On peut boire la transpiration d’un cheval



À PROPOS DE L'AUTEUR
Antoine Boute
Auteur de On peut boire la transpiration d’un cheval
Antoine Boute, né en 1978, vit et travaille à Tervuren (Belgique), presque dans la forêt. Il travaille à faire se chevaucher littérature, philosophie et expériences, en écrivant des livres, en réalisant des performances, en enseignant (aux Ecoles Supérieures des Arts Erg et Saint-Luc à Bruxelles), en proposant des workshops, en organisant des événements. Il est l’auteur d’une quinzaine de livres, dont Les Morts rigolos, avec Victor & Lucas Boute ; S'enfonçant, spéculer ; Inspectant, reculer ; Opérations biohardcores  ; Manuel de civilité biohardcore, avec Stéphane De Groef et Adrien Herda ; On peut boire la transpiration d’un cheval.


NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Cracheur de feu sonore, activiste expérimental, écrivain, performeur, philosophe biohardcore, professeur aux Écoles supérieures des Arts ERG et Saint-Luc à Bruxelles, Antoine Boute explore, depuis Terrasses, Les morts rigolos, S’enfonçant, spéculer, Inspectant, reculer, Manuel de civilité biohardcore, Apnée, Prompt…, des formes textuellement modifiées. Affectionnant les écritures plurielles, la création collective (avec Vincent et Lucas Boute, Stéphane de Groef, Adrien Herda, Chloé Schuiten, Clément Thiry, Jeanne Pruvot-Simonneaux…), il livre avec On peut boire la transpiration d’un cheval une partition chorale rock. La matière verbale fonctionne comme un incubateur de phrases entendues, collectées,…


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Dans la galaxie actuelle des livres, au plus loin de la littérature conçue comme une start-up , à des années-lumière des écrivains comme fondés de pouvoir du capital, il est des ouvrages qui rendent à la lettre ses puissances chamaniques, son souffle sauvage, son pari pour un art des confins. Poète , romancier ( Silex  et  L’orée ), traducteur, musicien, grand voyageur des espaces géographiques et des espaces intérieurs, Daniel De Bruycker nous fait don avec Passeports pour ailleurs de la redécouverte d’une Atlantide poétique, d’un art funéraire où le poème rédigé par le mourant tient lieu de sépulture. Au fil d’une anthologie de textes s’échelonnant du VIIIème au XXIème siècle, héritier des travaux du linguiste Ilan Precjev Ilan (1927-2015) qui l’a initié à la langue tokharienne (proche du celte) et à l’écriture des Wu-sun, Daniel De Bruycker délivre les traductions de 99 poèmes écrits par des représentants de ce peuple de Haute-Asie, jadis des tribus nomades d’origine aryenne, «  roux aux yeux bleus  ». Alors que les Wu-sun étaient considérés comme un peuple sans écriture, Ilan Precjev Ilan a découvert des textes poétiques rédigés initialement avec des végétaux, des feuilles, des tiges, par la suite à l’aide de montages métalliques. Au soir de leur vie, les artisans, les guerriers, les éleveurs Wu-sun composaient un poème testamentaire, un mausolée de mots structuré en neuf lignes disposées sur trois tercets, couchant sur du cuir de cheval, de la peau de bouquetin, des écorces de bouleau, de peuplier, des plaques d’acier, du papier par la suite un texte condensant l’existence qu’ils ont menée. La pratique des urnes poétiques s’est poursuivie clandestinement lorsque, dominé par les Chinois, les Russes, le monde pastoral des Wu-sun fut détruit, entraînant une diaspora de la communauté. Il fallait un poète, doublé d’un musicien, d’un passionné de langues mortes, orientales, archaïques, actuelles pour rendre vie au mémorial d’un peuple oublié.La prouesse du déchiffrement d’un alphabet que peu de savants ont exploré, l’ampleur du travail de restitution de la versification ne seraient rien sans la profondeur poétique véhiculée par la traduction. En poète, en barde, en aède, Daniel De Bruycker se fait le passeur de ceux qui n’embrassaient l’écriture que pour assurer leur passage dans l’au-delà, transmettant à leurs descendants une arche de mots, de pensées soudant l’identité des Wu-sun. S’inscrivant dans un cadre rituel, chaque poème arraché à la vie qui s’en va compose une tombe, s’offre comme un bâton-témoin à transmettre aux générations futures. Des anciens « maenawidhae », poèmes du souvenir, datant des VIIIème-XIIIème siècles aux textes classiques (XIVème—XVIIIème siècles), puis modernes (du XIXème siècle à nos jours), une évolution se dessine, évolution des motifs, de la prosodie, une inflexion vers des recherches formalistes, voire vers l’abstraction lors de la période classique. Imprégnées d’animisme, rédigées en écriture cursive ou calligraphiées, les missives uniques et ultimes des futurs défunts (si un homme, une femme venait à périr de mort violente, un de ses héritiers s’attelait parfois à la rédaction d’un talisman menant dans l’outre-monde) s’élèvent comme des chants sacrés d’où l’anecdotique se voit banni. Le dernier geste qui clôt une vie tient du bilan d’un séjour, d’une adresse à ceux qui restent. Le poème végétal, le poème-abaque, le poème calligraphié ouvre la dernière porte, celle qui mène à l’ailleurs. On songe à l’épure du haïku, à l’art de la concision, de la formule qui insère une existence dans les valeurs civilisationnelles des Wu-sun (l’espace, le nomadisme, les steppes, les chevaux, la nostalgie du pays perdu ensuite…). Ce n’est pas l’âge qui fait le vieillard ! C’est ce qu’il commence à voir Non dans l’éclat du matin mais dans l’ombre du soir, (dernier tercet d’un poème mémoriel du début du 16ème siècle) Hormis le poème d’Ilan Precjev Ilan rédigé en 2015, le dernier texte Wu-sun collecté dans ce recueil date de 1997. L’art poétique Wu-sun survivra-t-il au  XXIème siècle ? Fabuleux trésor pour qui vit à hauteur de poésie, pour qui taille les phrases comme le vent sculpte les montagnes, Passeports pour ailleurs rappelle la puissance sacrée du verbe dans une époque où triomphent les logorrhées de discours pixellisés, l’inflation vaine et dérisoire du verbiage, de propos de table érigés en bréviaire philosophique. Véronique Bergen…