Dans la maison monochrome de Monsieur Silence, une femme interroge sa vie avant de se décider à partir à la rencontre des bruits et des couleurs du monde.
Une fable sur le silence et le bruit, le dedans et le dehors, le renoncement et la liberté.
La Poupée de Monsieur Silence s’ouvre sur une chaise vide. Cette chaise est celle de l’attente à laquelle se résument les journées de la narratrice, amoureuse d’un homme toujours ailleurs, voué à son exigeante mission : apporter le silence au cœur d’un monde de plus en plus violenté par le bruit.
Cette femme sans nom et sans pouvoir, surnommée la Poupée par celui qu’elle attend, se contente d’observer le vacarme extérieur qui bat à sa fenêtre. Dans le vide feutré de la maison, son existence transparente trouve pourtant à se dire. Nous voilà pris, retenus par sa voix économe, poétique, qui n’use que des mots nécessaires aux images que sa claustration convoque.
Images de mélancolie et de patience, de colère et d’incendie des sens. Vole en éclat la prison de verre. Se donne enfin le vaste monde. Un monde de bruit et de fureur, sans doute, mais aussi de douceur et d’espoir, de cris verts, de nuages jaunes, de langues rouges et d’humains multicolores.
En œuvrant à la connivence secrète des couleurs et des bruits, de la lumière et des sons, des perceptions et de l’émotion, Caroline Lamarche et Goele Dewanckel évoquent la mélancolie salvatrice d’un être avide d’altérité et de rencontres. Le temps de s’asseoir sur la chaise offerte, dès la première page, à notre méditation, nous découvrons grâce à elles une histoire à la fois douce et violente, grave et jubilatoire.
Autrice de La poupée de Monsieur Silence
Éric Derkenne a fait du visage le théâtre de ses précises opérations.Jour après jour cerné de lignes ombrageuses, le siège du combat se disloque en de sombres cavités. Les yeux, les oreilles, les narines, la bouche sont autant de gouffres que l'artiste sonde inlassablement et qui emportent celui qui les scrute dans des tourbillons vertigineux. Les têtes prennent corps et dans ce bataillon de figures totémiques, chaque soldat se distingue grâce à une infinité de détails graphiques.Parti d'un bigbang de formes colorées et isolées dans l'espace, Éric Derkenne a mis en place au fil des ans une méthode précise et immuable, un réseau de circonvolutions de cercles et de serpentins qui envahit la feuille blanche, donnant naissance à d'énigmatiques portraits. Tel une « dentellière du stylo à bille », il s'est abîmé avec application dans ce lent ouvrage de tissage, d'entrelacement de lignes, ceignant sa propre image, par maints assauts répétés. À l'identité qui défaille, Éric Derkenne a répondu…