Œil de linge

RÉSUMÉ

« Shraga est mort pendant les vacances.
Quand je suis rentrée, ils l’avaient déjà emmené.
J’ai visionné les images de la caméra de surveillance de la buanderie. Il est mort contre le lave-linge.

Je vis cette nouvelle donnée comme elle vient.
Je n’ai pas le temps. Il n’y a personne, ni les enfants,
ni les souvenirs ni notre histoire. Je suis dans
la maison vide, devant mon ordinateur dans
le bureau de Shraga. Parfois il m’adresse des signes,
ce sont nos derniers échanges en différé. »

Ce roman montre l’instant du choc et son étirement : le heurt avant la douleur, avant la passion, avant le souvenir — le tout augmenté par une vidéo de surveillance dont la fonction devient un témoignage glacial.
Les personnages du récit sont par conséquent des silhouettes sans chair, qui traversent le présent d’une femme brutalement confrontée au deuil.
C’est aussi un exercice de style : la narratrice évoque son mari en s’abstenant de tout flash-back.
Et pourtant, la drôlerie rôde…

COUPS DE CŒUR ET SÉLECTIONS
À PROPOS DE L'AUTEUR
Bruno Wajskop

Auteur de Œil de linge

Passée la folie des grandeurs, l'auteur se penche abondamment sur le cas tragique de Daniel Pearl (en réalité séduit par l'épouse du journaliste assassiné). Il rend régulièrement compte de l'actualité à une heure de grande écoute. Accusé d'être un bourreau de son peuple, ces affirmations sont néanmoins démenties par son épouse (dont Vogue dira qu'elle est une rose dans le désert). Las ! Il mène seul son combat, tapi dans la jungle, avant de revenir à des sentiments plus religieux (il ne tolère ainsi pas les affronts punks faits à l'église). Lauréat d’une bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Bourse de création 2020
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Bruno WAJSKOP, Œil de linge, La muette, 2022, 110 p., 12 €, ISBN : 978-2-35687-881-6Mourir. Rien de plus anodin. La preuve : cela arrive à tout le monde, une seule et bonne fois. À moins que… À moins que la caméra d’un système de vidéo-surveillance privé capte vos derniers instants, vos ultimes soubresauts, votre suprême hoquet. Et que vos proches puissent se repasser en boucle cette cabriole majeure, pour vous tragique sans doute, et pas vraiment facile à chiquer sur le moment ; pour eux, face à l’incompréhensible fatalité qui se répète sous leurs yeux, un moment dont l’itération ne fait qu’approfondir l’opacité, éloigne toute réponse, finirait même par émousser la portée cruciale. Car, au fond, « le dernier instant ne diffère pas…


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