Philippe Beck est poète et philosophe et sa pratique de la poésie est inséparable d’une réflexion sur la place de l’écriture dans la vie de la langue et dans la société en général. Son travail poétique donne une place essentielle au vers, qu’il est un des rares à considérer comme élément clé de la poésie d’aujourd’hui. Nourrie d’une grande érudition et d’un sens très aigu de la responsabilité sociale du poète, l’écriture de Philippe Beck s’interroge sur la possibilité de refaire poétiquement la langue et, partant, la vie.
Ce volume retranscrit un entretien entre Philippe Beck et Jan Baetens qui s’est tenu à Bruxelles dans le cadre des conférences des Midis de la poésie.
Auteur de Réinventer le vers : Philippe Beck en conversation avec Jan Baetens
La collection d’essais des Midis de la poésie propose un dialogue intense et serré entre deux poètes, deux philosophes, deux chercheurs. Jan Baetens interroge Philippe Beck et, à travers leurs échanges, se déploie une réflexion sur la poésie d’aujourd’hui, sur sa place dans la vie de la langue et sa position dans la société.Lire aussi : « Portes et livres ouverts : Midis de la poésie » (C.I. n° 198)Philippe Beck propose un portrait du poète en ostéopathe. Le travail du poète fait en effet craquer les articulations de la langue ; il les déplace pour en faire entendre les possibles. Il réfute ainsi l’idée que le poème invente une autre langue.Cette notion d’articulation, centrale dans sa pensée, le conduit…
Jan BAETENS , Un monde à collectionner , Herbe qui tremble, coll. « D’autre part »,…
Le Voyage au bout de la nuit de Céline : roman de la subversion et subversion du roman
À propos du livre À travers les différents niveaux de sens que le texte romanesque du Voyage au bout de la nuit superpose, cet ouvrage serre de près le processus d'instauration du langage célinien, de la surface des mots à la totalité de la création. Transposant la rhétorique de l'argot en un formidable discours subversif, ce langage fonde l'identité symbolique de Bardamu, le héros-narrateur, mais aussi celle de Céline dans cette Nuit de l'écriture où, entre vécu et imaginaire, durée et Histoire, désir et néant, l'écrivain triomphe des discours sociaux de son temps par l'affirmation souveraine d'un style. Mythe romanesque du voyageur de la Nuit, hallucinant de vérité désespérée et de révolte ; mythe littéraire de l'écrivainargotier dont le propos embrasse dans sa revanche verbale toute la honte, toute la souffrance du Mal contemporain : deux niveaux de cette «écriture de la parole» qui entretiennent un subtil trompe-l'oeil entre le sens et la représentation. C'est dans ce travail que résident la modernité de Céline, son art réel d'écrivain comme sa compromission authentique de sujet face à la société et à l'Histoire. Cette étude est le fruit d'une technique magistrale et…
À l’occasion du premier anniversaire du décès de Jacques De Decker , de nombreux écrivains, artistes, collègues ou proches livrent un puissant hommage à « l’incurable rêveur de lumière » qu’il était. Composé à l’initiative de sa compagne Claudia Ritter , le livre Je vais promener ma truffe se présente comme un « hymne multiforme » où chacune des (180 !) contributions met en lumière une facette de la personnalité de Jacques De Decker. À l’instar de l’insatiable curiosité de l’homme qui ne fut pas seulement le Secrétaire perpétuel de l’Académie de 2002 à 2020 mais aussi et avant tout un remarquable homme de lettres , le présent ouvrage est émaillé de photographies d’objets, d’œuvres, de lieux et de livres symbolisant sa philosophie généreuse, insolite et amoureuse.Invitant à l’émerveillement, cette balade dans l’univers singulier de Jacques De Decker traverse les villes qu’il a foulées, plonge dans son œuvre, évoque les écrivains qu’il a contribué à faire connaître au travers d’articles ou au détour d’une conversation. Elle témoigne aussi de moments où il était tout simplement présent – où nous l’apercevions, comme l’écrit Rilke, « entier, découpé dans le ciel. »La tonalité des contributions est tantôt mélancolique, tantôt joyeuse, tantôt pudique ; elles adressent à Jacques De Decker un salut fraternel autant qu’elles brossent le portrait d’un monument de nos Lettres belges. Puisqu’il maîtrisait parfaitement les trois langues nationales, ce livre est plurilingue et s’enrichit par ailleurs de contributions en anglais, en italien ou en catalan, témoignant de l’amour que Jacques De Decker portait à la langue et à l’autre. Puisqu’il maîtrisait divers genres littéraires, ce livre est protéiforme : anecdotes, poésie, dialogues, œuvres plastiques et musicales vibrent à l’unisson pour célébrer cet « homme-orchestre ».À la lecture de ce livre-hommage, l’on comprend que Jacques De Decker n’est pas et ne sera jamais un homme du passé. Doué d’une impressionnante vivacité d’esprit et d’un sens du dialogue exceptionnel, il continue à faire rayonner les Lettres et nous adresse un sourire espiègle avant de reprendre sa balade et d’aller « promener sa truffe ». C’est une certitude : nous continuerons à l’apercevoir…