Le premier visiteur que l’on vit arriver, cependant, fut un lion, aucunement ailé. Je ne savais si c’était mon âne ou moi, qu’il désirait manger. Mais je pris les devants et me proposai, trop content d’avoir enfin trouvé, dans ce désert, l’arène d’un martyre à ma mesure. Alors je revis les yeux d’or, et sous leur charme retombai. Mais tout à coup je m’avisai que l’une des pattes du seigneur était ensanglantée. Et pas du sang d’une proie, c’était le sien qui coulait là, car il était trop noir pour n’être pas royal. D’autres avaient baisé les pieds du Christ, moi je me baisserais sur la patte d’un lion, et en retirerais l’épine qui le mettait à la torture ; c’était à cause d’elle, j’en étais convaincu, et non par malveillance qu’il rugissait si fort : Saint Paul ne dit-il pas qu’une écharde en la chair écorche jusqu’au cœur ?
Auteur de Les petits dieux : Saint Jérôme et le lion
Sandrine Willems est née à Bruxelles en 1968. Ayant commencé très jeune un parcours de comédienne, elle entreprend ensuite des études de philosophie, qui s’achèvent par une thèse de doctorat sur Georges Bataille. Une licence d’études théâtrales à Strasbourg la ramène alors au théâtre par la mise en scène. Elle réalise ensuite, pour le cinéma et la télévision, plusieurs courts et moyens métrages, ainsi que des documentaires musicaux. Enfin, l’écriture de scénarios l’ayant conduite à la littérature, c’est à celle-ci qu’elle se consacre depuis quelques années.
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