Privé : Oublier Djô

RÉSUMÉ

Mon oncle, quand tu liras ceci je serai déjà loin. N’essaie pas de me retrouver. Je te dis merci pour tout ce que tu as fait pour moi, mais je suis majeur désormais et je veux vivre ma vie. Il faut m’oublier. Djô. Dès lors commence un long voyage à rebours dans l’espace et le temps, à travers la France et la Belgique, pour Daniel, l’oncle de Djô qui l’a adopté après la mort de sa mère, et Vlad, le chat SDF. Des zones d’ombre familiales vont un peu s’éclaircir, mais Daniel devra apprendre à oublier Djô. Et lui, l’homosexuel solitaire après la mort de son compagnon, osera-t-il envisager une nouvelle forme de vie ?

À PROPOS DE L'AUTEUR
Robert Massart

Auteur de Privé : Oublier Djô

Robert Massart est né et vit à Bruxelles. Il a été professeur dans l'enseignement supérieur et joue un rôle actif dans le monde associatif lié au français, ce qui, entre autres activités, le fait aller régulièrement en Roumanie. Il voit en l'écriture un des meilleurs moyens de faire connaitre sa ville. Non pas – ou pas seulement – celle des frites et de l'Atomium, mais la métropole sans cesse confrontée aux défis de la mondialisation et aux luttes identitaires qui gangrènent notre époque.
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Mon oncle, quand tu liras ceci je serai déjà loin. N’essaie pas de me retrouver. Je te dis merci pour tout ce que tu as fait pour moi, mais je suis majeur désormais et je veux vivre ma vie. Il faut m’oublier. Djô. Belle énigme que cette phase, banale pour avoir été tant et tant de fois prononcée, écrite, proclamée par celles ou ceux qui décident de « partir ». Et Daniel entend dans « partir » un possible « mourir »… On imagine donc Daniel, l’oncle, le mentor, le référent de Djô, neveu venu d’Asie et dont la mère est morte, confronté à ce qui pourrait bien être un billet du désastre.Djô est un jeune homme à la recherche du père et révélera au long du récit la multiplicité de ses identités et les traces…


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Soren disparu

«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…

On dira que j’ai rêvé : Bousquet, Didier & Co

Maxime BENOÎT-JEANNIN , On dira que j’ai rêvé. Bousquet, Didier & Co, Samsa/AAM, 2021, 183 p., 18 €, ISBN : 978-2-875932-76-1L’entrée en matière du livre est confortable. Fluide et classique. Le narrateur, qui est l’auteur du livre – et appelons-le Maxime pour nous faciliter la vie même s’il ne se nomme jamais –, descend vers Marseille en TGV. Sa destination ? Lyon, où un congrès de psychanalystes attend sa compagne Ida. Leur voisine de wagon feuillette de vieux Paris-Match , et voilà que s’affiche soudain une photo d’un homme intimement lié à la vie de Maxime. Petit échange entre les passagers. Ce Christian Didier, un camarade d’enfance, a eu son heure de gloire en 1993, lorsqu’il a abattu René Bousquet, le tristement célèbre patron de la police pétainiste sous l’Occupation. 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Il m’a semblé, troublé, découvrir en Didier ce double fantomatique ou ce repoussoir, cet abîme que tout auteur traînerait à ses côtés, s’interrogeant sur la légitimité de son parcours, la réussite artistique ne pouvant être estimée à l’aune d’une vie.Maxime Benoît-Jeannin réussit la gageure de tenir en haleine jusqu’aux dernières pages : épatante rencontre avec un comédien célèbre, appréhension soudaine de ce qui a préparé notre auteur/narrateur à une perceptivité hors normes : Ainsi, à certaines époques de la vie, quelque chose vous frôle et s’en va, vous abandonnant, absolument seul, à votre sort et à vos supputations. (…) Quelqu’un, sur le point de rejoindre le néant, avait gratté à la porte de l’être, et je l’avais entendu.  Fragment d’Eden littéraire ! Philippe…

Déjà ?

Gwendoline Loosveld est une notaire experte en droits des successions et une éthicienne spécialisée…