De notre plus tendre enfance nous reste le souvenir d’un petit album carré, publié chez Dupuis et signé Gunilde Wolde, une illustratrice suédoise. On y suivait Titou, garçonnet désordonné qui, à mesure qu’il cherchait son ours dans l’amas de jouets de sa chambre, finissait par retrouver son éléphant bleu, son ballon et ses crayons de couleur, avant d’enfin mettre la main sur la très convoitée peluche. Façon à peine déguisée (et un peu moralisatrice) de dire « Sois méticuleux, mon bonhomme, et plus jamais tu n’égareras tes trésors ».On ne sait guère si Noémie Favart a eu la même jeunesse que la nôtre, où voir brandi ce petit livre (ou son équivalent) nous incitait à faire place un peu plus nette dans notre cocon. Toujours…
Lily quitte l'étoile ronde sur laquelle elle vit depuis toujours et part…
Une plume qui vole, un Cot Cot qui résonne, des empreinte autour de la roulotte... Mais qui s'est invité…
Un jour, Monsieur Picaillon, l’homme le plus riche de la ville, perdit la clé de son coffre. Ce même jour, Basile-le-fil, l’homme le plus pauvre de la ville, découvrit une chaîne avec une clé au bout... A partir de ce jour-là, leur vie à tous les deux va complètement changer: pour Mr Picaillon,sans clé, plus moyen d’ouvrir le coffre pour avoir de l’argent. Mais pour Basile, qui n’aime qu’entendre Lire la suite Monsieur Picaillon a tout et Basile-le-fil n’a rien. C’est aussi simple que cela et l’histoire joue sur ce binarisme avoir tout / ne rien avoir ; être tout / n’être rien. Dans un univers gris où l’opulence et le manque se ressemblent soit par amas de possessions soit par amas de rebuts, la bascule entre les deux personnages tient à une clef. Une clef d’or ! Comme dans les contes merveilleux, la clef est celle du trésor sous la forme peu poétique d’un coffre-fort. Evidemment, la clef perdue par l’un est retrouvée par l’autre. Le riche appauvri et le pauvre enrichi se retrouvent sur un banc. Monsieur Picaillon récupère sa clef et Basile-le-fil la rend avec soulagement. Dans un livre à l’histoire convenue, le dénouement apporte une originalité. Contrairement à la majorité des contes, il n’y a pas de fin heureuse et les chemins des deux protagonistes se séparent sans modification aucune des comportements ni de l’un ni de l’autre. Basile-le-fil poursuit son chemin, heureux sous son parapluie et Monsieur Picaillon conserve et protège sa maison. En dépit de signe d’adieu empathique de Monsieur Picaillon, seuls les animaux, chat et chien, semblent regretter leur éloignement. Les personnages de la fable, le capitaliste à redingote et haut de forme, le pauvre avec son allure de randonneur scout semblent caricaturaux. La morale quant à elle traduit un état de fait « hélas, tout le monde sait que ceux qui ont tout regardent rarement ceux qui n’ont rien ». Cet album manque d’élan pour engager les enfants à réfléchir et chacun engagé dans sa voie y reste puisque même le hasard n’amène pas de modification. Le message véhiculé contredit les intentions de l’auteure. Danielle Bertrand…