Petit manuel pour une géographie de combat

À PROPOS DE L'AUTEUR
Renaud DUTERME

Auteur de Petit manuel pour une géographie de combat

Licencié en sciences de la population et du développement de l'université libre de Bruxelles, Reanaud Duterme, enseigne la géographie dans une école secondaire, collabore au comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-monde et est également le co-auteur de la dette cachée de l'économie, publiée aux Editions Les Liens qui libèrent.
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Le Carnet et les Instants

Rares sont les analyses du capitalisme, de son histoire, de son évolution, de ses crises, qui prennent en compte sa dimension spatiale. Dans Petit manuel pour une géographie de combat, Renaud Duterme démonte avec une belle puissance la logique spatiale du système capitaliste : à la géographie dite descriptive, il oppose, dans le sillage d’Elisée Reclus et d’autres, une géographie de luttes fournissant des outils de pensée et d’agir permettant de sortir d’un système mondialisé précipitant la planète vers sa ruine.Remontant à la question complexe des origines du capitalisme, Renaud Duterme montre qu’il n’y a pas d’émergence et d’expansion d’un système économique capitaliste sans une logique spatiale de prédation. En…


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Voici un livre à la fois ardu, son écriture porte les traces des cours et des travaux universitaires dont il est issu, et surtout précieux, son ampleur nous donne un bilan argumenté des théories et des pratiques économico-sociales contemporaines.Le titre, La fabrique de l’émancipation , conjoint de façon qui peut sembler étrange deux mots divergents : la matérialité du premier ne s’oppose-t-elle pas à l’idéalité du second ? Et l’action, au sens politique arendtien de la capacité d’initiative, de commencement, de «  faire naître  » une réforme, une institution, une libération, n’est-elle pas plus ajustée : si l’émancipation est possible n’est-ce pas dans l’action, plurielle et responsable ? Cette apparente opposition négligerait ce que Arendt comme Bruno Frère et Jean-Louis Laville  cherchent à éclairer : l’ouverture de l’espace et du temps de la politique dans le langage qui ouvre l’action. Laquelle est façonnée entre autres dans la « fabrication » des théories politiques, mais de façon insuffisante parce que coupée des inventions effectives. Tel apparaît le double but des auteurs, Bruno Frère et Jean-Louis Laville : d’abord, donner la synthèse des « fabrications » fictionnelles (façonnées en langages des sciences et des philosophies sociales, non fictives pour autant), toutes négatives, proposées depuis deux siècles par les théories de l’émancipation ; mais, ensuite, les mettre face aux pratiques auxquelles elles devraient faire droit, à leurs « fabriques » actives d’émancipation, largement positives, dans les mouvements de révoltes et d’organisations sociales, porteuses de ré-institutions démocratiques. Du paradigme négatif au paradigme associatif Les premiers chapitres mènent à bien la critique (saisie des limites) de la critique (dénonciation) des obstacles à l’émancipation sociale. 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Et cela, faut-il le préciser, d’autant plus que les tentatives de révolution de type communiste ou même de réformes de type social-démocratique (liées à l’État-Providence) ont montré leur échec total ou leur réussite trop partielle pour résister aux crises économiques et écologiques.Or ce que cette position néglige, c’est une alternative à la domination qui prend racine dans l’associationisme du 19e siècle, celle des coopératives, des mutuelles ou des crèches, car cette tradition est aujourd’hui ravivée dans de multiples innovations sociales porteuses de nouvelles institutions. Sans remettre en cause la pertinence des critiques négatives, la possibilité d’une critique constructive est mise en valeur dans l’autre moitié du livre. Les «  épistémologies du Sud  » (Boaventura de Sousa Santos, Anibal Quijano…) montrent ainsi que les révoltes populaires sous la bannière du «  bien vivre  » ou du «  care  » expérimentent des «  expériences de sociabilité non capitaliste  ». 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