Les bras de Noémie c’est plein d’étoiles filantes. Quand tu regardes à l’intérieur tu vois qu’il y en a qui datent et d’autres qui viennent de mourir. Mais elle s’en fout Noémie, elle veut juste qu’on lui relève sa manche parce qu’elle veut pas mettre plein de liquide dessus quand elle se désinfecte les bouts de verre du pastis. Après elle rigole parce que ça pique l’alcool nonante.
Noémie, elle ne vit pas dans la rue, elle l’habite. Ce texte lui est dédié. On apprend à la connaître à travers ses déambulations, ses états d’âme et ses envies de casser. Pour rester en vie, Noémie se mesure toujours à l’excès. Cette histoire la suit au présent, et tente de redonner à la survie une nouvelle forme de solarité.
No ou le pactole de Rachel M. Cholz est une immersion dans la vie de Noémie, qui survit dans une jungle urbaine. Un livre qui parle de la dureté de la vie d’une femme dans la rue de ses excès et ses amours.
No ou le pactole de Rachel M. Cholz est une immersion dans la vie de Noémie, qui survit dans une jungle urbaine. Un livre qui parle de la dureté de la vie d’une femme dans la rue de ses excès et ses amours.
Rachel M. Cholz est une autrice française qui vit à Bruxelles. No ou le pactole est son premier ouvrage publié aux éditions La Lettre volée. Issue du milieu de l’écriture théâtrale, elle apporte ici un regard différent sur la mise en page traditionnelle et sur la sonorité des mots. Dans ce livre assez court, elle raconte…
Les chroniques de Mapuetos (volume 5) : Le rêve de l’échelle
Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature élevée au rang du rêve et de la révolution intérieure. S’il ne recourt pas à la pratique pessoenne de l’hétéronymie, Patrick Lowie place l’expérience créatrice au carrefour du double, d’une inspiration transpersonnelle où se confondent le dicteur et le dicté, l’oracle et le scribe. Le rêve de l’échelle, cinquième volume des Chroniques de Mapuetos, poursuit le travail de retranscription-recomposition des textes du fameux Marceau Ivréa, écrivain mort dans une prison bruxelloise, dont l’œuvre gravite autour d’une ville qui n’existe pas, Mapuetos. À partir de ce labyrinthe borgésien, de ce creuset surréaliste, le récit déroule la rencontre de deux hommes au bord du fleuve bleu, Marceau Ivréa et le jeune homme Moûsai. Gagnant l’autre rive du fleuve magique, ils s’adonnent à une vie onirique scandée en dix-huit rêves qu’Ivréa/Lowie raconte. Obéissant à la logique du songe, ouvrant des portes sur l’ailleurs, les fictions de Patrick Lowie décadenassent les habitudes mentales du lecteur. Le temps et l’espace cessent d’obéir aux lois ordinaires ; des réalités temporelles et spatiales disjointes entrent en communication. Lire aussi : Patrick Lowie, Marceau Ivréa et la montagne fictive de sagesse ( C.I. 190) À l’ouverture du récit, le narrateur réside à l’hôtel Siru, un immeuble Art déco près de la Gare du Nord, donnant sur la place Rogier, haut-lieu mythique où déambulent le spectre de Marceau Ivréa et les fantômes de Rimbaud et de Verlaine qui y séjournèrent lors de leur passage à Bruxelles (l’hôtel s’appelait à l’époque le Grand hôtel liégeois). Un jeu de miroirs se dessine, la passion entre Marceau et Moûsai prolongeant l’amour orageux entre Verlaine et Rimbaud, entre « l’époux infernal » et la « vierge folle ». La réalité onirique répond à des états quantiques, à des superpositions de phases, de personnages. L’hôtel Siru tient de l’hôtel Sirius, du vaisseau fantôme qui apparie le voyage vers Mapuetos. Comme l’échelle de Jacob surgit lors d’un songe durant lequel ce dernier voit des anges monter et descendre sur une échelle reliant la terre au ciel, l’échelle permettant de monter vers Mapuetos, son arbre à paroles, son volcan Imyriacht, s’avance comme la fille du monde onirique. Les dix-huit rêves délivrent moins une parabole qu’un parcours initiatique, un jeu de tarot littéraire dans le sillage d’Alejandro Jodorowsky. Non point des stases fléchant une trajectoire destinale, une progression vers la libération mais des rêves circulaires comme des mandalas, comme les ruines de la nouvelle de Borges ou comme la Grand Roue en toile de fond d’ Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Dans le rêve numéro treize, la chute du cheval blanc dans un canyon nous évoque la fin du roman de Lowry, le corps du consul Geoffrey Firmin abattu par les policiers et balancé dans un ravin, suivi par le cadavre d’un chien. Comme Mapuetos, la ville mexicaine de Quauhnahuac où se déroule l’errance du consul entre présages, mescal et téquila, est dominée par des volcans.« Marceau voulait déclamer des mots à haute voix dans Mapuetos, la magnifique. La répétition de mots, de phrases, d’intonations grinçantes, d’aphorismes, de prières euphorisantes pourrait le mettre dans un état d’auto-hypnose ». Comment ne pas songer à Artaud en lisant ce passage ? À l’arrière de Marceau Ivréa, son ivresse d’atteindre des états de conscience modifiée, on pense à Artaud, à ses séjours auprès des Tarahumaras, à ses mots-souffles, ses glossolalies.Passeur entre les mondes des vivants et des morts, évoluant entre djinns et apparitions, Patrick Lowie reconnecte la littérature à l’hypnose surréaliste, à l’interrogation poétique et métaphysique. Le doute n’est plus de mise : les mots de Patrick Lowie sont bel et bien irrigués par les puissances de l’arbre à palabres de Mapuetos, cet « arbre à nuées » qui retient les mots créés par le volcan. Véronique Bergen Deux hommes sont couchés sur l’herbe, de l’autre côté du fleuve bleu. Le plus âgé des deux s’appelle Marceau Ivréa. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. En une journée, ils mangent des sushis, fument des joints, lisent, dorment, font dix-huit rêves qu’ils classent, décortiquent, commentent, alimentent. Comme des frères siamois, ils sont connectés et font les mêmes rêves au même moment. Peu importe la ville, peu importe le pays. Nous pourrions être à Mapuetos, cette ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas, point de référence de Marceau Ivréa. Nous pourrions être à Bruxelles, dans une chambre de l’Hôtel Siru, ex-Grand Hôtel Liégeois, à l’endroit même où Rimbaud aurait rejoint Verlaine. Dans Le rêve de l’échelle , Marceau Ivréa raconte dix-huit rêves. Rêves particulièrement marquants, étranges, éphémères, des rêves dignes du cinéma surréaliste. Pourquoi les raconte-t-il ? Pour créer des liens avec lui-même, seule façon d’avoir des liens avec son prochain. Les chroniques de Mapuetos est une série littéraire censée avoir été écrite par Marceau Ivréa que Patrick Lowie dit avoir découvert et dont il aurait recomposé le travail disparate. Quarante épisodes sont annoncés.…
En janvier 1943, Justine, étudiante en physique à Grenoble, rentre pour le weekend chez ses parents. Dans le train qui l’y emmène, les claquements de la porte du cabinet de toilette la poussent à quitter son compartiment et à s’enhardir vers le lieu ; elle y découvre un bébé. Elle cherche une explication dans la cabine, puis à l’intérieur du couffin, soulève prudemment la couverture et trouve une paire de chaussons d’un blanc immaculé, un biberon en verre surmonté d’une tête en caoutchouc de bonne qualité et, dépassant légèrement de sous l’oreiller sur lequel repose la tête de l’enfant, un livre à la couverture en cuir marron clair. Elle écourtera son voyage, débarquant en urgence pour les soins du bambin dans un bar d’Aix-les-Bains et, tout en même temps, dans la vie de Leonardo Minelli. Lui, elle et la petite Blanche, le trio qui permettra le couple quelques années durant et qui volera ensuite avec fracas tant le rôle de figurant paternel ne correspond pas au roman familial idéal du père adoptif. Les lectures se multiplient, le romanesque des vies se saisit, Blanche rencontre Émile, son Gatsby le magnifique mais lui, « il ne lit pas, est-ce clair ? ». Les évènements se cumulent, Cécile voit le jour, ensuite Jean. Le livre se transmet, se classe parmi les contes. Jean, le désormais Savoyard à Paris, devient « la bonne raison » d’Alice. Les possibles du livre familial se restaurent, prennent des allures nouvelles, une valeur inestimable. Léa et Sasha s’ajoutent à cette fable. Les pages de Blanche d’alors révèleront des possibles romanesques dont chaque lecteur est le détenteur des secrets.Une fresque sur quatre générations, une histoire de transmission, d’horizons, de rôle actif du lecteur, ce « créateur » du texte par son interprétation, ses connaissances propres et la conscience de lui-même. Des histoires évènementielles narrées où le « livre des possibles » se fait objet itératif, lui qui n’aura de cesse de s’écrire à mesure que la lecture se poursuit. Ce livre se réserve le droit de changer de contenu, de se contredire, d’être incomplet, de ne pas terminer ses phrases, de se moquer de tout, de changer de titre, d’auteur, de maison d’édition, de nombre de pages, de format, de couverture, d’illustrations et de tout ce qu’il jugera bon de modifier. Il décline toute responsabilité en cas d’inconfort du lecteur, d’inadéquation à ses attentes, de préjudice fait à sa sensibilité ou de malaise cardiaque. Dans ce Livre des possibles , l’autrice use de la personnification, dans le style et le contenu, ses procédés stylistiques donnent vie aux motifs de la famille, des liens, des attendus et des rôles assumés ou non. Avec une plume réaliste teintée d’un fantastique insolite, la romancière Véronique Sels offre, avec sensibilité et pointe d’humour, un récit qui célèbre l’acte créatif qu’est la lecture.…