De toutes les émotions de ma vie, il y en a peu d’aussi puissantes que lorsque je suis au seuil d’un univers romanesque, lorsqu’il a pris corps à la distance de la tentation. Je suis alors impatient de savoir ce qui va s’y passer et tenu de contenir mon impatience au risque de précipiter le déroulement des choses et finalement de ne plus rien voir. J’éprouve aussi le sentiment que tout est possible même si l’expérience m’a appris que la narration n’aura qu’un étroit chemin à tracer. Qu’importe, j’ai l’impression d’être à ce moment-là au plus beau, au plus généreux moment du théâtre lorsque les lumières de la salle s’éteignent et que s’approfondit le silence avant l’entrée en scène des acteurs. Ou mieux : je suis au seuil d’une nouvelle vie, plus confondante, plus saisissante que toutes les autres.
La Chaire de poétique de l’Université catholique de Louvain a pour objectif de compléter l’étude des textes littéraires par une approche attentive de la genèse des oeuvres, du geste créateur qui leur a peu à peu donné forme. Un tel enseignement ne peut être confié qu’aux témoins privilégiés de cette gestation : les poètes, les romanciers, les dramaturges, tous ceux qui ont acquis une expérience concrète de ce qui restera toujours, pour une part, « le mystère de la création ».
Auteur de Les voix et les ombres
Ecrivain belge d'expression française, L. Scutenaire était très lié avec les groupes surréalistes…
Les influences anglo-saxonnes sur les lettres françaises de 1850 à 1880
À propos du livre Cette étude voudrait retracer l'action générale des influences anglo-saxonnes sur nos Lettres françaises de Belgique, de 1850 à 1880. L'Angleterre victorienne resplendit alors; les États-Unis conquièrent leur rang, imposent leur génie ; notre littérature, elle, malgré Van Hasselt, de Coster, Pirmez, semble marquer à peine sur la carte du Réalisme international. Il semble même que des temps ingrats soient revenus pour l'art, après ces années de 1815 à 1850, dont M. Gustave Chartier, dans Le Mouvement romantique en Belgique, a entrepris de révéler tout l'intérêt, montrant le dynamisme des influences étrangères et, parmi elles, des anglo-saxonnes. C'est le destin de ces dernières que nous suivons au cours des trois décades qui nous séparent encore de la Jeune-Belgique. Nous tenterons de dire leur sens dans sa plénitude, tel que nous le démêlons de l'écheveau cosmopolite et comme nous l'a livré l'analyse d'une vie intellectuelle, où littérature, philosophie et politique…