Des nouvelles âpres ou cyniques, dont le ton cruel ou cru cache des âmes écorchées, à vif. Des portraits brossés vivement dans une matière brute, entre Egon Schiele et Toulouse-Lautrec. Des vies faufilées, des ourlets déchirés, lambeaux de chair ou de tissu qui voilent ou qui révèlent, illuminés çà et là par un humour truculent, rabelaisien, salvateur.
L’auteure a assassiné beaucoup de personnages dans son premier recueil, Le manège des amertumes (Quadrature, 2013). Elle les érafle, affame, insulte et caresse dans le deuxième, avec une grande part de dérision. Les gens sans histoire, les secrets, les failles sont ses récurrences.
Auteur de Les blondes à forte poitrine
Comédienne, prof, chef en sa cuisine, maman, pourquoi choisir ? Un jour, Isabelle Baldacchino s’est réveillée écrivain, nourrie par tous ses chemins de vie, intriguée par les existences sublimes des petites gens. L’imaginaire passe les frontières et c’est dans les ateliers d’écriture qu’elle tente de cultiver sa petite plantation de mots.
Clap première : « Ce soir aussi, elle entre dans le bar. Elle y va chaque semaine écouter la musique, écouter les piliers, écouter les verres plaqués sur les tables, les conversations sans mots, les rires, les bourdonnements des voix. » Ana s’installe sur une chaise haute près du zinc, vigilante quant à sa posture, très apprêtée pour parer aux stigmates de l’âge. Silencieuse, elle enfile les Martini, observe les clients, s’enfonce doucement dans les vapeurs de l’alcool et de pathétiques fantasmes.Clap deuxième : une grand-mère aux fesses rivées à un fauteuil roulant et emballées dans des couches-culottes, s’époumone dans un enfermement abyssal : un Locked-in Syndrom qui transforme ses pensées fielleusement claires en une…