L’impraticable

RÉSUMÉ

Ce livre a d’abord été publié à Paris en décembre 1981. Quelques mois plus tard, l’éditeur faisait savoir que ses stocks en province avaient été largement détruits dans une inondation majeure.
La parole de l’éditeur n’avait pas à être mise en doute par l’auteur, qui ne vérifia donc pas sur les lieux du drame ; quant au lecteur de ce jour, il aurait encore plus de mal, la maison d’édition ayant disparu depuis vingt ans.
L’aventure semblait vouloir illustrer un passage de l’ouvrage :
« Les mots/entrant dans les eaux/veulent leur perte ».
Pratiquement, il en est résulté une faible diffusion, comparée au tirage initial.
Définitivement ? « Impraticable n’est pas français » pourrait être la maxime du Coudrier, basé en Belgique wallonne, et fondé à réparer une situation que la critique littéraire de l’époque, plus que favorable à cette œuvre, eût largement déplorée. Voici donc L’Impraticable réédité, accessible, dans une version non modifiée, mais augmentée des commentaires qu’il avait alors suscités.
Peut-être le lecteur de ce temps qui s’ouvre, juge en dernier ressort, lui trouvera-t-il une acuité et une actualité plus grandes encore…

L’illustration de couverture est une reproduction d’un collage de Philippe Lemaire, intitulé « idole cubiste »

À PROPOS DE L'AUTEUR
Renaud Denuit

Auteur de L’impraticable

Docteur en philosophie, licencié agrégé en communication sociale, diplômé d’études européennes, diplômé en gouvernement et administration publique UCL. Summer Session, Berkeley University of California. The Leadership programme, Henley Business School. Journaliste politique à la RTBF (1973-1985) et pour la presse écrite. Administrateur à la Commission européenne (1985-2012). Professeur invité à l’UCL (1997-2012), à l’Université Saint-Louis Bruxelles (2012-2018), à l’ICHEC-Brussels Management School (2010-2016) et à l’Université de Lille (depuis 2017). Conférencier du Collège Belgique de l’Académie Royale (depuis 2015). Membre du Comité de rédaction de la Revue générale (depuis 2012), éditorialiste de l’Agence Europe (depuis 2018), membre de la Commission consultative du Fonds national de la Littérature (depuis 2020). Membre du Conseil d’administration de l’AEB de mai 2012 à avril 2016 (vice-président à partir de mars 2014). Préfacier de la nouvelle édition de l’ouvrage de son grand-père, Désiré-Joseph d’Orbaix, Le Don du Maître (Bruxelles, Samsa, 2020). Coéditeur, avec Béatrice Denuit, de l’Œuvre poétique complète de leur mère, Marie-Claire d’Orbaix (Nivelles, 2020). Association des écrivains belges

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Jan BAETENS  et Marie-Françoise PLISSART , Mon jardin des plantes : poèmes et photographies , Impressions nouvelles, 2024, 136 p., 18 € / ePub : 7,99 € , ISBN :978-2-39070-145-3 Jan Baetens (1957) est l’auteur de vingt recueils de poésie, dont récemment Après, depuis (2021, prix Maurice Carême de poésie 2023 ) et Tant et tant (2022). Styles et thèmes de ses livres varient mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne repensée par l’art et la littérature. Auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont Le roman-photo (avec Clémentine Mélois) ou Adaptation et bande dessinée : éloge de la fidélité , dans son essai Illustrer Proust , il présentait et discutait les réponses successives données depuis plus d’un siècle par les artistes et leurs éditeurs au désir et à la difficulté d’illustrer Proust. Il a publié le remix d’une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi (2020) et un essai contre l’oralisation de la poésie : À voix haute. Poésie et lecture publique (2016). Marie-Françoise Plissart (1954) est l’une des figures majeures de la photographie belge. Comme Baetens, elle s’est intéressée très tôt aux rapports entre un texte et une image, réalisant avec Benoît Peeters le livre Correspondance (Yellow Now, 1981), début d’une bibliographie abondante. Photographe free-lance depuis 1987, elle a réalisé de nombreux travaux dans de multiples domaines tels que l’architecture, le théâtre, le portrait et l’illustration. Ses photographies ont été notamment exposées à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne. Elle est aussi une vidéaste captivée par l’exploration du tissu urbain et par ses transformations. Texte et image entretiennent une relation complexe, souvent de dépendance, sauf dans le cas où sa polysémie et celle du poème se superposent en échos infiniment répercutés et ouverts , comme dans l’effet-miroir. Mon jardin des plantes : poèmes et photographies est une composition photo-textuelle à quatre mains avec pour thèmes l’eau et l’arbre et une approche des coïncidences des contraires, qui culmine dans le magnifique effet-miroir de la photo du Parc royal de Bruxelles (M.F.  Plissart, 2011). Ce concept de l’effet-miroir est présent dans toute l’anthropologie culturelle et symbolique : il nous met en présence d’une perception, d’une imagination ou d’une croyance en une surexistence par rapport au monde donné, qui n’est ni un irréel ni un délire. Une conscience d’un mode spécifique s’y fait jour, celui d’une apparition ou d’une épiphanie, sous forme de synchronicités, de dévoilements, de rencontres avec un au-delà du visible. Ce non visible ouvre sur l’expérience du sacré, en tant que celui-ci fait surgir dans notre sensibilité ou nos représentations un plan d’inaccessibilité ; on ne peut l’instrumentaliser, il est un inter-dit. Comment rendre compte de ces catégories si souvent associées, d’invisible, de secret et de sacré ? Comment permettent-elles de structurer et de comprendre une part d’ombre de notre expérience du monde et des autres ? L’art est une voie d’accès à cette sur-réalité : Johannes Vermeer, « Vue de Delft »Soustraire sans rien  perdre, pour la beauté du geste,         puis additionner en vue de la sainte multiplication, chaque chose à sa place, puis proliférant     jusqu’à occuper une autre place dans l’eau,qui l’amène à d’autres négoces et trafics encore.     Converti en brique et azur, le nombre d’or   Garde ses droits, unissant pour mieux régner. Le livre est composé de sept « chapitres » : les poèmes et les photographies offrent une relation de miroir, non d’illustration. L’eau a toujours été l’un des éléments les plus efficaces pour équilibrer le corps et l’âme : elle est le signe d’un éveil spirituel, permettant de lâcher prise. L’arbre est un symbole de vie et de verticalité incarnant le caractère cyclique de l’évolution cosmique. Tous deux offrent une dialectique entre permanence et métamorphose. Ainsi au fil des poèmes, le lecteur est invité à considérer le proche et le lointain, le connu et l’inconnu, le quotidien et l’indéfinissable, le simple et le complexe, motifs qui se déclinent aussi par miroitements en ceux du voyage, de la perte des repères, des relations inattendues entre topos et tempus, nature et culture, à la recherche de l’unité originelle :[…] Lentement le sens se dépouille des mots qui l’emportent, Elle dit que le jardin se fait son havre. […] Enfin la main qui crée l’objet qu’elle touche, Qui aide à défaire sans peur l’articulation du monde, À ne plus nous lamenter que les choses parlent à notre place. L’amour du trivial est figure de…

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[Ils auront dérobé nos terres, / fermes et forêts, / peu à peu, sans fracas, / (…) comme des taupes / qu’on détecte toujours trop tard, / quand elles ont accompli leurs méfaits / et qu’elles ont tout creusé. // Une éternité / qu’on a quasi œuvré / sous tutelle, / (…) sur nos propres terres.] Ailleurs, il reprend les questionnements d’ordre métaphysique qui traversaient À ipe , cette autre œuvre importante, rééditée dans la collection micRomania en 2021. Èt si nosse bole âréve bukéconte one sitwale ? […] Èt nos-ôtes bèrôderèt r’nachî à non-syinceaprès l’ dêrène ruwale ? [Et si notre globe / avait cogné une étoile ? (…) // Nous aurions erré, / cherché inutilement / une ultime issue ?] Ces deux veines majeures de l’œuvre gilliardienne — le questionnement sur l’homme et son environnement, la défiance envers l’exploiteur, en communion avec tous les exploités — trouvent un point de rencontre dans les pages les plus fortes du recueil. 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