La texture des choses : Contre l’indifférenciation | Objectif plumes

La texture des choses : Contre l’indifférenciation

RÉSUMÉ

Depuis une époque immémoriale, nous sommes entourés d’êtres et de choses – des animaux et des plantes, des objets quotidiens, des bâtiments – qui ont une forme reconnaissable, un certain « visage », et c’est une donnée première de notre expérience. Cela contribue à tisser une « texture des choses » que diverses théories contemporaines, de concert avec certaines forces sociales, s’emploient à défaire ou tendent à nier. (« Il ne faut pas s’imaginer que le monde tourne vers nous un visage lisible », a déclaré Foucault). Ainsi s’effectue peu à peu, de diverses manières, une disparition des formes et un retour à une réalité supposée être originairement un flux indifférencié. Pour s’opposer à cette tendance à la fois intellectuelle et sociale, Jacques Dewitte met en évidence, à travers des lectures serrées, un terrain commun pouvant accueillir à la fois une pensée des apparences vivantes et du tact qu’exige toute classification (Adolf Portmann), un renouveau de la typologie en architecture (Léon Krier), une exigence de faire distinctions conceptuelles dans la théorie sociale et politique (Hannah Arendt), sans oublier une théologie des êtres créés selon leur espèce. Un petit livre fondamental, donc, au sens où il pose les fondements rationnels de l’émerveillement devant un « monde beau et très divers ».

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Philosophe, écrivain, traducteur, auteur entre autres du Pouvoir de la langue et la liberté de l’esprit. Essai sur la résistance au langage totalitaire, de L’exception européenne, de Kolakowski. Le clivage de l’humanité, Jacques Dewitte pose dans son dernier essai La texture des choses. Contre l’indifférenciation, les fondements d’une pensée ontologique qui, s’appuyant sur Aristote, réfute les mutations conceptuelles et sociales actuelles promouvant l’indifférencié. Composé de textes parus il y a une vingtaine d’années et de textes récents, l’essai se présente comme une réflexion ambitieuse sur ce que l’auteur appelle « la texture des choses » ou « la bigarrure de l’Être ».…


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Laurent DE SUTTER , Changer le monde , Observatoire, coll. «  Et après ?», #11, 2020, 38 p., ePub : 1.99 € , ISBN : 979-1-03-291581-3 Ô combien roboratifs en cette époque obtuse s’avèrent les deux derniers essais de Laurent de Sutter, Lettre à Greta Thunberg. Pour en finir avec le XXème siècle et Changer le monde.   Sa percutante lettre à Greta Thunberg montre combien la jeune femme a réveillé nos consciences endormies, pointé notre déni, secoué notre inaction. Par son surgissement inattendu, insolite dans l’espace public, elle a introduit une nouvelle différence là où régnait une criminelle indifférence. Laurent de Sutter interroge la mobilisation planétaire sans précédent que Greta Thunberg a soulevée et la levée de boucliers qu’elle a suscitée de la part des écocidaires et des planqués, complices du système d’extermination du vivant. Elle a fait bouger les lignes en alertant sur l’urgence climatique, l’urgence à sauver les formes du vivant habitant cette Terre. Pour l’auteur, la force de ralliement, la singularité de son engagement  viennent de ce qu’elle a délaissé la connaissance (qui, laissant tout en place, est complice de la dévastation écologique) au profit du savoir (savoir-pratique au sens de praxi s). Quelques salves bien décochées visent la culture d’hyperlettrés accrochés à leur trône, ceux-là mêmes qui ont conspué Greta Thunberg pour avoir transgressé les règles des discours acceptables, c’est-à-dire la police de la pensée. Or, elle est un hapax dans l’ordre discursif. On ajoutera que, souvent, les hyperlettrés sont, comme les sous-lettrés techniciens, des analphabètes de la vie. G. Thunberg se place sur le plan de la vie (mise à mort, malade, assassinée) et non sur celui des discours, de l’empire de la connaissance. Si, avant elle, il y eut de nombreux penseurs, militants, lanceurs d’alerte, son nom singularise la rencontre entre un combat et l’esprit du temps : cette cristallisation entre esprit subjectif et esprit objectif vient de la forme d’engagement qu’elle promeut mais aussi de la visibilité de la débâcle, de l’aggravation du collapsus environnemental au 21e siècle. Au 20e siècle, nombreux furent les lanceurs d’alerte, A. Naess, Yourcenar, Monod, Lévi-Strauss, R. Carlson, J. Goodall, les militants écologiques, anarchistes, les hippies qui, non seulement, ont tiré la sonnette d’alarme mais proposé des modes de penser et de vie respectueux des formes du vivant. C’est cette sagesse, cette autre manière de co-exister que l’Occident a balayées depuis les années 1980 et que les peuples autochtones que nous exterminons mettent en œuvre depuis des siècles.  Dans le «  pour en finir avec le XXème siècle  » annoncé par le sous-titre, il faut entendre un «  pour en finir  » avec un paradigme bien plus ancien, hérité d’un dualisme entre l’humanité et le monde, un appel à sortir de la critique et des pièges mortifères de ce que Philippe Descola appelle le naturalisme. La différence que Greta introduit n’est pas réciprocable à la différence entre mondes, celui du 20e siècle et celui du 21e. D’une part, parce que le 20e au travers de nombreux mouvements sociaux et de pensées philosophiques a alerté sur le prix désastreux à payer pour le progrès et proposé des alternatives concrètes. D’autre part, parce que le syndrome de l’autruche, le déni du prix à payer et l’explosion du cynisme de ceux qui ont un intérêt à ce que la crise climatique s’aggrave, s’exacerbe au 21e siècle, ce que Laurent de Sutter ne manque pas de souligner. G. Thunberg met en évidence que nous vivons une crise de régime, de civilisation et que la question climatique est une guerre qui oppose gaïaphiles et gaïaphobes (Latour).Là où nombre d’essais vont jouer les pythies, vaticiner le « monde d’après », Changer le monde s’engage salutairement dans une autre voie et oppose la manière dont les Grecs concevaient les épidémies (sacrifices aux dieux) à notre perception de sa nature virale, médicale. Témoignant de la façon dont nous construisons le monde et nouons des rapports avec les règnes de la cathédrale du vivant, les épidémies sont le corrélat de notre colonisation effrénée de l’espace planétaire. L’on s’étonnera que l’auteur voie dans la pensée écologique ou anticapitaliste une volonté de s’attaquer aux seuls effets de nos choix d’être au monde alors qu’ils visent à modifier les causes, les infrastructures. La conclusion de l’essai redoublera notre étonnement : le recours à l’accélérationnisme afin de dessiner un autre monde, l’appel à «  une industrie du world-building   », au constructivisme d’une «  industrie plus industrielle  » hyperbolise une pensée prométhéenne de la maîtrise qui est précisément celle que Greta Thunberg, les penseurs écologiques congédient.…

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