L’échiquier


RÉSUMÉ

Au cours d’une partie d’échecs, l’écrivain affronte celui qu’il a été dans son enfance, son adolescence et sa jeunesse. Le temps devient adversaire tandis que la mémoire est une alliée. Il évoque également sa découverte et sa passion pour ce jeu.





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Le Carnet et les Instants

Cela pourrait commencer par une case, ou une date, la soirée du 12 mars 2020, et un lieu, Bruxelles. La première ministre belge vient d’annoncer le confinement du pays, pour cause de Covid. Quatre jours plus tard, c’est le cas également chez nos voisins français. Et l’on pourrait penser, ouvrant L’échiquier, nouveau livre de Jean-Philippe Toussaint, qu’il a cédé comme tant d’autres, écrivains, artistes, musiciens, scientifiques, chroniqueurs… à la tentation compréhensible de raconter son histoire du Covid, cet envahissement inconnu jusque là – ses tragédies et les bouleversements en chaîne de nos comportements pour y faire face.Sauf que, Jean-Philippe Toussaint le rappelle dans une réponse (argumentée mais…


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Dictionnaire des écrivains gastronomes : De Apollinaire à Zola

Jean-Baptiste Baronian est un écrivain prolixe. Et, dans sa bibliographie, on compte plusieurs dictionnaires, dont le Dictionnaire Rimbaud (Bouquins, Laffont, 2014) et le formidable Dictionnaire amoureux de la Belgique (Plon, 2015). À travers ses essais, biographies et anthologies, il a côtoyé bien des écrivains et partagé son admiration pour leur travail. Il a développé une connaissance bien souvent intime de ces auteurs, offrant des perspectives inédites sur leurs œuvres. C’est encore le cas avec ce beau volume, joliment pensé par l’éditeur en lui prêtant une facture bibliophilique à la jolie tranche orangée. À sa lecture, on imagine également que la gastronomie figure parmi les plaisirs incontournables de Baronian. Bonne chère et bons vins riment ici avec culture et érudition. Jean-Baptiste Baronian s’est déjà invité à la table des écrivains en détaillant les découvertes culinaires, notamment belges, de Baudelaire dans un ouvrage collectif, La cuisine de nos écrivains , publié cette année par l’Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique (ARLLFB) dont Baronian est sociétaire. Cet ouvrage reprend les actes du colloque organisé en octobre 2021 par la vénérable institution à l’occasion de son centenaire. En 2019, c’est un Dictionnaire de la gastronomie et de la cuisine belges que Baronian proposait aux éditions du Rouergue.Dans son introduction au Dictionnaire des écrivains gastronomes , Baronian précise y avoir réuni «  à un degré ou à un autre, des culinographes ou des gastrologues  (…)  qui se sont intéressés de près à la bonne chère ou à la dive bouteille, ou qui ont publié des œuvres possédant de profondes affinités avec la gastronomie et l’œnophilie.  » On y ajoutera la zythologie, puisque nous sommes en Belgique. De quoi nous mettre l’eau à la bouche. On pourra d’ailleurs déguster l’ensemble en suivant le menu concocté par l’auteur ou picorer comme bon nous semble au buffet dressé par lui.Parmi les auteurs et autrices (plus rares) d’expression française ou traduits en français conviés à ce banquet aussi baronianesque que gargantuesque figurent des grands noms comme Apollinaire, Baudelaire, Balzac, Colette, Dumas, Érasme, Flaubert, Giono, Michel Thomas alias Houellebecq, Huysmans, Proust, Rabelais, George Sand, Stendhal ou Zola mais aussi, comme Baronian les qualifie lui-même, «  des seconds couteaux  » ou «  des inconnus, des oubliés, des dédaignés, des abandonnés sur le bord des chemins si empruntés et si encombrés de l’histoire littéraire  ». De Marc-Antoine Désaugiers le goguettier, Jean Grand, Charles Moncet, Joseph de Pesquidoux, Horace-Napoléon Raisson, Jean Richepin, Marcel Rouff, auteur du plus grand roman gastronomique, Maurice Rollinat, Laurent Tailhade, Baronian suit ici ses affinités littéraires, manifestant un goût prononcé pour les marges et les petits maîtres du 19e siècle. Et parmi les écrivains célèbres, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir un auteur comme Murakami. Baronian s’appuie aussi sur ses connaissances de la littérature policière et épingle les goûts culinaires ou pour la dive bouteille de quelques Américains. On s’en voudrait de ne pas mentionner, en se limitant à leur nom qui est déjà tout un programme, les deux premiers culinographes français, Joseph de Berchoux et Charles Louis Cadet de Gassicourt ! Plus proche de nous, on croisera le médiatique Jean-Pierre Coffe. Carnet et les Instants oblige, nous mentionnerons nos compatriotes. Baronian évoque ainsi Jean Claude Bologne, romancier et auteur de multiples essais, dont une Histoire des cafés et des cafetiers , Louis Delattre, qui fut membre de notre Académie et signa des livres comme L’art de manger , Marie Delcourt, à qui l’on doit une Méthode de cuisine à l’usage des personnes intelligentes , Christopher Gérard, gourmet piéton dans Aux Armes de Bruxelles , Robert Goffin et ses Routes de la gourmandise , le secrétaire perpétuel de l’ARLLFB et poète Yves Namur et ses expériences gustatives réelles poétisées dans La petite cuisine bleue agrémentée de tout un jeu de métaphores autour de plats divers, Maurice des Ombiaux, le plus sensuel de tous les chantres du vin et des arts de la table selon notre chroniqueur, qu’il considère comme un des maîtres de l’histoire moderne de la gastronomie et qui failli être prince des gastronomes en France, la plume regrettée de Jean-Claude Pirotte, dont Les contes bleus du vin restent «  des bijoux d’œnophilie sentimentale  », sans oublier son Expédition nocturne autour de ma cave , et enfin Simenon (incontournable sous la plume de Baronian) où l’on découvre un commissaire Maigret absorbant moult quantité d’alcools dont un étonnant mandarin-curaçao ou d’aussi étonnantes « imitations d’absinthe  », en apéritif à des plats traditionnels.Jean-Baptiste Baronian s’est fixé pour objectif de nous montrer que «  Le plaisir de manger et de boire passe par l’esprit et par l’imaginaire. Et aussi par les mots. La magie des mots.  » Son pari est amplement réussi. On s’en voudrait de conclure sans mentionner l’illustratrice, Gabrielle Lavoir , aka Lulu d’Ardis, autrice du blog Mondanités et fumisteries publié par LeMonde.fr, qui apporte une touche très 19e à l’ouvrage à travers ses caricatures d’écrivains qui ne manquent pas de sel comme le montre déjà la couverture. Michel Torrekens Plus d’information On mange et on boit, parfois beaucoup, dans les romans, mais surtout, la façon dont les personnages s’y restaurent n’est en rien le fruit du hasard. Dans un livre à l’érudition réjouissante, Jean-Baptiste Baronian nous invite à nous mettre à table avec les héros de nos auteurs préférés et à en  découvrir bien d’autres. L’occasion d’apprécier différemment les classiques des géants des lettres comme les œuvres savoureuses d’écrivains parfois oubliés, le tout sous la forme commode d’un dictionnaire qui fait résonner l’histoire de la littérature avec celle de la gastronomie. 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Tout est paysage : Monet, Twombly, Klee, Tàpies, Music, Mondrian, Morandi, Staël

Une certaine disparate, à première vue, règne dans le dernier livre de Stéphane Lambert , consacré à la peinture. D’abord, les neuf textes rassemblés ont paru précédemment à des dates et dans des circonstances bien différentes : exposition, revue, brochure-spectacle, mise en ligne, catalogue. Ensuite, les œuvres commentées relèvent d’époques, de pays et surtout de genres éloignés, même à invoquer la brumeuse notion de « modernité » : C. Monet, Cy Twombly, P. Klee, A. Tàpies, Z. Mušič, P. Mondrian, G. Morandi, N. de Staël. De plus, le nombre de pages consacré à chaque artiste va de quarante-et-une pour Monet à une seule pour Klee ou Mondrian… Certes, le thème du « paysage » retenu pour titre est censé constituer le commun dénominateur du recueil, mais sa pertinence ne saute pas aux yeux quand il s’agit notamment de peintres comme Twombly, Mondrian ou Morandi. L’ Avant-propos nous éclaire ici quelque peu : «  tout est paysage  » est une phrase de J. Dubuffet indiquant que «  tout est composition, tout est quête d’une unité perdue, tout est signes assemblés, tout est matière à être embrassé du regard, à interroger le vivant au-delà de soi-même  ». Comme le montrent les tableaux sélectionnés, très proches de l’abstrait, «  paysage  » ne désigne donc pas pour l’auteur tel genre bien connu, mais une métaphore de l’œuvre plastique en tant qu’elle ouvre le monde «  à des entendements insoupçonnés qui nous font voir dans la noirceur d’autres nuances que pure noirceur  », en tant qu’elle est essentiellement «  dépassement  ».Ce qui fait l’unité du livre, on le découvre peu à peu, n’est autre que la démarche même de l’essayiste, une démarche qui se confond étroitement avec le travail de l’écriture. S. Lambert s’inscrit dans une longue lignée d’écrivains critiques d’art – qui ne s’inféodent ni à l’histoire, ni au biographisme, ni à la psychocritique, ni à l’esthétique pure, mais questionnent l’œuvre pour y lever des significations discrètes, voire secrètes, permettant d’entrevoir quelque chose de sa « vérité ». Quête de la plus aigüe perspicacité, si l’on veut. «  Est-ce bien comme cela qu’une œuvre s’appréhende, et que sait-on encore à présent de la manière d’appréhender ?  » lit-on à propos de Twombly – et, à propos de Tàpies : «  ses œuvres avaient toujours eu sur moi le même effet premier, me stupéfier, abolir tout raisonnement, m’inclure passivement dans leur manifestation  ». Ainsi l’essayiste interroge-t-il sa propre pratique autant que celle de l’artiste qui requiert son attention : «  mais pourquoi chercher, et chercher encore, à percer l’intention du peintre, à comprendre ce qu’il avait cherché à faire, – l’avait-il jamais su, lui ?  » L’intention de l’artiste, en effet, n’est pas chose qui devrait fort nous requérir, en ce qu’elle est par nature hors d’atteinte, nous réduisant à des hypothèses hasardeuses. Seuls importent les effets sensuels et mentaux que le tableau est susceptible de produire sur le spectateur, l’expérience et la réceptivité de celui-ci jouant en l’occurrence un rôle névralgique.Les textes de S. Lambert font une place insistante à la dimension géographique de sa recherche. À propos de Monet, il remémore sa visite des deux salles de l’Orangerie à Paris ; à propos de Twombly, sa déambulation à Gaeta ; Tàpies l’amène à Barcelone, Mušič à Gorizia, Morandi à Bologne. Concernant Mondrian, il évoque Paris et New-York, la Provence pour N. de Staël. Il semblerait que le cheminement dans la complexité des œuvres doive se doubler de parcours dans l’espace, l’esprit et le corps s’animant ainsi de mouvements analogues, un peu dans la tradition des pèlerinages : non pas en savoir davantage, mais mieux apprendre ce qu’on cherche soi-même. Si l’auteur ne le formule pas explicitement, le véritable objet de sa quête se dessine au fil des pages : qu’est-ce que créer, en peinture ? Le début du texte sur N. de Staël constitue à cet égard un moment privilégié : «  se rapprocher toujours plus de la vision que l’on porte  », «  lutter en vue d’une pacification  », «  préserver cette grâce d’être atteint au fond de soi », « se délester de l’inessentiel  ». Mais le livre tout entier se tend du même effort un peu fébrile, l’écrivain venant en quelque sorte au secours du peintre pour approcher ce qui, au cœur même du travail pictural, ne cesse de se dérober. Tout est paysage , en ce sens, n’est pas un livre de savoir : plutôt un brillant exercice langagier dans lequel il s’agit, par la magie de l’écriture, de traquer un secret dans ses derniers retranchements. « Tout est littérature », serait-on tenté de parodier, puisque, avec l’émotion, le tableau ne trouve pas son accomplissement ailleurs que dans le verbal…