Tacts. Remanier la psychanalyse avec les féministes et les queers

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Fabrice BOURLEZ, Tacts. Remanier la psychanalyse avec les féministes et les queers, PUF, coll. « Perspectives critiques », 2025, 435 p., 24 € / ePub 19,99 €, ISBN : 9782130869559En France, les mois qui ont précédé l’adoption du mariage pour tou·tes (2013) ont été particulièrement pénibles à vivre. Le plus offensant, insultant, blessant à subir a été pour certain·es de se voir définir par des psychanalyses gonflé·es d’a priori, à qui l’on offrait micros et tribunes à tout va. Iels avaient décidé d’interdire. Rien de ce qui était ânonné ne correspondait à ce que nous sommes et vivons, nous, les queers. À chaque fois, c’était un coup de marteau asséné directement au cœur par celleux qui, au contraire, auraient dû mieux nous comprendre…


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Tacts. Remanier la psychanalyse avec les féministes et les queers

Fabrice BOURLEZ , Tacts. Remanier la psychanalyse avec les féministes et les queers , PUF, coll. « Perspectives critiques », 2025, 435 p., 24 € / ePub 19,99 € , ISBN : 9782130869559 En France, les mois qui ont précédé l’adoption du mariage pour tou·tes (2013) ont été particulièrement pénibles à vivre. Le plus offensant, insultant, blessant à subir a été pour certain·es de se voir définir par des psychanalyses gonflé·es d’a priori, à qui l’on offrait micros et tribunes à tout va. Iels avaient décidé d’interdire. Rien de ce qui était ânonné ne correspondait à ce que nous sommes et vivons, nous, les queers. À chaque fois, c’était un coup de marteau asséné directement au cœur par celleux qui, au contraire, auraient dû mieux nous comprendre s’iels avaient réellement entendu ce qui se disait sur leur divan. Il y a quelques semaines, j’assistais au mariage d’un couple d’ami.es de longue date. Le matin de la cérémonie, avant l’arrivée des invité·es, je prenais un café au soleil dans le jardin, en lisant Tacts , l’essai de Fabrice Bourlez . Avec sa couverture rose flashy, le livre a attiré l’attention d’une jeune femme d’une trentaine d’années, je pense. Elle me demande ce que je lis ; je lui tends l’ouvrage. Elle accroche au titre, lit les premières phrases de la quatrième de couverture : La psychanalyse est dans la tourmente. Concurrencée par des thérapies de toutes sortes, critiquées par les militant·es qui lui reprochent des erreurs flagrantes en matière de genre et de sexualité, elle doit aujourd’hui être remaniée de fond en comble.  Elle s’interrompt, me demande si elle peut photographier la couverture, puis commence à me raconter : depuis toute petite, on la confondait avec un garçon ; adolescente, on l’appelait garçon manqué  ; et récemment, lors d’un festival, elle a été éjectée des toilettes réservées aux femmes. Et – surtout – elle ajoute que sa psy n’avait pas entendu ces souffrances-là.  Pire encore : celle-ci lui raconte qu’un jour on l’a appelé Monsieur, et que cela l’a amusée. Que dire à ce manque de tact . Ce manque d’ouverture à la faille de l’analysante. De ne pas être touchée à ce point-là.L’essai de Fabrice Bourlez se nourrit de ce type de récits, de son expérience personnelle et professionnelle (il n’hésite pas à dire je ), d’un grand nombre de lectures tant psychanalytiques que philosophiques. Au vu de la situation actuelle qui semble ne faire qu’empirer, on comprend bien que cet ouvrage est indispensable – comme d’ailleurs nombre de ceux publiés par Laurent de Sutter dans la collection « Perspectives critiques » aux Presses universitaires de France – pour comprendre la société dans laquelle nous vivons, mais également, et surtout, pour trouver de nouvelles voies de pensées. De transformation. Celle que propose Fabrice Bourlez consiste à allouer une place centrale au tact (à la tact ique, au con tact ) dans la cure psychanalytique, mais aussi dans les prises de paroles publiques (politiques) des psychanalystes. Il écrit tacts au pluriel, et les décline en mode mineur à la fois pour échapper au dogme, à la Loi conservatrice, à l’unité, à l’universalisme discriminant. Il ouvre ainsi la possibilité à la psychanalyse de se multiplier, se différencier, se réinventer en fonction des instants, des situations, des expériences, des subjectivités contemporaines et de leurs désirs – d’échapper à la dualité des sexes et des genres.Les tacts sont, pour l’essayiste, «  à la lettre, un tour, voire un détour, par les mots  » ; ils s’essaient à «  faire entendre la vulnérabilité aussi bien que de la parole que du sujet qui l’énonce  ». Avec une écriture nuancée qui aime à filer la métaphore, à l’aide de son expérience de psychanalyste, des approches queers et féministes, de lectures philosophiques déconstructivistes, il cherche à en établir la généalogie depuis ses premières apparitions chez Freud, puis chez Ferenczi, Lacan, Derrida, Nancy… mais aussi – et on ne peut que l’en remercier, même s’il prend beaucoup de précautions, plus qu’avec les autres – chez la psychanalyste féministe belge Luce Irigaray, dont les travaux sont paradoxalement plus réputés à l’étranger que chez nous.Ce n’est pas le lieu ici pour commenter en détail le développement de sa lecture et de sa pensée, mais il est essentiel de préciser qu’il ne cesse de remettre sur le métier la technique de la cure non pour la condamner – comme a pu le faire stérilement, par exemple, Didier Eribon – mais pour lui permettre de se (re)vivifier, s’ouvrir aux sensibilités contemporaines, accéder à un discours réellement transformateur afin qu’elle puisse continuer son rôle salvateur, même si, comme il le rappelle, la psychanalyse ne guérit pas. Qu’on ne guérit jamais totalement de ses blessures psychiques.Si le livre est aussi jouissif à lire pour quelqu’un qui n’appartient pas au champ psychanalytique, c’est parce qu’il propose des façons de recevoir la singularité des autres, de «  vivre nos proximités et […] se rassembler malgré nos distances  », d’accepter «  l’inévitable expérience de la différence de soi à soi  », l’indépassable différenciation qui nous approche et nous éloigne des autres, quels que soient nos sexes et nos…

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