Muzungu

RÉSUMÉ

Rwanda, printemps 1994. Depuis l’assassinat du président de la République, le pays a sombré dans la violence : dans le nord, un mouvement rebelle constitué de réfugiés tutsi a repris son offensive vers la capitale. Partout ailleurs, les Tutsi sont massacrés par des milices hutu à la solde du pouvoir décapité.

Kigali, 28 avril. François est debout dans son appartement, face à la porte que viennent de refermer les miliciens. Derrière lui, une femme blessée souffle bruyamment. Ils la lui ont livrée pour s’assurer de sa fidélité à leur cause. Une cause qu’il a embrassée quelques années plus tôt, en Belgique, après s’être lié avec Robert, un Hutu rwandais. Une cause qui parlait de révolution sociale et de peuple majoritaire. Une cause qu’il a défendue par amitié, par idéal, peut-être pour tromper l’ennui. Une cause qui l’a vu, malgré les avertissements de sa soeur Charlotte, rédiger articles et pamphlets anti-Tutsi, à Bruxelles puis à Kigali où il s’est improvisé journaliste. Une cause que le souffle de cette femme lui retourne en pleine figure. Il prend alors une décision qui scellera son destin.

Avec ce roman, l’auteur nous raconte l’histoire d’un homme empêtré dans une aventure qui le dépasse et débouchera sur le dernier génocide du XXe siècle.

À PROPOS DE L'AUTEUR
Martin Buysse

Auteur de Muzungu

Martin Buysse naît en 1974 en Belgique. Il étudie la physique théorique. En 2003, il défend une thèse de doctorat en physique des particules à l’université de Louvain (UCL). Il enseigne à l’Université catholique de Bukavu au Congo, à l’Institut supérieur d’architecture (ISA) Saint-Luc de Tournai, à l’ULB et aux FUCaM. En 2010 il est désigné directeur de l’ISA Saint-Luc Tournai puis devient vice-doyen de la nouvelle faculté d’architecture de l’UCL jusqu’en 2013. Il y enseigne aujourd’hui la géométrie et l’analyse sur les campus de Tournai, Louvain-La-Neuve et Bruxelles. En 2015, il parraine l’écrivain sud-africain André Brink, fait docteur honoris causa de l’UCL pour son combat contre l’apartheid. Par ailleurs, Martin Buysse publie un premier roman intitulé La logique du sang paru en 2013 aux éditions Zellige, collection Vents du Nord. Le livre relate le parcours d’un homme métamorphosé par la perte de sa fille tuée lors d’un bombardement israélien à Gaza. Il est récompensé par le Prix des marins-pêcheurs guadeloupéens du meilleur roman francophone en 2017. Son deuxième roman, Muzungu (Zellige, 2019), raconte l'histoire d'un homme blanc empêtré dans une aventure qui le dépasse et débouchera, en 1994 au Rwanda, sur le dernier génocide du XXe siècle. Il compte parmi les cinq finalistes du Prix Horizon du deuxième roman, édition 2020.
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

En avril 1994, le Rwanda basculait dans l’horreur et l’Occident restait prisonnier de ses intérêts pour ne pas réagir, ou réagir bien trop tard.

Comment comprendre l’enchaînement des événements qui ont mené au génocide ? Martin Buysse propose des éléments de réponse par le biais d’une fiction, fondée sur une documentation rigoureuse.

Le roman Muzungu est centré sur le personnage de François et pose la question de savoir pourquoi on s’engage, pour quelle cause et pour quel camp.

François a un passé de militant durant ses études. Il ne connaît rien à l’Afrique et encore moins au Rwanda, alors que sa sœur Charlotte, de dix ans son aînée, vit à Londres avec un Tutsi rwandais. Le hasard le met…


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Maxime BENOÎT-JEANNIN , On dira que j’ai rêvé. Bousquet, Didier & Co, Samsa/AAM, 2021, 183 p., 18 €, ISBN : 978-2-875932-76-1L’entrée en matière du livre est confortable. Fluide et classique. Le narrateur, qui est l’auteur du livre – et appelons-le Maxime pour nous faciliter la vie même s’il ne se nomme jamais –, descend vers Marseille en TGV. Sa destination ? Lyon, où un congrès de psychanalystes attend sa compagne Ida. Leur voisine de wagon feuillette de vieux Paris-Match , et voilà que s’affiche soudain une photo d’un homme intimement lié à la vie de Maxime. Petit échange entre les passagers. Ce Christian Didier, un camarade d’enfance, a eu son heure de gloire en 1993, lorsqu’il a abattu René Bousquet, le tristement célèbre patron de la police pétainiste sous l’Occupation. 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