Ôtoû d' li. L'œuvre wallonne d'Émile Lempereur : Choix de textes


RÉSUMÉ

À l’occasion du centenaire de la naissance de son président d’honneur, Émile Lempereur, l’Association littéraire wallonne de Charleroi publie ce choix de textes en langue wallonne, plus précisément en parler de Châtelet [Ch 61], la ville natale de leur auteur.

Ce parler, qui relève du domaine de l’ouest-wallon, comporte aussi des traits du wallon central, ce qui en fait toute son originalité. Cette originalité, Émile Lempereur la respecte scrupuleusement et l’exploite avec une virtuosité remarquable et une sensibilité raffinée, fidèle aux convictions qu’il défendit si brillamment à l’occasion du Congrès de Littérature et d’Art dramatique wallons qui se déroula à Charleroi en 1933.

Le premier recueil en langue wallonne qu’il fit paraître s’intitulait Ôtoû d’ mi et c’est en écho à ce titre que ce choix de textes a été baptisé Ôtoû d’ li, un recueil qui conduira certains à regretter qu’Émile Lempereur n’ait pas écrit davantage dans sa langue maternelle, une langue qu’il a si bien illustrée et si ardemment défendue.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Emile Lempereur
Auteur de Ôtoû d' li. L'œuvre wallonne d'Émile Lempereur : Choix de textes
Émile Lempereur est né à Châtelet en 1909 et a mené une longue et fructueuse carrière d'enseignant dans sa ville natale. Il fait partie de cette génération de maîtres d'école qui se sont aperçus que le wallon constituait une valeur patrimoniale qu'il convenait de protéger et de promouvoir ; il consacra d'ailleurs toute son énergie à la défense de cette langue régionale et de la culture dont elle est le vecteur privilégié. En 1935, il publie un recueil poétique, Spites d'âmes, qui fit de lui la figure de proue d'une brillante génération d'écrivains wallons carolorégiens. Il a également publié un grand nombre de travaux en matière d'histoire de la littérature wallonne, d'histoire locale, de lexicographie et d'onomastique. Il a adapté en carolorégien bon nombre de pièces liégeoises, il a participé à des cabarèts walons, il a collaboré à de très nombreuses publications d'ordre culturel et a tenu à bout de bras, de longues années durant, èl bourdon, le mensuel de l'Association littéraire wallonne de Charleroi dont il fut président d'honneur. Il fut membre titulaire de la Société de Langue et de Littérature wallonnes et membre du Conseil des Langues régionales endogènes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Homme d'une insatiable curiosité intellectuelle, d'un enthousiasme jamais émoussé et d'une très grande ouverture d'esprit, il a guidé les premiers pas de tous ceux qui, aujourd'hui, militent dans la région de Charleroi pour la culture wallonne dans ce qu'elle a de plus authentique.

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[Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. C’est alors la métaphore de la maison qui exprime la détresse du « je » (non, du « dji » ) face aux communs massacrés au bénéfice de quelques-uns. ’L ont rauyî djustotes lès pîres dissotéyesèt lès tchèssî au lon,à gros moncias.Èt c’èst cauzucome s’il ârén´ ieû v’luchwarchî è vike,chwarchî è m’ pia.Come si l’ maujoneâréve ieû stîon niër, on burton d’ mès-oûchas. [Ils ont arraché / toutes les pierres descellées / et les entasser au loin, / et c’est quasi comme / s’ils avaient voulu / m’écorcher vif, / charcuter ma peau, / comme si la maison eût été un nerf, / un moignon de mes os.] De manière plus explicite, Émile Gilliard fait le lien avec le désastre écologique dans le poème d’épilogue, écrit spécialement en vue de cette deuxième édition. Vêrè ként’fîye on djoûki l’eûwe ni gotinerè pus wêre foû dès sourdants.On s’ capougnerè po sayî d’ ramouyî sès lèpes.Vêrè ki l’ têre toûnerè à trîs et tot flani,ki nos maujones si staureront su nos djoûs,èt nosse lingadje ni pus rén volu dîre. [Peut-être viendra-t-il un jour / où l’eau filtrera à peine de la source. / On s’empoignera pour se rafraîchir les lèvres. / Une terre stérile fera flétrir les plantes. / Notre maison s’écrasera sur nos jours, / et notre langue n’aura plus de sens.] Au possible effondrement des équilibres naturels fait écho ici celui d’une langue. Bokèts po l’ dêrène chîje est aussi traversé des préoccupations d’un homme qui a donné tous ses loisirs à la langue wallonne et laisse parfois libre cours à son pessimisme : « po ç’ k’il è d’meûre : / on batch di cindes èt dès spiyûres, / sacants scrabîyes / k’on îrè cheûre èt staurer sul pî-sinte » [ « pour ce qu’il en reste : / un bac de cendres, des déchets, / des escarbilles / à secouer et à répandre sur le sentier » ]Et c’est en cela que cette réédition prend une valeur supplémentaire : en redonnant à lire des poèmes qui ne taisent pas son sentiment de lassitude et d’isolement, elle nous rappelle que leur auteur a toujours su le dépasser. Émile Gilliard, en effet, n’a jamais cessé d’écrire dans sa langue première et a consacré ses dernières années à d’importants travaux philologiques. Ce livre prend donc, en creux, la valeur d’une ode à sa résilience et à son formidable engagement. Julien Noël Les traductions offertes ici sont les adaptations littéraires de l’auteur. Plus d’information Ce tryptique a été publié artisanalement, en wallon, à compte d'auteur, en tirage restreint, en 2004. Le dernier volet Crèchinces a également fait l'objet d'un numéro des Cahiers wallons . La présente édition est assortie d'une adaptation en langue française. L'ordre des textes comporte des modifications et un poème d'épilogue résume l'esprit du recueil. L'actuelle situation du monde donne à ces poèmes un reflet d'authenticité. Y pointent heureusement des germes d'espérance et de lumière. 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