Osgar est revenu hier sur sa théorie. Ici, les innocents sont mis en prison. En Occident, on y met les coupables ou ceux qu’on estime comme tels. Je lui ai demandé pourquoi. Tu sais ce qu’il m’a répondu ? Il m’a dit : « Nous sommes innocents, c’est pour cela que nous sommes dans cette prison, afin d’être en sécurité. »
Les Juges Pénitents sont quatre ou cinq – selon les interprétations du texte. Ils habitent tous la même cellule. Ils discutent entre eux, mettent au point des projets d’évasion. Chacun occupe une place dans la réflexion que mène un seul cerveau – celui d’une littérature qui, à force de s’auto-citer, finit par se saisir en décalage, à perdre sa gravité pour un joyeux bavardage.
Auteur de Les juges pénitents
Monsieur Satie : L'homme qui avait un petit piano dans la tête
Pour découvrir l'oeuvre d'Erik Satie à travers une histoire et des extraits des plus célèbres pièces du compositeur. Mélancolique et triste à souhait, cet album-CD n’en est pas moins magnifique. Parler d’Erik Satie - le solitaire, le marginal, l’excentrique souvent incompris -impliquait un ton décalé, gentiment moqueur et grinçant, que rend très bien la voix du récitant François Morel (qui doit sa célébrité, rappelons-le, à l’émission télévisée des Deschiens sur Canal +). Ce n’est pas une araignée au plafond mais juste un petit piano que Monsieur Satie a dans la tête. Les notes de musique y trottent, y vagabondent sans relâche. Il est audacieux, anticonformiste, se moque du wagnérisme et des vaniteux. De son cœur s’échappent des mélodies simples pour rêveurs et poètes, un public qui lui ressemble. « Monsieur Satie parle parfois à la lune. » Et parfois aussi, « Monsieur Satie met son smoking pour écrire une partition. » Il compose, explore, mélange les genres au risque d’être méprisé. Certains l’admirent cependant, comme Cocteau ou Picasso. L’illustratrice Elodie Nouhen évoque bien l’esprit des surréalistes et la solitude du petit monsieur perdu dans le tourbillon des notes. Touches de piano, métronome, partitions…sont surdimensionnés par rapport au musicien qui ne semble pas plus haut que trois chapeaux. Ce que Raymond Lulle appelait « la tristesse par surabondance de pensée » s’applique…