Le vocabulaire professionnel du Houilleur borain. Étude dialectologique



À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Ruelle
Auteur de Le vocabulaire professionnel du Houilleur borain. Étude dialectologique
Pierre Ruelle naît le 10 avril 1911 à Pâturages, où il passe son enfance et sa jeunesse dans un coron de houilleurs. Après des études à l'École normale de Mons, il est instituteur dans sa commune natale de 1930 à 1940. Ayant obtenu le diplôme de régent littéraire à Nivelles en 1937, il est instituteur à l'École d'application de Mons lorsque la guerre éclate. Il est mobilisé, est fait prisonnier pendant plusieurs mois, puis se lance dans la résistance armée à partir de 1942 et est rédacteur-éditeur du journal clandestin Mouette. Il enseigne ensuite à l'École normale moyenne de l'État de Mons. Il obtient une licence en philologie romane à l'Université libre de Bruxelles en 1948 et un doctorat en 1957. Il est aussi chargé de cours à l'Institut supérieur de commerce Warocqué de Mons à partir de 1954. En 1958, il devient professeur à plein temps de l'Université libre de Bruxelles, où il est chargé notamment du cours de grammaire historique du français, des exercices philologiques sur le français, des explications de textes français du Moyen Âge et des explications d'auteurs provençaux. Son mémoire de licence, une étude dialectologique sur Le vocabulaire professionnel du houilleur borain, est publié par l'Académie royale de langue et de littérature françaises en 1953 et réédité en 1982. C'est le début d'une longue série d'études remarquables sous forme de livres ou d'articles que Pierre Ruelle consacrera à son dialecte, auquel il demeurera très attaché. Sa thèse de doctorat, publiée en 1960, est une édition critique de Huon de Bordeaux. Celle-ci a été très favorablement accueillie dans le monde scientifique. Plusieurs autres éditions critiques suivront. Quelques-unes portent sur des textes d'archives : Actes d'intérêt privé conservés aux Archives de l'État à Mons (1316-1433) et Trente et un chirographes tournaisiens (1282-1366) (1962), Chartes en langue française antérieures à 1271 conservées dans la province de Hainaut (1984). D'autres portent sur des textes littéraires : Les Congés d'Arras (1965), Les Dits du clerc de Vaudoy (1969), Le Besant de Dieu de Guillaume le clerc de Normandie (1973), L'Ésope de Julien Macho (1982), Le Dialogue des créatures Traduction par Colart Mansion (1482) du Dialogus creaturarum (1985), Les Apologues de Guillaume Tardif et les Facetiae morales de Laurent Valla (1986), Les fables du Speculum historiale (sous presse). Pierre Ruelle estimait que les textes qui n'ont qu'une valeur littéraire très mince ou nulle peuvent nous apporter sur la pensée ou la langue de l'époque des renseignements aussi précieux que les chefs-d'œuvre de la littérature. Ainsi il édite, en 1967, L'Ornement des dames (Ornatus mulierum), texte anglo-normand du XIIIe siècle, qui est un recueil de recettes de beauté féminine. Il choisit d'éditer des textes difficiles, où prime la recherche philologique. Dès 1964, l'activité philologique de Pierre Ruelle dans le domaine de la linguistique historique du français et de l'histoire littéraire médiévale se déploie par des contributions régulières à des ouvrages collectifs, à des mélanges et à des revues scientifiques. Il fait notamment des articles sur chignon (1964), sur la langue du Renart Découvert (1966), sur souvent (1973), sur l'origine de débiner (1974), sur les synonymes dans Le Dialogue des créatures (1984), sur le lexique des Isopets (1980); il fournit des notices sur le cycle de Huon de Bordeaux (1964), sur la littérature courtoise et les fabliaux (1977), sur l'Isopet de Chartres (1978), sur le personnage de Raoul dans Raoul de Cambrai (1980). Il devient membre de la Commission royale de toponymie et de dialectologie en 1965. Il y présente une dizaine de communications. L'une d'elles constitue le tome 14 des Mémoires de la Commission et concerne Les noms de veines de charbon dans le Borinage (XVe-XVIe s.). Pierre Ruelle s'intéresse surtout au vocabulaire et à la syntaxe du borain. Il s'est occupé de la Toponymie souterraine d'un bassin houiller (1969) et a écrit quelques notes sur Les noms des communes du Borinage (1988). Il est impossible de citer toutes ses contributions sur le borain. Elles ont été publiées dans des revues telles que Les Dialectes belgo-romans, Les Dialectes de Wallonie, Nos patois du Nord, La Vie wallonne, etc. Elles concernent entre autres la négation (1964), les mots latins (1972), les jurons (1978), les archaïsmes syntaxiques (1980), les termes de comparaison (1981), les noms de parties du corps (1983), l'expression du doute, de l'incrédulité, de l'incertitude (1984), le picard de Wallonie (1992). Il a recueilli des proverbes borains (1969). Cinq petits volumes, publiés à Mons, de 1979 à 1992, réunissent des notes groupées autour d'un thème, sous le titre Dites-moi, d'où viennent donc ces mots borains? Pierre Ruelle a réussi ici à rendre accessible une discipline qui, présentée d'une autre façon, garderait toute son aridité. Élu membre au titre philologique de l'Académie de langue et de littérature françaises le 11 janvier 1975, il est reçu par Willy Bal le 8 novembre. Il est lauréat du prix de La Grange de l'Académie des inscriptions et belles-lettres à Paris en 1976 et lauréat de la Pensée wallonne en 1987. Un volume de Mélanges est offert à Pierre Ruelle (et à Maurice-A. Arnould) en 1981, à l'occasion de leur éméritat. C'est en témoin émouvant qu'il nous fait connaître Une enfance boraine vers 1920 (1977) et Le Borinage de 1925 à 1933 (1984). Il a lui-même enregistré sur bande magnétique Quatre contes borains, fondés sur la tradition locale. Ceux-ci, pensés et écrits en borain, ont été publiés dans Tradition wallonne. Très attaché à la Wallonie, dont il avait pris 1a défense en maintes occasions, il était depuis toujours conscient d'appartenir à la France, où il se sentait chez lui. Son ouvrage Un certain amour de la France (1988) en témoigne, ainsi que ses nombreux discours affirmant les raisons de son adhésion au mouvement Retour à la France. Pierre Ruelle est décédé à Mons le 14 février 1993.

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