« Tu es là ». sont des variations sur les cinq sens, les quatre éléments de base, la nature. Elles chantent la joie de vivre et d’aimer.
Auteur de « Tu es là »…
C’est durant la nuit que la poésie s’éveille ! Celle des amants, des enfants dont les « pattes nues » effleurent, tel un pinson apeuré, « le carrelage en damier », celle aussi des silences angoissés, des spectres, des attentes et des promesses que l’on ne tiendra peut-être pas. Attendant l’aube, la nuit se plaît à décliner les ombres solitaires que suggère le titre en forme de mot-valise. « Solombre », l’ombre au sol projetée, nocturne, la cache sombre du soleil noir, ou encore la nuit-ombrelle protégeant des strates de l’astre qui, on le sait, redeviendra carmin dès les premiers rayons du jour. « Solombre », mot d’exergue extrait des Hommages et profanations d’Octavio Paz et que Florence Noël fait sien pour enclencher l’écriture. Mais c’est aussi dans la nuit que l’écriture scelle les serments, les longues histoires, toujours les mêmes, que l’on raconte aux enfants pour les rassurer, leur permettre de plonger dans la nuit des songes consolateurs. Comme pour les soustraire aux cauchemars qu’aiguise la nuit intraitable qui se terre derrière les tentures et que les contes balaieront « d’une aile ». ce que la lumière acquitte à l’ombrequand le jour s’aplatitsous le grand rideau noiret que la scène jouit un instantimmense de ce troublefroidoù dansent l’amour et la souffranceliés dans leur impermanencecontrairenul ne le sait sinon toitrahi par tes mains repriséesde tant de baisers pour si peude consolation Comme chez le poète mexicain, tout est affaire ici de contrastes. De tension entre « [c]es nuits nubiles » et les autres, vierges, adolescentes, enfantines. Ainsi, la seconde partie du recueil, Fourbure , qui présente une autre face, l’avers du cycle de la vie et de la mort, toujours recommencé, immuable, dans l’opposition banale des évidences, finir n’est-ce donc qu’un cycle ?mourir à la lumièrenaître à ces brumes mouvantesà l’arrière des grands saulesta nuque bercée par leurs bras ballants ? Passant des ténèbres froides aux lumières ardentes, la poésie de Florence Noël est en quelque sorte climatique. « Sous une floraison de flaques », sous les frondaisons ou les gels, seule l’écriture traverse les saisons. Elle est seule capable, au fond, de rendre compte de la fulgurance du soleil sous le nuage ou d’une « cédille sous le ça ». Rony Demaeseneer…