Une réflexion poétique sur le temps qu’il fait…
Auteur de L'automne en juillet
Partant de ces deux constats : le dérèglement des saisons et les nouveaux rythmes scolaires bousculent le monde des grandes vacances, l’auteur profite de l’occasion pour se poser et faire le point. Le temps présent, le temps de l’Histoire (le plus souvent la petite) et le temps du bilan de vie (la bien nommée quarantaine) donnent sa superstructure à l’ouvrage. Ce recueil est également formé de trois « épisodes » : I. Préquel, II. Impromptus générationnels et III. Séquelles. Ces trois titres riment. Les impromptus se présentent sous forme de textes en prose tandis que les épisodes I et III sont en vers libres. Trois figures sont évoquées : un narrateur principal, observateur et désorienté ; la fille de la rue l’orée…
Les Choses que l’on ne dit pas
Daniel Arnaut entre dans la collection Espace Nord par la publication de deux récits partageant une thématique commune : la figure paternelle. Au début des Choses que l’on ne dit pas (2006), un homme quitte une chambre d’hôpital et tente de se ménager un sas de décompression avant de retourner à l’air hivernal des bien-portants. Il observe, dans le hall principal, les malades et visiteurs qui circulent ou stationnent, et interagit malgré lui avec certains d’entre eux. Il vient de laisser son père sur son lit de mourant. En cinq tableaux, le narrateur évoque la vie qui fuit un corps amaigri et perclus de douleur, la raison qui s’envole d’un esprit vif : sa tête un terrain vague / d’où les idées s’échappent en désordre / comme des animaux hors d’un enclos mal fermé / piétinant furieusement sur leur passage / toute apparence de raison / (et le pire de tout / fils j’ai l’impression de devenir bête / c’est qu’il s’en rend compte) Dans une versification libre et personnelle (sans ponctuation, hormis des parenthèses), il prend notamment acte de la mutabilité du monde et de l’environnement urbain, du cycle des saisons, de la distanciation des rapports familiaux (ascendants comme descendants).Dans Commander et mentir (2016), recueil inédit de quinze longues phrases (constituant chacune un chapitre), on retrouve les mêmes personnages, quelques années avant l’hospitalisation. Le père, à l’aube de sa retraite, est foudroyé par une dépression : « je n’avais pas le souvenir de l’avoir vu auparavant dans un état pareil, même s’il avait un tempérament que définit bien le vieux mot atrabilaire, ou l’expression se faire un sang d’encre, il s’empoisonnait littéralement avec ses idées noires ». Les causes sont multiples et sédimentées, la goutte qui a fait déborder le vase de larmes se condense en une promotion au sein de son usine, Cockerill. De simple manœuvre, il est devenu brigadier, et enfin contremaître sans en avoir ni l’étoffe ni l’envie. Une fin de carrière en total décalage, alourdie de séminaires animés par des psychologues tant investis de l’idéologie managériale que condescendants, et qui ouvre les vannes des frustrations enfouies et de la vulnérabilité… Un contrechant en mineur, sourdement psalmodié, tout de sobriété et de cohérence sur une relation filiale touchante. Samia HAMMAMI ♦ Lire…