Auteur de Portrait
Se méfier des apparences. Signée par un écrivain et un plasticien d’avant-garde, voici une plaquette élégamment éditée qui pourrait aisément passer pour un livre d’artiste, au sens décoratif qu’on attribue souvent à l’expression. C’est pourtant un outil de stratégie politique et esthétique.
L’ouvrage, écrit par Frédéric Baal. illustré par Reinhoud de dessins originaux, s’intitule Portrait : celui d’une femme et d’un homme vieillissants qui. « parmi les masques du Grand Bal carnavalesque », s’avancent « assez déguisés pour n’éprouver nul besoin de se costumer ». Mais à travers eux. c’est notre époque qui est décrite et moquée. Car il y a du moraliste, chez Baal : comme d’un La Bruyère qui aurait lu Proust. Ses personnages apparaissent…
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…