Claude Miseur est originaire de Bruxelles où il suit des études classiques. Sensibilisé très tôt à la poésie grâce à une mère flamande et francophile. Encore adolescent, ses premiers textes retinrent l’attention de Jacques Antoine, Jane Tony, Pierre Seghers et Jean Dumortier. Outre sa passion pour les mots, il fut également actif auprès de diverses associations littéraires, au service de la cause des écrivain(e)s.
Claude Miseur est décédé en avril 2021.
Dédié à Rio di Maria, avant-proposé par Éric Allard, publié par L’arbre à paroles avec l’aide du Fonds national de la Littérature, Sur les rives du Même de Claude Miseur, actif auprès de diverses associations littéraires, au service de la cause des écrivain(e)s, a des allures de lettres nationales. Illustrées de six peintures sculptées par Ferderim Lipczynski, l’ouvrage touche à la sobriété et à la gravité. Le premier poème, parlant bas / de peur d’éveiller / la perte et le manque, prévient et prépare le lecteur.Rapidement une personne, une âme, circule fantômatiquement entre les lignes et oscille dans les pages du recueil : quel faux-pas / provoquer / pour te rendre / mémoire /…
Dans ce recueil de poésie de Claude MISEUR, l'auteur s'appuie en citation sur R.M. Rilke :
« Point ne sont les couleurs connues,
point n'est l'amour appris
et ce qui, dans la mort,
nous tient au loin
n'est pas dévoilé. »
Miseur choisit ses mots comme un orfèvre ferait le choix des pierres pour la confection d'une parure. Il épure les mots qu'il transforme avec application à la finalité de sa pensée. Tels les cristaux tirés de la Terre sont appelés habituellement « pierres brutes », il est approprié de dire que les mots sont « ternes » sans un voisinage élu avec soin pour la fondation du poème.
Il faut du talent, un savoir-faire approprié pour choisir les mots, les accoler à d'autres tous aussi précieux. Donner cet éclat au poème, la parure. Cette économie de mots, Claude Miseur le veut, quitte à contenir l'impatience, y revenir s'il faut. Nos questionnements méritent cette réflexion, cette lenteur à dire, à maîtriser pour ne pas surcharger, céder à l'ornementation et ainsi asphyxier le poème.
C'est de la toute belle poésie qui nous est donnée à lire, une révélation dirais-je, tant les mots touchent et font cible.
Philippe G. Brahy
Extraits :
J'irais de nuit
sous une lune sale
étendre le linge
à blanchir
¶
Dans cette chambre
au bord des pluies
j'ai peur du noir
le long de l'heure
indifférente
¶
Ne te trouble pas
si l'eau sombre
dans ton reflet
Claude Miseur
25 octobre 2020
Sur les rives du Même – Claude MISEUR – poèmes, l’Arbre à paroles 2020,
108 pages. Illustrations: Ferderim Lipczynski
Le titre lui-même implique très clairement, si pas une unité, une totalité réalisées, du moins une volonté, une tension très forte pour y arriver. En effet, la totalité, l’identité absolues définitivement atteintes, ne sont-elles pas une utopie, une fausse identité, et même, à la limite, un totalitarisme? Les règles mêmes de la philosophie, et de la politique qui en découle, selon les anciens, ne vont-elles pas dans ce sens: une tension perpétuelle, un équilibre entre les contraires…et les contraintes?
En ce beau recueil de Claude Miseur, le thème essentiel, me semble-t-il, est bien celui-là, et il se traduit par des images qui sont celles d’un affrontement entre les éléments, l’eau et la terre, le sable et l’écume des vagues, et ce territoire qui est sans doute le plus profondément humain: l’estran, recouvert et découvert par l’avance ou le retrait de la marée. Et les illustrations abondent dans le même sens. C’est d’ailleurs le thème dominant du beau livre Polders, de Gaston Compère.
Comme nous invite à la reconnaître la belle citation de Rainer Maria Rilke mise en exergue:
« Point ne sont les couleurs connues, point n’est l’amour appris et ce qui, dans la mort, nous tient au loin n’est pas dévoilé. »
Cette lutte mille fois reprise, sur l’estran, est donc bien l’image et l’usage de notre destinée, de nos avancées et de nos reculs. Ecoutons à présent notre poète (p.22):
Pose ton regard
sur ce peu de silence
plus vieux que nous
d’avant le jour
avant l’exil
où tout sera peine
douleur essentielle
inespérée
le lien se tord et précise la cassure
Nommer ce silence
et la tragédie n’est plus
Le Même n’implique donc pas un dévoilement absolu, mais bien une lutte, incessante, et sans cesse recommencée, comme le mouvement même des marées.
Les références à des spectacles de lutte, de travail, de gésine même, est là, dans une instante présence (p.31):
Tout un monde reflété
au creux de l’ornière
que balafre la boue
des chantiers du vivre
Et la citation de José Angel Valente, en tête de la seconde partie, accentue encore cette instance:
« Maison, lieu, demeure:
ainsi commence l’obscure narration des temps,
pour que quelque chose puisse durer,
fulgurer, être présence. »
Ici, l’indétermination, la fulguration, commune à l’origine de toutes les mythologies, toutes les religions, sont la source même de cette énergie qui seule permet la continuité du monde.
Et le poète précise, avec une remarquable concision, cette confrontation des éléments, des contraires (p.45):
Ce feu
n’est cri
que d’un silence
une étincelle
éprise
de froid
Cette identité, cette succession des contraires, c’était déjà l’un des thèmes favoris des premiers philosophes grecs, et surtout d’Héraclite.
Et, à la page 59, Claude Miseur inscrit la poésie elle-même au nombre de ces éléments, en un tableau digne des commencements du monde:
N’être plus
que caresse
dévêtue dans la marge
du petit cahier de la mémoire
un poème s’éloigne
et blanchit
sous les sables
d’un port disparu
L’appel à une renaissance, p. 90, sera aussi celui d’un apaisement, d’un tableau plus intimiste, d’une coïncidence du macrocosme au microcosme, une sorte de paysage réconcilié:
Puissions-nous
ne pas tarder
à renaître
ne soyons pas
les fossoyeurs
d’un monde
inattendu.
Cet appel à une renaissance, à une intimité renouée avec le monde, la victoire sur le chaos, est certainement, aujourd’hui, plus actuel qu’il ne le fut jamais.
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Claude Miseur
25 octobre 2020
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« Point ne sont les couleurs connues,
point n'est l'amour appris
et ce qui, dans la mort,
nous tient au loin
n'est pas dévoilé. »
Miseur choisit ses mots comme un orfèvre ferait le choix des pierres pour la confection d'une parure. Il épure les mots qu'il transforme avec application à la finalité de sa pensée. Tels les cristaux tirés de la Terre sont appelés habituellement « pierres brutes », il est approprié de dire que les mots sont « ternes » sans un voisinage élu avec soin pour la fondation du poème.
Il faut du talent, un savoir-faire approprié pour choisir les mots, les accoler à d'autres tous aussi précieux. Donner cet éclat au poème, la parure. Cette économie de mots, Claude Miseur le veut, quitte à contenir l'impatience, y revenir s'il faut. Nos questionnements méritent cette réflexion, cette lenteur à dire, à maîtriser pour ne pas surcharger, céder à l'ornementation et ainsi asphyxier le poème.
C'est de la toute belle poésie qui nous est donnée à lire, une révélation dirais-je, tant les mots touchent et font cible.
Philippe G. Brahy
Extraits :
J'irais de nuit
sous une lune sale
étendre le linge
à blanchir
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Dans cette chambre
au bord des pluies
j'ai peur du noir
le long de l'heure
indifférente
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Ne te trouble pas
si l'eau sombre
dans ton reflet