Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle






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Le Carnet et les Instants

Laurent DE SUTTER, Changer le monde, Observatoire, coll. « Et après ?», #11, 2020, 38 p., ePub : 1.99 €, ISBN : 979-1-03-291581-3 Ô combien roboratifs en cette époque obtuse s’avèrent les deux derniers essais de Laurent de Sutter, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle et Changer le monde.  Sa percutante lettre à Greta Thunberg montre combien la jeune femme a réveillé nos consciences endormies, pointé notre déni, secoué notre inaction. Par son surgissement inattendu, insolite dans l’espace public, elle a introduit une nouvelle différence là où régnait une criminelle indifférence. Laurent de Sutter interroge la mobilisation planétaire sans précédent que Greta Thunberg a soulevée et la levée…


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Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde

Première ministre britannique de 1979 à 1990, Margaret Thatcher a beaucoup contribué à l’instauration de l’ordre néo-libéral qui mène aujourd’hui le monde. Son mot d’ordre : «  There Is No Alternative  », en acronyme TINA, signifiait que le capitalisme néo-libéral constituait le seul horizon possible pour le monde occidental. Et que, dès lors, il n’y avait rien d’autre à faire que démanteler les syndicats, privatiser les services publics (santé, transports, éducation), baisser les impôts, défaire le droit du travail, raboter les salaires, s’attaquer au système de protection sociale, favoriser les profits industriels et financiers en précipitant une partie sans cesse croissante de la population laborieuse dans la précarité et la misère. En somme : privatiser, déréglementer et appauvrir les moins nantis. Olivier Bonfond est un économiste progressiste, notamment spécialisé dans l’analyse de la dette publique [1] . Il ne partage pas cette vision fataliste. Il fait partie des économistes et des chercheurs de plus en plus nombreux qui considèrent que le capitalisme ultra-libéral épuise les ressources de la planète à court terme et, si rien ne change, mène l’humanité à sa perte. Dès lors, au prix d’un impressionnant travail de documentation, étalé sur plusieurs années et ayant bénéficié de beaucoup de soutiens amicaux, il a entrepris la rédaction d’un ouvrage monumental et ambitieux : Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde. Que faire quand les inégalités explosent ? Son livre est divisé en quatre parties. La première énumère les défis à relever et met en perspective la notion d’alternative. Les trois autres s’attaquent en une quinzaine de chapitres à quelques grandes questions : «  Mettre l’économie au service des peuples  » (économie et finance), «  Prendre soin des humains et de la planète  » (conditions de vie et protection de l’environnement) et «  Construire une démocratie réelle  » (les conditions d’une citoyenneté active et critique).Un objectif fédère les propositions innovantes illustrées dans l’ouvrage : «  Notre projet doit viser l’émancipation économique, politique et sociale des peuples, c’est-à-dire la possibilité pour l’humanité de se libérer de toutes les formes d’oppression  », précise Olivier Bonfond.Pour l’auteur, la situation est «  catastrophique  » : «  Non seulement les déficits sociaux, écologiques et démocratiques sont gigantesques, mais en plus ils vont grandissant  ». Car «  la grande majorité de l’humanité vit dans des conditions inacceptables. Et n’oublions pas que 70 % des personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté dans le monde sont des femmes  ». Quelques exemples : la faim tue 9 millions de personnes chaque année, 11% de la population humaine n’a pas accès à l’eau potable et 19% à l’électricité, 774 millions d’humains (dont deux tiers de femmes) sont analphabètes, deux milliards de personnes ne disposent pas d’un logement décent, la moitié des 3 milliards d’humains qui travaillent doit vivre avec moins de deux dollars par jour et plus d’un cinquième vit sous le seuil de l’extrême pauvreté.Une partie de la population des pays riches n’échappe pas à ces problèmes, car «  Ces vingt-cinq dernières années, les inégalités ont explosé (…) Les mesures néo-libérales, en particulier la dérégulation financière, mises en œuvre pendant deux décennies et demi expliquent cette évolution terrifiante (…) En janvier 2016, un rapport d’Oxfam International concluait que les soixante-deux personnes les plus riches du monde possèdent la même richesse que la moitié la moins riche de la population mondiale  ». Une démonstration rigoureuse La démarche est efficace : des faits étayés, des informations précises, des chiffres éloquents, des conclusions logiques et une attention particulière pour la situation des pays du Sud, particulièrement celle des femmes. La visée quasi encyclopédique du livre en rend la synthèse difficile, mais rares sont les domaines qui ne sont pas abordés (l’UE en tant que telle, peut-être). On observe cependant le souci constant de considérer les choses d’un autre point de vue : mettre en évidence la solidarité entre les peuples et les continents au lieu de constater l’exploitation des ressources et des êtres humains au profit de la minorité des 1% de rentiers, de cadres de haut vol, d’actionnaires et de spéculateurs.L’auteur multiplie les exemples de solutions alternatives inventées de par le monde pour tenter de faire pièce au néo-libéralisme : abolition des dettes odieuses ou illégitimes, observation de l’échec généralisé de la privatisation des ressources et des énergies, mise en évidence de l’effet désastreux du capitalisme sur l’environnement, inefficacité criante des politiques d’aide au développement, valorisation des initiatives populaires, des coopératives et des entreprises contrôlées par les travailleurs.Si l’ouvrage est ambitieux, il est également engagé : Olivier Bonfond défend avec conviction le projet d’un socialisme du XXIe siècle, solidaire et rationnel, mais dégagé des dérives totalitaires, opposé au néo-libéralisme destructeur, mais partiellement compatible avec l’économie de marché et, surtout, prioritairement soucieux du bien commun, de l’intérêt général, d’une démocratie renouvelée et de la survie de la planète. Des enjeux où se rejoignent à leur manière bon nombre d’économistes hétérodoxes et de penseurs qui réfléchissent aujourd’hui à l’avenir du monde dans une optique progressiste, comme les Économistes Atterrés, Jean Ziegler, Susan George, Naomi Klein, Chantal Mouffe, Paul Jorion, et bien d’autres.                                                                                         René Begon [1]  Olivier BONFOND , Et si on arrêtait de payer ? 10 questions/réponses sur la dette publique belge et les alternatives…

Le pacte avec le diable. De saint Augustin à David Bowie

Philosophe, historien dont les essais interrogent les marges, les traits passés sous silence de l’Histoire ( Les illuminati, Les templiers, La religion d’Hitler , Treize complots qui ont fait l’histoire , Himmler et le Graal … ), Arnaud de la Croix analyse dans Le pacte avec le diable la généalogie du motif d’un commerce avec les démons. Apparaissant dans l’œuvre de saint Augustin, l’idée du pacte diabolique se transforme dans ses attendus au fil des siècles, recouvrant diverses pratiques. Dans le chef de l’évêque d’Hippone, père de l’Église, auteur de La cité de Dieu , l’accusation d’entente avec le prince des ténèbres revêt un sens stratégique : à l’heure où, au 4e, 5e siècle, la chrétienté doit affermir ses bases et triompher des restes de paganisme, la condamnation des accointances avec les forces obscures vise à extirper les reliquats du polythéisme romain. Comment rendre compte de la présence du mal sur la terre ? Soit, Dieu est tout-puissant, mais dès lors responsable du mal, soit il est tout-bon, dès lors partiellement impuissant, le mal venant de l’homme. Pour Augustin, dotée d’un libre-arbitre, la créature peut pécher, s’adonner au mal dont l’une des formes se nomme magie, commerce avec les démons. Au Moyen Âge, les cas d’allégeance au démon qu’Arnaud de la Croix étudie (l’évêque Basile, Théophile, Gilles de Rais…) montrent que l’emprise n’est pas irréversible. Celui qui rompt avec la communauté des hommes, en transgresse les lois pour pactiser avec le malin en vue d’un intérêt personnel (omniscience, réalisation des désirs…) peut réintégrer le giron de l’Église moyennant repentirs et brisure du pacte. La pensée de Saint Paul selon laquelle «  la loi crée le péché  » peut-elle mutatis mutandis se prolonger dans une dialectique de Dieu et du Diable ? L’affirmation de Dieu entraîne-t-elle logiquement celle du Diable ? Comme l’écrit l’auteur, peut-on croire au diable sans croire en Dieu ? Et, inversement, croire en Dieu sans avaliser l’existence du diable ?La séduction du prince des ténèbres, la fascination pour les forces obscures n'ont pas disparu, loin de là. Dans cet ouvrage, Arnaud de la Croix retrace l'histoire inédite d'un pacte qui a traversé les siècles et découvre, derrière les légendes ou les cas bien réels, les raisons qui ont conduit les uns à imaginer et les autres à signer un engagement avec le démon, personnification du mal. Apparu chez saint Augustin vers 427, le thème du pacte avec le diable vise d'abord ceux qui, dans un monde en voie de christianisation, s'adonnent encore à des rites magiques païens. Au Moyen Âge, avec Thomas d'Aquin, ce sont les magiciens savants, praticiens de l'alchimie ou invocateurs d'esprits, qui sont à leur tour incriminés. Le véritable Faust, mage de la Renaissance allemande, sera le plus célèbre mais aussi le plus méconnu d'entre eux. Aux XVIe et XVIIe siècles, les sorciers et sorcières populaires, par milliers, sont soupçonnés de s'être voués à Satan. Au XXe siècle, le blues et le rock, de Robert Johnson à David Bowie en passant par les Rolling Stones et Led Zeppelin, sont également suspects d'accointance…

Cette soif inassouvie d’une vie à changer : De la "Grève du siècle" à l'Estro armonico

Récemment, ici-même, nous avons eu l’opportunité de chroniquer Personne et les autres , un essai récent à propos d’André Frankin et de l’Internationale Situationniste où Guy Debord, Raoul Vaneigem et tant d’autres tentaient, en relation avec la Revue et le Mouvement Socialisme et Barbarie (de 1947 à 1965), de défaire toute légitimité au totalitarisme et au communisme en particulier. Frédéric Thomas (co-auteur, avec François Coadou, de Personne et les autres ) poursuit son analyse de ce temps qui se voulait révolutionnaire et qui, dans l’écart de plus d’un demi-siècle, formule les perspectives des utopies, des actions et des échecs historiques de ce mouvement radical. Frédéric Thomas nous livre ici un témoignage vif et roboratif.Pour qui souhaite comprendre cette étape essentielle dans l’histoire du Mouvement ouvrier que fut la Grande grève de l’hiver 60-61 en Belgique (Contré entre autres, la Loi unique), ce livre est un jalon précieux. On parla alors de la Grève du siècle et du « projet » de constituer le P.O.B. (Pouvoir ouvrier belge).C’était aussi le temps de l’émancipation du Congo belge et de son Indépendance, le temps des guerres coloniales, des grèves régulières dans les appareils de production et Frédéric Thomas éclaire et pose, avec une belle conscience de l’utopie et de la perte, ce que fut cette période pour ces militants au croisement de l’Internationale Situationniste et de Socialisme ou Barbarie.La question de  l’insoumission des masses au pouvoir apparaît aujourd’hui comme une posture difficile à tenir… Les paramètres historiques, la mondialisation, la Chute du Mur, les circonstances géopolitiques ont changé et Cette soif inassouvie d’une vie à changer vient mettre d’une certaine façon l’éclairage – et avec quelle acuité – sur cette transition des deuils.Les mois qui suivent la «Grève du siècle» de l’hiver 1960-1961 seront ceux de bouleversements importants dans l’histoire politique et sociale de la Belgique.Dans cette constellation politique, philosophique mais aussi artistique, un café apparaît comme l’ «  auberge espagnole de la Révolution  », L’Estro armonico .Dans un long et passionnant entretien avec Frédéric Thomas, Clairette Schock , cofondatrice de ce café-club privé situé à Forest, développe avec émotion et précision ce que fut ce lieu où se croisèrent Guy Debord et Raoul Vaneigem, Louis Scutenaire ou Jacques Richez, Jo Dekmine ou Francis Blanche… Par ailleurs, Raoul Vaneigem livre une postface étonnante et amicale et l’ouvrage se clôture sur un truculent pamphlet, signé Robert Dehoux/Clairette Schock.Quand le surréalisme donne la main, c’est la Belgique que l’on retrouve en filigrane…Il serait stérile de ne voir en cette époque qu’une suite d’utopies et de voies de garage de ce que l’on nomme le « réformisme », tant les idées développées alors se retrouvent, dans une autre langage et sous les formes de nos temps numériques et bientôt d’I.A. (Intelligence artificielle), dans les mouvementa de tous ordres en résistance et réplique aux fracas sociaux et éthiques du Global Monde. Daniel Simon Qui connaît le P.O.B ? Non, pas le Parti ouvrier belge, ancêtre du Parti socialiste, créé en 1885. Mais : le POUVOIR ouvrier belge, en 1961. Qui connaît l’Estro armonico ? Non, pas les suites de concertos de Vivaldi. Mais : un bistrot un peu fou et révolutionnaire dans un quartier huppé de Bruxelles, en 1961. Fréquenté par Debord, Vaneigem, les surréalistes et la faune artistique de ces années-là. 1960 : la Belgique perd sa royale colonie et son prestige pâlit. Hiver 60-61 : cinq semaines de grève insurrectionnelle agitent le pays. La grève,…