer qui se referme, qui te coupe du monde tout autour. Une punition pour avoir vécu l'été et avoir oublié la saison froide. Je me souviens de cette pluie. Elle échappe aux parapluies, car les vents les retournent et mouillent les vêtements » C'est ainsi qu'Alexandre me raconte la pluie. Elle me manque. Ici, dans cette petite ville mexicaine, il y a une pénurie d'eau sans précédents. Des oiseaux meurent un peu partout et il n'y a pas une goutte d'eau aux robinets depuis des mois. Peu à peu, tout le monde s'en va : mes collègues de l'Institut français, mes amis et voisins. Les commerces ferment. Je me sens de plus en plus seule car même Alexandre, l'homme de qui je suis tombée amoureuse, s'éloigne de moi. Qui est Gabriela, cette femme qu'il admire tant ? Je dois le découvrir.…

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