« Shraga est mort pendant les vacances.
Quand je suis rentrée, ils l’avaient déjà emmené.
J’ai visionné les images de la caméra de surveillance de la buanderie. Il est mort contre le lave-linge.
Je vis cette nouvelle donnée comme elle vient.
Je n’ai pas le temps. Il n’y a personne, ni les enfants,
ni les souvenirs ni notre histoire. Je suis dans
la maison vide, devant mon ordinateur dans
le bureau de Shraga. Parfois il m’adresse des signes,
ce sont nos derniers échanges en différé. »
Ce roman montre l’instant du choc et son étirement : le heurt avant la douleur, avant la passion, avant le souvenir — le tout augmenté par une vidéo de surveillance dont la fonction devient un témoignage glacial.
Les personnages du récit sont par conséquent des silhouettes sans chair, qui traversent le présent d’une femme brutalement confrontée au deuil.
C’est aussi un exercice de style : la narratrice évoque son mari en s’abstenant de tout flash-back.
Et pourtant, la drôlerie rôde…
Auteur de Œil de linge
Bruno WAJSKOP, Œil de linge, La muette, 2022, 110 p., 12 €, ISBN : 978-2-35687-881-6Mourir. Rien de plus anodin. La preuve : cela arrive à tout le monde, une seule et bonne fois. À moins que… À moins que la caméra d’un système de vidéo-surveillance privé capte vos derniers instants, vos ultimes soubresauts, votre suprême hoquet. Et que vos proches puissent se repasser en boucle cette cabriole majeure, pour vous tragique sans doute, et pas vraiment facile à chiquer sur le moment ; pour eux, face à l’incompréhensible fatalité qui se répète sous leurs yeux, un moment dont l’itération ne fait qu’approfondir l’opacité, éloigne toute réponse, finirait même par émousser la portée cruciale. Car, au fond, « le dernier instant ne diffère pas…
Un accent de vérité s’ouvre sur une perte, un manque d’où émerge alors le désir.…
" Je sens ses bras autour de ma taille. Il me serre si fort. Je n'ose ouvrir les yeux. La chaleur de sa langue sur la mienne, que c'est doux, que c'est bon. Je profite de ce baiser qui n'en finit pas, de ses mains qui crient tendresse, de ses jambes qui disent caresses, de ce corps qui surgit de l'arbre en chantant l'Amour !". Les sept visages de l'eau, un mariage d'amour et de haine où le passé imprègne le présent et détermine l'amour. FranMi nous emmène à travers une recherche d'identité, d'un rôle social dans une communauté villageoise qui, à l'instar de Saint-Léger, son village d'adoption, présente plein de contradictions. Comment vivre, comment demeurer dans un environnement où les traditions et habitudes anciennes se frottent à la consommation et la vitesse…