Récit de la dernière année

RÉSUMÉ
Delphine, cinquante ans, apprend qu’elle a un cancer du poumon avancé et irrémédiable. La mort est conçue comme un scandale qui surgit indûment dans chaque existence. L’auteur accompagne l’héroïne de sa propre colère le long de ce dernier parcours. Le récit d’une agonie, jamais morbide : un cri de passion pour la vie.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Jacqueline Harpman

Autrice de Récit de la dernière année

Les romans de Jacqueline Harpman ne puisent pas tant leurs forces dans les intrigues que dans les relations entre individus. Le trouble d'une passion (haine ou amour) justifie bien une double approche littéraire et psychanalytique. De fait, l'écrivain ne cache jamais la psychologue, au contraire, la première paraît avant tout un prolongement (un trop-plein?) de la seconde. Et plus que de portraits, c'est de «scanners» qu'il faut parler : ce qui se passe dans la tête des gens, tout cela est filtré par le regard de l'auteur. Évidemment, au hasard des histoires, il n'était pas question de proposer des rôles à des personnages quelconques. Tous les acteurs sont excessifs. Exagérés? A peine. Plutôt, bien cernés : certains reviennent hanter plusieurs romans successifs sous des avatars divers. On a là un déballage de sentiments à épisodes où le docteur nous dit tout. Les pulsions, les phantasmes et les cris de coeur ne font pas toujours dans la dentelle, mais ils sont terriblement humains. Née à Bruxelles, Jacqueline Harpman a vécu de 11 à 16 ans à Casablanca. Épouse de Pierre Puttemans depuis trente ans, mère de deux filles, elle habite toujours la capitale belge. Après avoir entrepris des études de médecine, elle les abandonne pour l'écriture à laquelle elle se consacre entièrement de 1959 à 1966. Elle travaille aussi pour le cinéma comme scénariste et dialoguiste : Pitié pour une ombre, de Lucien Deroisy, en 1968 (d'après Thomas Owen). A cette époque, la romancière reprend des études et mène à bien une licence en psychologie et, depuis 1976, elle fait partie de la Société belge de psychanalyse. Établie comme psychanalyste, c'est en 1986 que Jacqueline Harpman retombe dans son «péché mignon» : l'écriture. En 1959, elle se voit décerner le prix Rossel et, cette année, son dernier ouvrage vient d'être couronné par le prix Point de mire remis par la RTBF.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Heureux les amateur(e)s de Jacque­line Harpman. Ils et elles viennent de redécouvrir son premier roman, L’apparition des esprits dans la collection Ancrage dirigée avec dynamisme et intelli­gence par Stéphane Lambert, le même qui a écrit le très sobre Ensemble, Simone et Jean sont entrés dans la rivière ; ils peuvent of­frir, à tous ceux qu’ils aiment la réédition en Espace Nord d’un de ses plus beaux ro­mans, Le bonheur dans le crime, avec une lecture de Marie Blairon qui explicite l’éco­nomie du récit, les rapprochements avec le roman de Barbey d’Aurevilly et les éléments thématiques qui orchestrent la fiction ; mais encore et surtout ils peuvent se réjouir de son nouvel opus, Récit…


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Nathan. Roman pornographique et misogyne pour jeune fille

«  Alors j’ai cogné ; de toutes mes forces. Du bout de ma chaussure, j’ai déplacé sa tête pour voir son visage et le sang  ». C’est l’incipit du premier chapitre de Nathan qui ne compte que sept lignes… Ce meurtre obscur, sans doute accidentel et dont on ne saura rien de plus sinon qu’il est considéré comme raciste, Nathan se l’impute sans aucune certitude à ce propos. Question ironique à se poser : n’est-ce pas somme toute accessoire en regard de son style de vie d’une rare incorrection? Celui d’un jouisseur, sexiste et désinvolte, figure centrale de cet opus effrontément sous-titré « roman pornographique et misogyne pour jeune fille  ». Normal quand on s’avise que l’auteur n’est autre que Xavier Löwenthal, véritable couteau suisse de la subversion créative : auteur, dessinateur, enseignant, théoricien de la BD, fondateur des éditions « La cinquième couche » et féru de détournements (dont ceux, notamment du Maus de Spiegelman ou des Schtroumpfs). 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