La reine Alice

PRIX
  •   Prix Rossel des jeunes, 2011
À PROPOS DE L'AUTRICE
Lydia Flem

Autrice de La reine Alice

Le samedi 27 novembre 2010, dans son discours de réception à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, au fauteuil n° 5 où elle succédait à Claire Lejeune, Lydia Flem se présentait comme « une petite fille, née des hasards et des détours de l’Histoire dans cette contrée surréaliste ». Jacques De Decker, qui recevait l’académicienne, soulignait son « désir très précoce d’appartenir au monde de la littérature et de l’art, hors et loin de la barbarie ordinaire des êtres humains ». Cette barbarie, ses parents ont dû en « subir les agressions sur les deux versants de la tragédie du siècle dernier », résumée dans Comment j’ai vidé la maison de mes parents (2004) en une formule tragi-comique : « ma mère, mon père, Hitler, Staline et moi ». Jacques De Decker a mis l’accent sur cette œuvre qui offre « une mise en partage de l’expérience propre, vécue comme l’attestation d’une épreuve que l’écrivain soumet à la collectivité des lecteurs afin qu’ils y trouvent un écho et, en fin de compte, un réconfort ». Son père, Boris Flem (1923-2001) était né à Saint-Pétersbourg dans une famille d’intellectuels qui dut s’exiler à Hambourg puis aux Pays-Bas. Lui-même se retrouva seul à Charleroi, d’où, à dix-huit ans, il fut déporté dans un camp de travail en Bavière jusqu’en 1945. Sa mère, Edith Esser (1921-2003), était née à Cologne dans une famille de commerçants et d’antiquaires qui, à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, émigra à Strasbourg avant de s’installer à Tours. Sous le nom de Jacqueline Monnier, elle participa à la Résistance française avant d’être arrêtée à Grenoble, puis déportée de Lyon à Auschwitz, par Barbie dans le convoi n° 78, le 11 août 1944. Ses parents se rencontrèrent dans un sanatorium à Leysin en 1946 et échangèrent pendant trois ans plus de 750 lettres. «Je suis née de leur correspondance amoureuse», raconte Lydia Flem dans Lettres d’amour en héritage (2006). Après avoir achevé sa scolarité au Lycée royal d’Etterbeek, elle étudie les sciences politiques et la sociologie à l’ULB. Son mémoire porte sur «La Responsabilité sexuelle», l’émission de Menie Grégoire dont elle devient l’assistante à RTL, Paris, en 1974-1975, avant d’entreprendre des études de psychologie à l’Université de Nice, puis de se former à la thérapie d’enfants à l’Université de Louvain, sous la supervision de Françoise Dolto. Lydia Flem entre à la Société belge de psychanalyse en 1986, moment où Maurice Olender édite chez Hachette son premier livre, La Vie quotidienne de Freud et de ses patients. Bernard Pivot l’invite à Apostrophes et elle connaît son premier succès public. C’est aussi à partir des années 80 qu’elle collabore à la revue, lieu d’explorations entre sciences humaines et littérature : les relations précoces mère-enfant (Les Liens du regard), la rumeur (Bouche bavarde et oreille curieuse), le masculin (Le Stade du cow-boy), etc. Invitée à prendre la parole sur l’enfance, le deuil, Freud, ou Casanova, elle participe à des séminaires et colloques en France (Laboratoire d’Anthropologie, ENS, etc.), à la Fondazione Cini, Venise, ou à l’Université John Hopkins, Baltimore. Maurice Olender, son compagnon et son éditeur, avec qui elle forme, selon Jacques De Decker «un binôme particulièrement créatif», l’accueille dans sa collection, au Seuil, «La Librairie du XXIe siècle». Dans ses essais L’Homme Freud (1981), Casanova ou l’exercice du bonheur (1995), ou l’amour à l’opéra (La Voix des amants, 2001), comme dans ses autofictions, Lydia Flem tente de cerner le quotidien et le singulier pour rejoindre l’universel, attentive aux forces obliques de la survie comme à une sagesse malicieuse. Dans un style limpide et pudique, par petites touches successives, à la manière de la peinture impressionniste ou d’une phénoménologie du sensible, elle cherche à décrire la complexité des sentiments humains. Pour Claude Burgelin, professeur de littérature à Lyon et spécialiste de Perec, «l’art de Lydia Flem est fondé sur une éthique, très immédiate et subtile à la fois, du partage comme de l’interrogation socratique. Elle met le lecteur à côté d’elle et pose avec lui, devant lui, les questions qu’elle a à résoudre. C’est donc plus à une histoire de soi qu’à une quête autobiographique version Rousseau ou Leiris qu’on a affaire». En 2006, son roman Panique est couronné par le prix Eugène Schmits de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, méditation sur le temps, exploration de l’angoisse extrême et tentative de reconquête. Depuis 2008, souvent rattachée au courant de la «photo-littérature», son œuvre photographique, Journal implicite. Photographies 2008-2012, est très largement commentée et étudiée comme son œuvre littéraire. Pour Jean-Luc Monterosso, fondateur de la Maison européenne de la photographie à Paris, Lydia Flem «autobiographie le réel». À propos de sa série «Clefs sur l’échiquier», Yves Bonnefoy a écrit : «Lydia dispose les clefs des chambres du “vieux palace” sur les cases d’un échiquier, c’est-à-dire dans cet espace à la fois loi et désir où se sont affrontés à travers les siècles le camp du mal, du désespoir en puissance, et le vœu également éternel de tenter d’être, le will to be qu’Hamlet n’aura pas su vivre.» La Reine Alice (2011) a reçu le prix Rossel des Jeunes et le prix Pierre-Simon Éthique et société.

AVIS D'UTILISATEURS

FIRST:xfirstword - "La reine Alice"
stdClass Object ( [audiences] => [domains] => Array ( [0] => 9548 ) )

Ceci pourrait également vous intéresser...

Thomas J. Willson, ses filles, son fils, et la fin des temps

Tom est un jeune quadragénaire qui élève seul ses trois enfants, Agnès, Axel et Aude, qui ont respectivement 15, 9 et 6 ans. Même s’il exercice un métier qui le passionne – auteur pour la jeunesse –, le quotidien est une épreuve pour lui depuis le décès de sa femme. Il s’efforce de garder le cap un jour après l’autre pour aller de l’avant malgré sa tristesse. Heureusement, ses enfants sont là, avec leur caractère bien trempé, pour animer ses journées et combler le silence de la solitude. Il faut dire qu’avec une ado en guerre contre le patriarcat constamment greffée à son portable, un garçon hyperactif qui pose beaucoup de questions et une petite fille particulièrement intelligente, il n’a pas de quoi s’ennuyer. Grâce à eux, Tom se laisse porter par ce joyeux bordel, qu’il doit tout de même recadrer de temps à autre pour éviter les débordements. C’est donc en compagnie d’un reportage sur la famine grandissante sur le continent africain que nous dégustons notre poulet rôti, notre salade de maïs et notre pain, accompagnés d’une sauce aux champignons un peu trop liquide. – Pourquoi n’ont-ils rien à manger ? demande Axel. – Le capitalisme et les puissances mondiales les privent de leurs propres ressources en attisant des conflits internes pour s’approprier leurs terres, lui explique Aude. Ils alimentent la guerre civile afin de faire du profit au détriment du peuple qui souffre. Je suis fasciné par son intellect. Moi, à son âge, j’avais pour ambition de lécher tous les marqueurs de ma trousse afin de déterminer si le goût changeait en fonction des couleurs. La réponse est non. Du moins pour l’arrière-goût. – Ne t’occupe pas de ça, dis-je à Axel. Ça se passe loin d’ici. Un jour, Aude annonce l’arrivée des signes de la fin des temps. Au début, Tom n’y croit pas et tente de la convaincre du contraire en associant cette lubie au décès de sa femme, symbole de la fin du monde pour sa fille. Des événements étranges apparaissent cependant dans le monde entier : une vague de violences inexpliquées, des intempéries suivies de pillages, des lucioles rouges figées dans l’air, des milliers d’animaux qui disparaissent dans tel pays, se multiplient dans tel autre… Ces phénomènes interpellent Tom, d’autant plus qu’il est amené à vivre des situations inexplicables troublantes qui le poussent à croire de plus en plus à la prophétie de sa fille…Lorsqu’une folie meurtrière se manifeste dans le monde entier suite au passage d’une comète, Tom ne doute presque plus de l’issue des événements récents. Sa seule priorité est alors de protéger ses enfants et de les rassurer face à leurs questions dont il ignore les réponses : est-ce vraiment la fin des temps ? Que faut-il faire ? Essayer de l’arrêter ? Si oui, comment ? Ou accepter l’issue inéluctable et faire comme si de rien n’était en l’attendant ?On pourrait imaginer que le récit Thomas J. Willson, ses filles, son fils et la fin des temps est une dystopie grave et pesante, mais il n’en est rien. Le récit de Julien Léonard est davantage une histoire drôle sur la fin des temps, même si cela parait difficile à croire de prime abord. Nous voyons évoluer au quotidien une famille qui tente de ne pas disjoncter face à un événement grave qui se profile à l’horizon, et comme le protagoniste ne se prend pas au sérieux et est animé par un pragmatisme prudent face à toute cette absurdité, nous pouvons lire des scènes cocasses assez savoureuses («  Je me souviens qu’autrefois j’étais son héros. Désormais, je crois qu’elle me prend pour une sorte de chimpanzé moitié savant moitié débile  »).Mais ne vous y trompez pas, derrière cette folie douce se cache une vraie profondeur, avec des questions existentielles sur le sens de la vie et des vérités générales justes parfois cruelles.– Faut qu’on refasse le cinéma 4D ! dit Axel. – Non, on retourne au manoir hanté ! revendique Aude. – Eh ! C’est grâce à moi qu’on est ici, alors c’est moi qui décide, intervient Agnès. On se refait le Super Flash ! J’ai déboursé deux cent cinquante euros pour les tickets et bravé les embouteillages durant plus de quarante-six minutes pour arriver jusqu’ici, mais apparemment, c’est grâce à Agnès qu’on y est. Soit ! Après tout, ressentir l’euphorie et l’excitation de mes gosses n’a pas de prix. Quelques jours plus tôt, nous étions terrés dans une cave, apeurés, guettant les échos d’un monde devenu cinglé, et nous sommes là à nous demander quelle sera la prochaine attraction. Le monde se remet toujours à tourner. L’être humain est fragile, il fait ce qu’il peut pour se détourner de ses peurs et se mettre à l’abri de la folie du monde. Tom Willson arrivera-t-il à protéger ses enfants face à la fin des temps ? Séverine…

La pouponnière d’Himmler

Caroline De Mulder ne se laisse pas enfermer dans un…

Zanzara

Journaliste web au Soir , Frédéric – Fred – Peeters, 28 ans, est de ces types qui ont besoin de sensations fortes pour se sentir…