Le destin d’Arthur Rimbaud

RÉSUMÉ

in Cahiers Internationaux de Symbolisme, n° 45-46-47

À PROPOS DE L'AUTEUR
Philippe Lekeuche

Auteur de Le destin d’Arthur Rimbaud

BIOGRAPHIE Né à Tournai le 19 janvier 1954, Philippe Lekeuche entame, en 1973, des études de psychologie qui le mèneront jusqu’au doctorat (1978). Chercheur et praticien dans les domaines de la psychologie et de la phénoménologie clinique, il a été, à l’Université catholique de Louvain, l’assistant du professeur Jacques Schotte, psychiatre et psychanalyste de renommée mondiale. À cette époque déjà, il avait donné un cours magistral sur Les Frères Karamazov de Dostoïevski. Il enseignera dans cette même université et en deviendra, en 2019, professeur émérite. Il est également membre du Psychological Sciences Research Institute et du Centre de Recherche sur l’imaginaire. Il a été aussi l’initiateur d’un cours inter-facultaire intitulé Psychologie, Littérature et Création auquel il invita de nombreux écrivains. Dans ce cadre, il s’est tout particulièrement penché sur le rapport entre la création en art et son approche psychanalytique, dirigeant ainsi des études sur Kafka, Virginia Woolf, Duras, Nietzsche, etc. Philippe Lekeuche écrit ses premiers poèmes à l’âge de douze ans, il découvre et lit assidûment Charles Péguy. Une autre rencontre importante sera celle, en 1968, de Madeleine Gevers, amie intime de Michel de Ghelderode. Elle enseignera au jeune poète, selon ses propres aveux, «tout ce qui peut s’apprendre de l’art poétique». Ses publications de jeunesse — dont Poème de la folie retrouvée — le seront sous pseudonyme (Maurice Carême, en personne, lui conseillera d’abandonner). En 1978, il fait la connaissance d’Albert Ayguesparse qui publie ses poèmes dans la revue Marginales. En 1983, c’est une étude sur Arthur Rimbaud qui paraît dans Les Cahiers internationaux du symbolisme. Il lit, à cette époque, Rilke, Hölderlin, Kierkegaard, Heidegger, Freud ou Nietzsche dont la fréquentation lui aura appris que la pensée véritable est en rapport intime avec la vie. Ce que Hölderlin avait exprimé par : «Celui qui a pensé le plus profond aime le plus vivant.» Mais sa véritable entrée en littérature, il la signe avec le Chant du destin (Cadex, 1987). On en doit la préface à Jacques De Decker qui se demandait s’il s’agissait là d’une poésie philosophique, mais préférait parler de «folie de la possession par le verbe». Jean Tordeur, de son côté, salua le «surgissement d’un poète vraiment nouveau». Et, lorsque parut, dans la collection Feux que dirigeait Liliane Wouters, Si je vis (Éditions Les Éperonniers, 1988), le même Jean Tordeur fut conquis par sa «fièvre questionneuse». Essentiellement poète, il est également l’auteur de nombreux articles sur des poètes et écrivains contemporains. On lui doit, à ce jour, une vingtaine d’ouvrages récompensés par les prix Polak et Jean Kobs de l’Académie, le prix Carême et le prix triennal de poésie, en 1995, pour Celui de rien (Les Éperonniers, 1993). En 2015, la revue Nu(e), sous la direction de Myriam Watthee-Delmotte, lui consacre un numéro spécial où interviennent poètes et universitaires. Après Si je vis, qui avait attiré l’attention sur le nouveau poète qu’il était, Philippe Lekeuche a publié Quatre écoutes du tonnerre (Cadex-Les Éperonniers, 1990), Celui de rien (Éditions Les Éperonniers, 1993), L’Existence poétique (Éditions Cadex, 1995) ou L’État rebelle (Les Éperonniers, 1998). En 2015, les éditions Le Taillis Pré publient, sous le titre L’Éclat noir du désir, un fort volume accompagné d’un avant-dire de l’auteur ; en fait, une version revue et remaniée de Si je vis, Celui de rien et L’État rebelle. On trouve, dans cet ensemble, quelques balises propres à cerner le conscient et l’inconscient du poète. Ainsi écrira-t-il : «Le poète en moi, quand il existe, est plutôt une sorte d’animal poétique» ou «L’Idéal en poésie touche à l’Abîme» quand ce n’est pas «Le poème ne sert pas plus à quelque chose qu’un arbre, qu’une montagne, qu’une rivière». Dans Une vie mélangée (L’Herbe qui tremble, 2014) il écrira même : « La poésie est un couteau dans la chair.» Poète en équilibre instable, entre une chose et son contraire, maniant cette fameuse «loi des contraires» chère à Héraclite d’Ephèse, parfois tourmenté par les êtres et leurs comportements, par la question du comment vivre, il est fortement interpellé par la figure de Dieu qu’il n’hésite pas à injurier. Il faut, d’ailleurs, parler à son propos d’une tragédie de la Foi ou d’un combat spirituel permanent. Ainsi écrit-il dans Celui de rien : «Je me bats tout le temps avec Dieu.» Quant à la Passion du Christ, c’est un sujet qu’il a plus d’une fois traité, que ce soit, sous la forme de sonnets, dans L’Homme traversé (Cadex, 2003) ou dans L’État rebelle (Les Éperonniers, 1998), recueil où le Christ et Dieu se confondent, comme sa foi, ses colères, ses doutes ou ses injures. D’autres recueils jalonnent encore cette œuvre. Citons, par exemple, Le Plus Fou des hommes (Le Taillis Pré, 2008), Le Feu caché (L’Herbe qui tremble, 2008), Le Jour avant le jour (Le Taillis Pré, 2013), préfacé par Liliane Wouters ou Poème à l’impossible (Le Taillis Pré, 2018). Autant de livres qui abordent les failles de l’existence et, pour emprunter ce mot à Novalis, «le réel absolu» fait de l’amour et ses déceptions, la solitude, le désastre ou la mort. Dans Les Lettres françaises, Jean-Claude Hauc écrivait : «L’extrême abandon à ce que nous ignorons et le refus de toute imposture caractérisent depuis toujours la démarche de Lekeuche, faisant songer au courage poétique dont parle Hölderlin.» C’est de la sorte qu’il faut lire cette œuvre. Philippe Lekeuche a été élu le 29 avril 2017 à l’Académie, il y succède à Liliane Wouters.

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Marcel Lecomte. Les alcôves du surréalisme

Marcel Lecomte. Les alcôves du surréalisme , Textes de Paul ARON et Philippe DEWOLF , lettres de René MAGRITTE , préface de Michel DRAGUET, Cahier n°22 des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 144 p., 20 € Exposition jusqu’au 18 février aux M.R.B.A.B., rue de la Régence, 3, 1000 Bruxelles. Une exposition et une publication rappellent le souvenir de Marcel Lecomte, acteur discret du surréalisme en Belgique, écrivain, poète et critique d’art qui publia en 1964 Le Carnet et les Instants – un titre qui accompagne depuis sa naissance la revue de la Promotion des lettres belges. La place de Marcel Lecomte (1900-1966) au sein du surréalisme en Belgique et d’autres mouvements d’avant-garde, est l’une des plus particulières qui soient : à dix-huit ans, il fréquente déjà le poète et graveur dadaïste belge Clément Pansaers, auteur du Pan-Pan au Cul du Nu Nègre . Un peu plus tard, par son entremise, Lecomte publie un premier recueil chez Paul Neuhuys à Anvers. Puis se retrouve, avec Paul Nougé et Camille Goemans, l’un des trois signataires des tracts de Correspondance (1924-1925), avant d’en être éjecté sèchement, car trop enclin à faire œuvre littéraire aux yeux de Nougé. Dès 1922, Lecomte a rencontré René Magritte, qui illustre son recueil Applications en 1925, et que Lecomte accompagnera, malgré une période de brouille, dans tout son parcours de peintre et d’éditeur de revues. Préoccupé de taoïsme et de pensée chinoise, de spiritualité et d’occultisme, tout comme des différentes tendances de l’art moderne, l’écrivain (Nougé ne s’était pas trompé) s’est également approché des œuvres de Léon Spilliaert, René Guiette, Henri Michaux, Rachel Baes ou Jane Graverol. Il est encore tout juste là pour repérer le devenir d’un certain Marcel Broodthaers. Il a donné quantité d’articles et de chroniques sur la littérature et les arts dans un nombre impressionnant de publications – outre une série d’articles de politique internationale, avant-guerre dans Le Rouge et le Noir , et après-guerre, au quotidien populaire La Lanterne , davantage faut-il dire, pour des raisons alimentaires que pour ses compétences d’analyste politique. 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