« L’œuvre de René Magritte est extrêmement populaire, c’est sûr. Pourtant, parmi les spécialistes de l’histoire de la peinture, beaucoup affichent à son égard un certain dédain. Mauvaise peinture, ose-t-on dire. Images triviales, tours de passe-passe dispensables. Chacun pense ce qu’il veut mais je crois que ces critiques montrent qu’on n’a pas compris l’intention centrale attachée à cette œuvre. Car un travail de la pensée la traverse ; j’irais jusqu’à dire que l’œuvre de Magritte est cela même : l’exercice d’une pensée, d’une pensée en images. Le dédain vient de ce qu’on n’a pas véritablement envisagé ce que signifie “penser en images”.
Dans ce livre, je propose une enquête. En m’appuyant très largement sur les dits et écrits de Magritte recueillis après sa mort, et qui ont accompagné les tableaux tout au long de leur création, je tente de restituer la pensée en images de Magritte. En eux-mêmes les tableaux n’y donnent pas accès : on aurait beau chercher et commenter ce qu’ils signifient, on ne parviendrait pas encore à saisir en quoi ils sont nécessaires à la pensée. Alors je les mets en rapport avec des concepts philosophiques. Je montre, à partir de six études, que les tableaux de Magritte sont comparables à des concepts philosophiques et qu’ils réalisent, au sein de l’œuvre, un travail similaire aux concepts qu’emploient les philosophes pour écrire leur pensée. »
Sémir Badir
Auteur de Magritte et les philosophes
Voici, à propos de l’œuvre déjà largement étudiée de Magritte, un livre aussi original qu’informé, la conjonction des deux n’allant pas de soi. Son originalité tient à ce qu’il mène à bien l’analyse et l’interprétation, issues d’une enquête complète, de la « pensée en images » du peintre. L’information tient à ce qu’il s’appuie non seulement sur l’ensemble des tableaux de Magritte, mais tout autant de ses écrits et de ses lettres. Il montre de surcroît une connaissance des principaux commentaires déjà publiés[1]. Et il témoigne enfin d’un large savoir philosophique et sémiologique.Cette pensée en images correspond sans paradoxe à la centaine d’ « idées », le mot est de Magritte, qui traversent…
Préface de Jean Tordeur Textes de Jacques Detemmerman, Georges-Henri Dumont , Philippe Jones , Raymond Troussson À propos du livre (4e de couverture) Quelque soixante ans après sa mort (1936), la personnalité…
Le mouvement romantique en Belgique (1815-1850). II Vers un romantisme national
À propos du livre Nonum prematur in annum L'exigeant précepte d'Horace a trouvé, cette fois, sa rigueur dépassée, puisque c'est de 1948 qu'est daté le premier tome du présent ouvrage. Bien malgré nous, il est vrai : des occupations professorales absorbantes, la maladie ensuite, puis de cruelles épreuves familiales ont, trop longtemps sans doute, retardé la rédaction, la mise au point et l'achèvement de ce tome II et dernier. On s'en excuse. Après un tel délai, peut-être n'est-il pas inutile de rappeler à cette place le dessein qui n'a pas cessé d'être le nôtre. C'est de poursuivre, dans le milieu belge, entre 1815 et 1850, une enquête attentive sur l'évolution des idées, des tendances et des réputations littéraires. La suivant à la trace, nous avons cherché à en préciser la marche dans les esprits et dans les écrits de ce temps. Revues et journaux, préfaces et critiques nous ont fourni l'essentiel de notre documentation. Nous avons tenu le plus grand compte des influences étrangères, et singulièrement de celle du romantisme français, dont la contrefaçon multiplie alors les oeuvres parmi nous. Et nous n'avons pas négligé de mesurer, quand il y avait lieu, les répercussions des événements politiques ou sociaux sur le devenir, en nos provinces, de la «chose littéraire». Notre propos a donc été, dans l'essentiel, l'étude d'un mouvement d'idées. On aurait tort de chercher ici un relevé complet des auteurs belges de l'époque romantique et un catalogue de leurs ouvrages. Nous avons, pour notre modeste part, essayé de tracer un tableau abrégé de cette époque de notre passé littéraire dans quelques chapitres de la grande Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique, dont nous avons naguère dirigé la publication avec notre savant confrère et collègue, M. Joseph Hanse. On nous permettra d'y renvoyer. Ici, la production nationale nous intéresse avant tout dans la mesure où elle rend témoignage de la marche des idées littéraires ou en illustre le cheminement. Volontairement réduites au minimum, nos indications bibliographiques sont, strictement, celles des textes qui ont fourni nos citations ou autorisé nos conclusions. En d'autres termes, notre dessein a été ici, avant tout d'apporter une contribution valable à l'histoire des idées, er souhaitant qu'elle puisse servir à illustrer un jour ce que notre regretté maître Fernand Baldensperger appelait «une sorte de philosophie de la vie et du mouvement en littérature». Nous ne nous flattons pas d'y avoir réussi. Du moins espérons nous qu'on pourra trouver aux pages du présent tome, comme à celles du précédent, des citations nouvelles ou peu connue: et des témoignages inédits,…