Depuis ses origines, la littérature belge a développé une relation privilégiée avec la ville. Pas simplement comme élément décoratif, comme arrière-plan, mais comme matrice à partir de laquelle une écriture peut naître, proliférer et donner à voir, parfois, quelque chose qui ressemble à une identité, à un « lieu commun » au sens propre. *
Il ne faut certainement pas s’en étonner: dans un pays qui éprouve toutes les peines à concevoir jusqu’à sa simple réalité, la cité semble constituer une sorte d’horizon ultime de déploiement et la littérature de trouver là son terrain privilégié, le cadre propre à contenir ses légitimes aspirations.
Dès le début également, les écrivains qui s’en emparent n’occultent pas son inquiétante étrangeté. Verhaeren, dans son recueil Les villes tentaculaires paru en 1895, décrit en détail les rapports de force qui s’y jouent, l’anonymat qui y règne, les usines qui l’inondent de leurs fumées…