Auteur de Pornographie du contemporain. Made in Heaven de Jeff Koons
L’indignation qu’a suscitée l’installation Made in Heaven en 1991, plus récemment Les Tulipes, les ires et condamnations que soulèvent les œuvres de Jeff Koons dans le monde des critiques d’art (mercantilisme, opportunisme, infantilisme, mauvais goût…), Laurent de Sutter les ausculte, les dissèque au fil de Pornographie du contemporain. Made in Heaven de Jeff Koons, un essai audacieux, décapant, incisif qui part du symptôme Koons pour livrer les attendus d’une esthétique contemporaine. Un mot condense à ses yeux l’anathème dont Koons est victime : celui de kitsch dont il montre que Clement Greenberg en a fait le repoussoir du modernisme. Pour Greenberg, le kitsch est au modernisme ce que l’arrière-garde est à l’avant-garde. Le rejet…
Mort aux vaches ! Récit et portraits. De Brassens à Soulages
Sous un titre qui affiche sa veine anarchiste, le critique d’art Roger Pierre Turine livre ses mémoires, un parcours de vie rythmé par la passion de la liberté, des arts plastiques, de l’amitié. Évocations de souvenirs, de rencontres décisives en amitié, en amour, dans le domaine de l’art, portraits de connaissances, d’artistes, cartographie d’un passionné qui embrassa le sport avec ferveur avant de se tourner vers la chanson et, ensuite, les beaux-arts, Mort aux vaches ! Récit et portraits. De Brassens à Soulages brûle d’un souffle indompté, d’un pari pour tout ce qui intensifie l’existence. Le catalyseur de sa passion pour les arts plastiques porte un nom, une date, un lieu : en 1956, un des professeurs du collège Saint-Michel, le père de Gruben, preste un cours sur Vincent Van Gogh, sur le tableau Portrait de Camille Roulin , ouvrant au futur critique le chaudron magique des beaux-arts. Nul ne vient de nulle part et nos actes les plus beaux bénéficient d’une assise, que nous ne sommes pas seul à maîtriser. Ce maître à penser m’avait, sans s’en rendre compte, inoculé un louable virus. Un de ceux qui vous aident à grandir. Le pont entre les sports et l’art est jeté. De chroniqueur sportif, il devient critique d’art au Vif , à Arts Antiques Auctions , à La Libre Belgique à laquelle il collabore depuis près de quarante ans. Les coups de foudre, les embrasements, les rencontres se succèdent mais ne se ressemblent pas. L’amitié avec Pierre Seghers se noue à l’engouement pour des compositeurs et interprètes publiés par l’éditeur dans la collection « Poésie et chanson » : Georges Brassens, Léo Ferré, Guy Béart. Grand voyageur, c’est au contact de personnalités, d’événements, d’expositions, de créateurs qui le fascinent que Roger Pierre Turine devient un des critiques d’art majeurs de la scène contemporaine. L’œil de Turine privilégie la perception buissonnière, le prisme de la sensation doublé d’une conceptualisation et d’une érudition en acte. Ni le souci méthodologique, ni le poids d’un savoir rognant les ailes ne guident sa manière unique de s’ouvrir aux univers d’artistes connus ou émergents qu’il nous fait découvrir. De la carte de ses rencontres artistiques, je ne citerai qu’une petite poignée de noms : Pierre Soulages, Pierre Alechinsky, Ernest-Pignon Ernest, Éric Fourez, Marie-Jo Lafontaine, Gabriel Belgeonne, Michel Mouffe, Yves Zurstrassen, Camille De Taeye, Vladimir Yankilevski, Antinio Segui, Ndary Lo, Barthélémy Toguo…Cheminant des galeristes aux artistes, aux musiciens, aux écrivains, des commissaires d’exposition aux directeurs de musée, des critiques d’art aux rencontres décisives, Roger Pierre Turine nous dresse un autoportrait traversé par le récit des ateliers de créateurs à la découverte desquels il nous convie.Un fil rouge politique, esthétique, existentiel traverse la vie de Turine et son œuvre de critique d’art : la passion viscérale pour la liberté, le vivre et le voir sans œillères, la connexion intime avec Georges Brassens. Sur son exemple [Georges Brassens] , mon cri de bravoure, de bravache, devint, l’est resté, mes amis le savent : Mort aux vaches, mort aux lois, vive l’anarchie ! Une façon de penser par-devers soi. Une façon de sourire face au néant. Ce qui vaut pour la philosophie de son existence vaut pour son regard de critique. Se libérer des lois d’un voir codifié par nos grilles de lecture, se tenir à l’écart des diktats du marché de l’art, de l’avalement des arts plastiques dans le champ de la spéculation, développer une logique de la sensation avec l’enthousiasme indéfectible d’un défricheur armé de lucidité et d’humour. Un important cahier iconographique accompagne ce récit d’une vie consacrée à l’art. « L’art — fût-il d’un autre —, partagé, aide à vivre. À survivre. Il est beauté. Il est réflexion. Il est engagement. Il est une voie unique. » …
Une revue catholique au tournant du siècle : Durendal 1894-1919
À propos du livre (texte de l'Introduction) Lorsqu'on parcourt une histoire de la littérature belge de langue française, le chapitre consacré à cette époque particulièrement florissante, qui va de 1880 à la première guerre mondiale, frappe par l'éclosion soudaine de revues littéraires qui suivirent l'exemple de la Jeune Belgique. Dans la liste de ces revues plus ou moins éphémères, l'attention est attirée par la longévité surprenante de l'une d'elles, Durendal, revue catholique d'art et de littérature . Ce mensuel catholique parut pendant vingt ans, de 1894 à 1914, alors que la Jeune Belgique ne sortit de presse que durant seize années et que la Wallonie disparut au bout de sept ans. Quelle recette a donc permis à Durendal de garder si long-temps ses lecteurs? Et une seconde question vient à l'esprit : à quoi pouvait bien s'intéresser une revue littéraire catholique à un moment où la littérature catholique semble inexistante? Qui a fondé Durendal ? Quels étaient ses objectifs? Autant de questions sur lesquelles bien peu de critiques ou d'historiens littéraires se sont penchés. En faut-il davantage pour désirer examiner avec un peu d'attention cette revue et la sortir de l'oubli, comme ce fut fait autrefois pour la Jeune Belgique et la Wallonie ? C'est ce que nous allons essayer de faire : rechercher les origines de la revue, découvrir son but, analyser la manière dont elle l'atteignit et les raisons qui la maintinrent en vie au-delà de la durée moyenne d'existence des revues littéraires belges. Ce travail ne se veut pas exhaustif: beaucoup d'aspects devront malheureusement rester ignorés, principalement certains problèmes plus particulièrement artistiques qui sortent de nos compétences par leur caractère trop technique. Nous ne proposerons pas non plus, dans chaque chapitre, un relevé détaillé de tous les articles parus dans Durendal et traitant du sujet mais seulement les extraits les plus significatifs. La présentation typographique de la revue, son illustration de plus en plus abondante et le sommaire de chaque numéro ne nous paraissent pas mériter de longs développements. Il suffit de savoir qu'en 1894 chaque numéro comptait vingt pages, tandis que ce nombre…
Des lueurs du fleuve à la lumière de la peinture. Émile Verhaeren et les siens
On n’imagine pas Verhaeren sans l’Escaut, qui a marqué sa sensibilité,…