La Lecture

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Jan Baetens

Auteur de La Lecture

Jan Baetens est peut-être le dernier poète flamand d’expression française. Né en 1957 à Sint-Niklaas, il est professeur à la KUL, où il est responsable du master en études culturelles. Il a écrit de nombreux ouvrages d’analyse et de critique littéraire. Ses travaux portent essentiellement sur les rapports entre texte et image, notamment dans les domaines du récit photographique et de la bande dessinée. Son livre «Hergé écrivain» (Flammarion, coll. Champs) est devenu un classique du genre. Il est également l’auteur de plusieurs volumes de poésie, dans lesquels il expérimente des voies originales.
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Le Carnet et les Instants

La liberté du lecteur a quelque chose de désarmant, justement parce qu’elle est illimitée, inconditionnelle. Partant de deux tableaux d’Henri Fantin-Latour ayant pour titres La Lecture et réalisés respectivement en 1870 et 1877, Jan Baetens poursuit, dans ce nouveau recueil, son questionnement sur les liens qui unissent, de manière parfois souterraine, le texte et l’image. On pourrait dire d’ailleurs que ces correspondances sont envisagées ici selon un triple dialogue puisqu’aux textes inspirés par les tableaux du peintre grenoblois né en 1836 viennent se greffer les photographies de Milan Chlumsky qui ouvrent et ferment le volume. Une construction tridimensionnelle cohérente et exigeante, comme toujours chez Baetens, et qui permet cet échange décuplé entre…

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La foi, la connaissance et le souvenir – La fede, la conoscenza e il ricordo

Italien né à Nice et établi à Bruxelles en 1987, poète et animateur culturel, notamment fondateur du projet « multi-artistique et multimedia » MaelstrÖm, David Giannoni publie aujourd’hui un recueil de poèmes conçu au début des années 90, traduit  par lui-même et publié en édition juxta français-italien. (Précision intéressante,  selon l’heureuse tradition de la collection 4 1 4, l’ouvrage est livré en deux exemplaires jumelés, un pour l’acquéreur, l’autre pour être offert et ainsi partagé avec autrui.) L’auteur prévient d’entrée de jeu : Ce poème a été écrit entre 1991 et 1993 et n’a presque pas été retouché pendant toutes ces années. Il m’a donc accompagné pendant 22 ans avant que je ne trouve la force de le traduire en français. À présent, il peut commencer à vivre sa vie. Moi la mienne. Et c’est bien des instances d’une vie qu’il s’agit – soit à travers le temps, soit dans la concomitance ou la superposition des concepts proposés par le titre : La foi, la connaissance et le souvenir ( La fede, la conoscenza e il ricordo ). Exhumation sans doute, mais surtout bilan somme toute positif d’un face à face du poète au milieu de son âge avec le jeune homme qu’il fut. On y retrouve d’emblée toute la fougue d’une jeunesse en proie à ses doutes et ses contradictions, à sa faim de vérité et de sagesse face à la réalité d’un monde décevant qui les corrompt et nous piège comme le chant des sirènes : Vérité prostituée, /ceci est un mauvais rêve, /cette vile réalité est un mauvais rêve (…) Vérité stupide, / je rechercherai ailleurs / une plus authentique chaleur, / une chaleur qui réchauffe / et ne brûle pas, / et ailleurs je chercherai réponse /à mes pourquoi… Et à propos de cette « Vérité autre que la Vérité » qui s’oppose à la connaissance au sens philosophique : Sur l’île de la Raison / il y a place pour toi, / pas sur celle de la Connaissance / où pourtant tu tentes de pénétrer, / moissonneuse de duperie, / batteuse d’âmes en quête d’un peu d’eau / et qui, aveugles, ne réalisent pas / qu’elles sont sur le point de se noyer… Propos qui, à vingt-cinq ans d’ici stigmatise une aliénation dont les ravages tentaculaires paraissent s’étendre aujourd’hui en parallèle avec l’angoisse croissante qu’elle génère.Quant à la foi, elle s’exprime davantage par un De profundis adressé au dieu inconnu ou inconnaissable, entité mystérieuse où l’Homme et Dieu se confondent dans une même aspiration – une espérance peut-être – et le même sentiment douloureux de l’éloignement ou de l’abandon : Permets-moi de te dire, / Ô Dieu, Homme / que je t’aime. / Je ne sais qui tu es / ni où tu es / et pour combien de temps, / mais permets-moi / maintenant / juste un peu / de ne pas me sentir si seul… Tout au long du poème, le rythme des vers courts et leur intensité ainsi que leur violence intérieure, quasi biblique, éveillent des échos proches des impropères de l’Ecclésiaste ou des proférations lyriques et lucifériennes de Lautréamont. Mais, plus près de nous, le texte présente aussi les espèces cathartiques d’un slam qu’une lecture à voix haute et cadencée suggère presque fatalement.Et soudain, ce rythme porté par les vers libres se casse pour libérer une prose débridée : une orgie de sexe, de beuveries, de violences et de scènes énigmatiques, apparue alors que   Nous étions tous en ordre dispersé attablés devant des brocs d’alcools divers à humer des odeurs écœurantes d’encens étrangers. Il se révèle ensuite que les horreurs et les bacchanales décrites s’inspirent d’une évocation  « dantesque » – au  sens propre – lorsque l’observateur terrorisé par ces visions et par cette « messe extorquée » en vient à appréhender leur aboutissement. Puis une chose terrible se produisit : piqué et brûlé par le trident d’un diable des premiers girons un ange des derniers cercles jura…/ Ainsi l’enfer fut relevé d’un étage. Difficile de ne pas voir dans cette débauche, dans cette dégradation de l’humaine condition , l’effarement prophétique du jeune homme confronté à un monde de plus en plus assujetti aux faux-semblants, à la vulgarité d’idéaux corrompus et au diktat de la jouissance à tout prix. D’où l’avènement désespérant de ce nouveau cercle de l’enfer.On quitte cette prose d’une  comédie certes non-divine pour revenir – forme et contenu – au rythme poétique, au rêve intérieur,  au souvenir des êtres aimés, à l’aspiration à la vraie sagesse, à la foi, à l’amour véritable et à la soif d’absolu qui se conclut avec la mort dans une sorte de ballet cosmique où toute solitude s’efface, où tout se rassemble dans une cohérence suprême, dans l’absolu fraternel de l’éternité retrouvée. Ghislain Cotton Ce poème a été écrit entre 1991 et 1993 et n’a presque pas été retouché durant toutes ces années. Il m’a donc accompagné pendant 22 ans avant que je ne trouve la force de le traduire en français. À présent il peut…

Mon jardin des plantes : poèmes et photographies

Jan BAETENS  et Marie-Françoise PLISSART , Mon jardin des plantes : poèmes et photographies , Impressions nouvelles, 2024, 136 p., 18 € / ePub : 7,99 € , ISBN :978-2-39070-145-3 Jan Baetens (1957) est l’auteur de vingt recueils de poésie, dont récemment Après, depuis (2021, prix Maurice Carême de poésie 2023 ) et Tant et tant (2022). Styles et thèmes de ses livres varient mais leur point de départ est toujours le même : la vie quotidienne repensée par l’art et la littérature. Auteur de nombreuses études sur les rapports entre textes et images, dont Le roman-photo (avec Clémentine Mélois) ou Adaptation et bande dessinée : éloge de la fidélité , dans son essai Illustrer Proust , il présentait et discutait les réponses successives données depuis plus d’un siècle par les artistes et leurs éditeurs au désir et à la difficulté d’illustrer Proust. Il a publié le remix d’une collection privée de ciné-romans-photos, Une fille comme toi (2020) et un essai contre l’oralisation de la poésie : À voix haute. Poésie et lecture publique (2016). Marie-Françoise Plissart (1954) est l’une des figures majeures de la photographie belge. Comme Baetens, elle s’est intéressée très tôt aux rapports entre un texte et une image, réalisant avec Benoît Peeters le livre Correspondance (Yellow Now, 1981), début d’une bibliographie abondante. Photographe free-lance depuis 1987, elle a réalisé de nombreux travaux dans de multiples domaines tels que l’architecture, le théâtre, le portrait et l’illustration. Ses photographies ont été notamment exposées à Bruxelles, Liège, Paris, Genève, Amsterdam, La Haye, Rotterdam, Berlin et Vienne. Elle est aussi une vidéaste captivée par l’exploration du tissu urbain et par ses transformations. Texte et image entretiennent une relation complexe, souvent de dépendance, sauf dans le cas où sa polysémie et celle du poème se superposent en échos infiniment répercutés et ouverts , comme dans l’effet-miroir. Mon jardin des plantes : poèmes et photographies est une composition photo-textuelle à quatre mains avec pour thèmes l’eau et l’arbre et une approche des coïncidences des contraires, qui culmine dans le magnifique effet-miroir de la photo du Parc royal de Bruxelles (M.F.  Plissart, 2011). Ce concept de l’effet-miroir est présent dans toute l’anthropologie culturelle et symbolique : il nous met en présence d’une perception, d’une imagination ou d’une croyance en une surexistence par rapport au monde donné, qui n’est ni un irréel ni un délire. Une conscience d’un mode spécifique s’y fait jour, celui d’une apparition ou d’une épiphanie, sous forme de synchronicités, de dévoilements, de rencontres avec un au-delà du visible. Ce non visible ouvre sur l’expérience du sacré, en tant que celui-ci fait surgir dans notre sensibilité ou nos représentations un plan d’inaccessibilité ; on ne peut l’instrumentaliser, il est un inter-dit. Comment rendre compte de ces catégories si souvent associées, d’invisible, de secret et de sacré ? Comment permettent-elles de structurer et de comprendre une part d’ombre de notre expérience du monde et des autres ? L’art est une voie d’accès à cette sur-réalité : Johannes Vermeer, « Vue de Delft »Soustraire sans rien  perdre, pour la beauté du geste,         puis additionner en vue de la sainte multiplication, chaque chose à sa place, puis proliférant     jusqu’à occuper une autre place dans l’eau,qui l’amène à d’autres négoces et trafics encore.     Converti en brique et azur, le nombre d’or   Garde ses droits, unissant pour mieux régner. Le livre est composé de sept « chapitres » : les poèmes et les photographies offrent une relation de miroir, non d’illustration. L’eau a toujours été l’un des éléments les plus efficaces pour équilibrer le corps et l’âme : elle est le signe d’un éveil spirituel, permettant de lâcher prise. L’arbre est un symbole de vie et de verticalité incarnant le caractère cyclique de l’évolution cosmique. Tous deux offrent une dialectique entre permanence et métamorphose. Ainsi au fil des poèmes, le lecteur est invité à considérer le proche et le lointain, le connu et l’inconnu, le quotidien et l’indéfinissable, le simple et le complexe, motifs qui se déclinent aussi par miroitements en ceux du voyage, de la perte des repères, des relations inattendues entre topos et tempus, nature et culture, à la recherche de l’unité originelle :[…] Lentement le sens se dépouille des mots qui l’emportent, Elle dit que le jardin se fait son havre. […] Enfin la main qui crée l’objet qu’elle touche, Qui aide à défaire sans peur l’articulation du monde, À ne plus nous lamenter que les choses parlent à notre place. L’amour du trivial est figure…

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