Autrice de L’art de conjuguer des hommes mariés
Née le 15 juin 1964 à Namur
Ergothérapie, Bruxelles
Si mes romans sont de pures fictions, ils sont cependant suscités par une émotion profonde et nourris d'éléments vécus. Les thèmes : amour, désir, relation dans la fratrie et parents-enfants, familles monoparentales, deuils violents, solidarité, l'action comme outil face au désarroi. Lauréate d’une Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Aide au projet, 2009, 2012, 2014, 2016, 2018 et 2020 Lauréate d’une Bourse de la Fédération Wallonie-Bruxelles - Aide à la création, 2011
Lauréate du Renaudot 2021 pour Premier sang , Amélie Nothomb ne s’est pas reposée…
« Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. « On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ? » Lire aussi : un extrait de Soren disparu La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. « Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus… »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois. Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…
Iris et Octave ou Les mésaventures de deux jeunes amants qui se croyaient cosmiques
Après une rupture de dix-huit mois, Iris et Octave partent célébrer leurs retrouvailles dans la maison de campagne de Mamimosa, la grand-mère de l’héroïne. Animés par leur désir de fusion et d’intensité, ils s’isolent pour mieux se ressentir, unir leur corps et se gorger de leur passion réciproque.Ayant tous deux plus ou moins 25 ans, ils se sont rencontrés lors de leurs études à l’université. D’un côté, Iris est une belle jeune femme rousse, intense et flamboyante, un brin dépendante des hommes ; de l’autre, Octave est un héros baudelairien sensible, idéaliste et terrifié par l’ennui. Tous deux épris de lecture et de poésie, ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Exaltés par leur soif d’absolu, ils vivent leur amour comme un royaume à conquérir, possédés par leur passion dévorante qui chasse leur ombre, méprisant les besoins pragmatiques du corps, l’essentiel pour eux étant de vivre l’amour comme une expérience esthétique. Lui avait érigé l’amour fidèle et l’abandon de soi au profit de l’autre en valeurs cardinales de l’amour absolu – un amour pur et propre qui relevait presque de la dévotion, et faisait de lui une sorte de Vierge perpétuelle et sacrificielle. L’ambivalence de la condition d’Iris résidait dans le fait que c’était aussi pour cela qu’elle l’aimait. Si elle avait tendance à considérer la multiplicité de ses propres expériences érotiques comme un mal nécessaire, elle espérait les sublimer, par son talent, en bagage d’expériences esthétiques – pourtant logeait en elle, comme un pou furieux et réfractaire, une part de culpabilité et d’admiration pour l’absence de concessions d’Octave lorsqu’il s’agissait de l’aimer. Iris aimait follement – et pourtant ne pouvait s’empêcher de rêvasser d’un ailleurs, où qu’elle fût. Mais dans cette plénitude romantique, où les frontières entre l’un et l’autre s’estompent, où il n’est possible de vivre qu’à travers l’autre, la destructivité les guette. Non loin de là, la haine tapie les suit à la trace… Ses lamentations s’amplifièrent et Octave la regarda, désarmé. Tout son corps de perle était agité de lourds sanglots qui faisaient hoqueter son dos pareil à une coquille d’huître. Il était un peu en colère, bien sûr : elle n’avait pas le droit de lui faire des reproches. Mais Iris semblait tellement persécutée par son chagrin qu’il la prit en pitié et se précipita pour l’embrasser. Au début, elle refusa un peu, balbutiant entre deux sanglots : « Je suis horrible, horrible, va-t’en, je ne te mérite pas, je t’aime, il faut que tu t’en ailles, va-t’en, je suis la pire, je suis horrible, horrible. » Mais, bien vite, ils s’embrassèrent à pleine bouche, à moitié tombés au sol à cause de la précipitation de leur passion. Les pleurs d’Iris se firent plus bas, puis finirent par s’arrêter. « J’ai encore fait un caprice », pensa-t-elle quelque part loin au fond d’elle, tandis qu’elle retenait Octave de les relever. Dans ce premier roman, Alice Hendschel nous donne à lire un presque huis clos dans un style axé sur le détail des émotions à travers le prisme sensoriel. L’intérêt du récit ne réside pas tant dans l’action que dans le portrait des amants et les scènes passées et présentes qui permettent de palper la complexité de leur relation. Lorsque le terreau de l’amour est constitué de passion et de jalousie sans concession, ce dernier se fait tyrannique. Nos jeunes amants s’aiment tellement qu’ils s’aiment mal et se blessent inévitablement. Iris et Octave nous emmène dans les tourments d’un amour fou, où l’anxiété se fait crescendo , où le passé ressurgit inéluctablement, offrant ainsi aux amants deux voies : la destruction ou une possibilité d’individuation. Les amants réussiront-ils à poursuivre leur relation malgré les déchirures passées ? Séverine Radoux Plus d’information Après une longue rupture, Iris et Octave décident d’accorder une dernière chance à leur amour. Et c’est dans un petit village des Ardennes belges qu’ils trouvent refuge, le temps de sceller leurs promesses réciproques. Pour combien de temps ? Ils l’ignorent eux-mêmes. Ainsi, perdus entre champs et forêts et entre Meuse et falaises, Iris et Octave se promènent, font les courses, cherchent l’inspiration, ratent le bus, discutent, boivent de déraison, lisent, font l’amour et pleurent abondamment. Mais toute escapade, si champêtre qu’elle soit, n’empêche pas le monde extérieur d’exister.…