Auteur de L’énigme du « Redoutable »
Sous ce nom de plume, Pierre-Marie Dumont-Saint Martin, musicien confirmé, revisite la guerre de 14-18 avec une fiction romanesque certes, mais largement guidée par l’Histoire – une de ses passions – et par des souvenirs et des témoignages rapportés au sein de sa propre famille. Récit d’aventures et d’initiation, porté par les jeunes épaules de Gérard Vandervelde, musicien lui aussi, et déjà flûtiste de talent, engagé à dix-sept ans par l’orchestre symphonique de Liège (sa ville natale tout comme celle de l’auteur). On est en 1914. La guerre va se charger de maculer la partition et Gérard la découvre de la façon la plus horrible qui soit en assistant, lors d’une rencontre fortuite avec les premiers envahisseurs, à la torture et à l’exécution de Marcel Kerff, gloire du cyclisme belge, avec lequel il cheminait joyeusement à moto. Plus tard, lors des massacres de Namur et Dinant, c’est Richard, son meilleur ami, qui est abattu avant que ne disparaisse aussi Elise, la sœur de Richard, dont il était épris. C’est sur ce préalable calamiteux que s’amorcent l’errance solitaire et les tribulations du jeune civil à travers ce conflit mondial qu’il vit sous le signe de l’audace mais aussi de l’amitié. À commencer par celle quasi fusionnelle qui le lie à Donner, un superbe étalon de race, transfuge des lignes allemandes où il était maltraité, et qui restera tout au long de la guerre son fidèle complice. Au point de jouer avec lui au football et de faire de son cavalier un as de la voltige. Ce que Gérard deviendra aussi en plein ciel grâce aux enseignements et à l’amitié tendrement amoureuse de la célèbre et très réelle Hélène Dutrieu, première aviatrice belge, championne de cyclisme, couverte de récompenses internationales dans les deux disciplines et, durant ce temps de guerre, directrice des ambulances, notamment au Val de Grâce. Et voilà comment Gérard Vandervelde deviendra un des plus redoutables pilotes de combat, multipliant les victoires sur les adversaires allemands (dont le meilleur qui, après l’affrontement, deviendra son ami et jouera un rôle important dans son avenir). Le seul regret de cette terreur du ciel reste de n’avoir pu descendre Manfred von Richthofen, le fameux « baron rouge », vu qu’à cette époque le travail avait déjà été fait par un collègue…Et c’est bien un des paradoxes de ce récit que de voir ce jeune homme déjà aussi talentueux en musique qu’en cyclisme ou en équitation, vivre des événements souvent atroces et périlleux tout en courant de réussite en réussite sur le plan personnel. À l’exception, majeure il est vrai, de ses premières amours contrariées à plusieurs reprises par le sort. Même si la fin s’éclaire d’une possible lumière à l’enseigne musicale d’un nocturne de Field.Cela dit, la pluralité de P.M. Dumont-Saint Martin n’est pas en reste dans ce livre où romantisme, réalisme et Histoire, portés par une écriture efficace, s’accompagnent d’une technicité parfois proche de la minutie. Qu’il s’agisse des stratégies mises en place de part et d’autre, des faits de guerre proprement dits, de musique et d’instruments folkloriques, de sport équestre, de praxis sexuelle ou d’aviation (avec, entre autres, des pages quasi didactiques sur l’apprentissage du pilotage ou de l’art de l’esquive lors des affrontements aériens).D’autre part, dans une annexe au récit, l’auteur prend position sur le rôle qu’aurait joué l’intransigeance des Alliés (Traité de Versailles) dans les origines de la Seconde Guerre. Selon lui, et contrairement au propos de nombreux historiens, il ne s’agirait en rien d’un désir de vengeance, mais de la logique d’une orientation politique déjà bien installée dès le XIXe siècle : ce pangermanisme encore et toujours relayé par les bellicistes des hauts commandements.Quant aux irruptions de personnages réels dans le roman, – politesse de l’auteur – elles sont avalisées in fine par des notices détaillées sur « ce qu’ils sont devenus ».…
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