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La fille du Triangle

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La fille du Triangle de Franco Meggeto nous donne à lire une fiction, un polar bien mené mais aussi le fourmillement parfois chaotique d’une ville complexe. Les villes de l’avenir seront les villes du passé, pourrait-on dire en pensant à Charleroi, comme à toutes les métropoles post-industrielles. Elles ont été la force d’une région, l’industrie est tombée, la ville est restée un temps  à genoux, couturée de toutes parts, invalide parfois, mais jamais KO. Le renouveau est le destin obligé de ces villes traumatiques, sinon,  c’est la disparition dans la poussière d’un western d’après la Ruée vers l’Or.  La Wallonie a connu du Nord au Sud cette mutation urbanistique, humaine, historique, légendaire même.Dans ces villes…


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Les chroniques de Mapuetos (volume 5) : Le rêve de l’échelle

Pénétrer dans l’univers de Patrick Lowie, c’est faire l’épreuve d’une littérature élevée au rang du rêve et de la révolution intérieure. S’il ne recourt pas à la pratique pessoenne de l’hétéronymie, Patrick Lowie place l’expérience créatrice au carrefour du double, d’une inspiration transpersonnelle où se confondent le dicteur et le dicté, l’oracle et le scribe. Le rêve de l’échelle, cinquième volume des Chroniques de Mapuetos, poursuit le travail de retranscription-recomposition des textes du fameux Marceau Ivréa, écrivain mort dans une prison bruxelloise, dont l’œuvre gravite autour d’une ville qui n’existe pas, Mapuetos. À partir de ce labyrinthe borgésien, de ce creuset surréaliste, le récit déroule la rencontre de deux hommes au bord du fleuve bleu, Marceau Ivréa et le jeune homme Moûsai. Gagnant l’autre rive du fleuve magique, ils s’adonnent à une vie onirique scandée en dix-huit rêves qu’Ivréa/Lowie raconte. Obéissant à la logique du songe, ouvrant des portes sur l’ailleurs, les fictions de Patrick Lowie décadenassent les habitudes mentales du lecteur. Le temps et l’espace cessent d’obéir aux lois ordinaires ;  des réalités temporelles et spatiales disjointes entrent en communication. Lire aussi :   Patrick Lowie, Marceau Ivréa et la montagne fictive de sagesse ( C.I. 190) À l’ouverture du récit, le narrateur réside à l’hôtel Siru, un immeuble Art déco près de la Gare du Nord, donnant sur la place Rogier, haut-lieu mythique où déambulent le spectre de Marceau Ivréa et les fantômes de Rimbaud et de Verlaine qui y séjournèrent lors de leur passage à Bruxelles (l’hôtel s’appelait à l’époque le Grand hôtel liégeois). Un jeu de miroirs se dessine, la passion entre Marceau et Moûsai prolongeant l’amour orageux entre Verlaine et Rimbaud, entre «  l’époux infernal  » et la «  vierge folle  ». La réalité onirique répond à des états quantiques, à des superpositions de phases, de personnages. L’hôtel Siru tient de l’hôtel Sirius, du vaisseau fantôme qui apparie le voyage vers Mapuetos. Comme l’échelle de Jacob surgit lors d’un songe durant lequel ce dernier voit des anges monter et descendre sur une échelle reliant la terre au ciel, l’échelle permettant de monter vers Mapuetos, son arbre à paroles, son volcan Imyriacht, s’avance comme la fille du monde onirique. Les dix-huit rêves délivrent moins une parabole qu’un parcours initiatique, un jeu de tarot littéraire dans le sillage d’Alejandro Jodorowsky. Non point des stases fléchant une trajectoire destinale, une progression vers la libération mais des rêves circulaires comme des mandalas, comme les ruines de la nouvelle de Borges ou comme la Grand Roue en toile de fond d’ Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Dans le rêve numéro treize, la chute du cheval blanc dans un canyon nous évoque la fin du roman de Lowry, le corps du consul Geoffrey Firmin abattu par les policiers et balancé dans un ravin, suivi par le cadavre d’un chien. Comme Mapuetos, la ville mexicaine de Quauhnahuac où se déroule l’errance du consul entre présages, mescal et téquila, est dominée par des volcans.«  Marceau voulait déclamer des mots à haute voix dans Mapuetos, la magnifique. La répétition de mots, de phrases, d’intonations grinçantes, d’aphorismes, de prières euphorisantes pourrait le mettre dans un état d’auto-hypnose  ». Comment ne pas songer à Artaud en lisant ce passage ? À l’arrière de Marceau Ivréa, son ivresse d’atteindre des états de conscience modifiée, on pense à Artaud, à ses séjours auprès des Tarahumaras, à ses mots-souffles, ses glossolalies.Passeur entre les mondes des vivants et des morts, évoluant entre djinns et apparitions, Patrick Lowie reconnecte la littérature à l’hypnose surréaliste, à l’interrogation poétique et métaphysique. Le doute n’est plus de mise : les mots de Patrick Lowie sont bel et bien irrigués par les puissances de l’arbre à palabres de Mapuetos, cet «  arbre à nuées  » qui retient les mots créés par le volcan. Véronique Bergen Deux hommes sont couchés sur l’herbe, de l’autre côté du fleuve bleu. Le plus âgé des deux s’appelle Marceau Ivréa. Nous ne connaissons pas le nom de l’autre. En une journée, ils mangent des sushis, fument des joints, lisent, dorment, font dix-huit rêves qu’ils classent, décortiquent, commentent, alimentent. Comme des frères siamois, ils sont connectés et font les mêmes rêves au même moment. Peu importe la ville, peu importe le pays. Nous pourrions être à Mapuetos, cette ville qui n’existe pas dans un monde qui n’existe pas, point de référence de Marceau Ivréa. Nous pourrions être à Bruxelles, dans une chambre de l’Hôtel Siru, ex-Grand Hôtel Liégeois, à l’endroit même où Rimbaud aurait rejoint Verlaine. Dans  Le rêve de l’échelle , Marceau Ivréa raconte dix-huit rêves. Rêves particulièrement marquants, étranges, éphémères, des rêves dignes du cinéma surréaliste. Pourquoi les raconte-t-il ? Pour créer des liens avec lui-même, seule façon d’avoir des liens avec son prochain. Les chroniques de Mapuetos est une série littéraire censée avoir été écrite par Marceau Ivréa que Patrick Lowie dit avoir découvert et dont il aurait recomposé le travail disparate. Quarante épisodes sont annoncés.…

Nous sommes tous des playmobiles

La collection « Espace Nord » accueille dans son conservatoire…

Bulldozer

Quel beau projet que celui de la nouvelle collection « Combat » de CotCotCot éditions, qui entend proposer aux jeunes de 10 à 15 ans des romans engagés « dont la devise est combattre maintenant pour construire demain  ». Avec Bulldozer , second roman de la collection , Aliénor Debrocq (au texte) nous fait arpenter l’univers de Detroit, la ville du Michigan (USA). Elle nous permet d’en découvrir les enjeux et combats grâce au regard de sa narratrice, jeune fille d’une quinzaine d’années qui, le temps du récit, s’éveille autant à la vie sentimentale qu’à la nécessité d’une action militante et de résistance. Detroit. La ville de l’industrie automobile (Ford, Chrysler, General Motors), qu’on appelle aussi Motor City. Celle qu’on aurait plutôt envie d’appeler Destroy tant elle connait un destin chahuté depuis son lent déclin économique (entamé dans les années 1950 et qui aboutit, après la crise des Subprimes, à ce qu’on déclare la ville en faillite, en 2013).Detroit, protagoniste de ce récit au même titre que la narratrice, dans ce court roman de 63 pages.«  Produire ses propres légumes est devenu une arme citoyenne pour lutter contre la crise et se réapproprier le territoire  »«  On a besoin de nouvelles énergies et de nouvelles idées, de renouer avec nos racines pour bâtir une société nouvelle et éviter d’autres crises  »D’emblée le ton est donné. Nancy (meilleure amie de la mère de la narratrice), son mari Bob et leurs enfants ont pris la décision de quitter Detroit. La vie, là-bas, n’est plus possible : le lycée où Nancy travaille est sur le point de fermer vu que le gouvernement ne veut plus financer d’école. Il préfère financer des établissement dans des quartiers où les banques (ré)investissent. Pas surprenant quand on sait que Detroit s’est vidée des deux-tiers de sa population depuis que les usines ne fournissent plus de travail et que seuls les gens qui en ont les moyens fuient pour trouver un salaire ailleurs, laissant les populations précarisées se démerder dans des quartiers où près d’une maison sur cinq est laissée à l’abandon.S’occuper d’un potager collectif (agriculture urbaine, tentative d’autosubsistance) est donc bel et bien un outil de lutte dans ce contexte particulier.L’annonce du départ de Nancy fonctionne comme une sonnette d’alarme pour la famille de la narratrice. Seront-ils les derniers à rester ou seront-ils les prochains à devoir quitter leur vie, leur ville ? Le temps d’une année scolaire, la jeune narratrice traverse différents obstacles liés à l’avenir de Detroit. Autant de prétexte à raconter l’histoire de ceux à qui «  on promet que la richesse des uns va ruisseler vers les autres, que les investisseurs vont relever la ville  ».Alors qu’en vrai c’est «  la privatisation et la spéculation immobilière qui nettoient les quartiers populaires pour faire revenir les Blancs. Et les autres, les invisibles, les oubliés du renouveau ? Tous ceux qui ont perdu leur emploi ? Midtown est en train de devenir le nouveau terrain de jeu des riches. (…) On va tous être chassés d’ici, soit parce que les loyers seront trop chers, soit parce qu’ils décideront de raser nos maisons pour nous chasser sans risquer un procès  ».Ce récit porte très bien son nom – Bulldozer – quand l’on sait que le verbe, to bull-doze signifie intimider. Sauf qu’il en faut plus à la narratrice pour se laisser bull-dozer quand le gouvernement envoie ses gros engins pour raser leur maison, en faire une vaste plaine agricole, vidée de gens, de lien social, déconnectée de toute possibilité de vie (urbaine).Le récit est habillement illustré par Evelyne Mary . Les illustrations aux teintes sépia et bleues fonctionnent comme pour adoucir la violence de ce que des millions de gens ont vécu, vivent dans ces zones où la seule manière de rester debout c’est de résister. Ensemble. Ou de fuir, quand on ne vous laisse même plus un toit pour vivre.Celles et ceux qui veulent prolonger le récit seront ravis de trouver le lexique et la postface à la fin de l’ouvrage. Ils définissent et expliquent simplement les quelques mots, termes et concepts mis en œuvre dans ce roman jeunesse engagé. Amélie Dewez En savoir plus Depuis 1950, Detroit a perdu la moitié de sa population. Cette ville, la plus grande de l’État du Michigan, en déclin économique depuis des décennies, a même fini par être déclarée en faillite ! Des quartiers entiers ont ensuite été voués à la démolition et leurs habitants menacés d’expulsion. Une ville nouvelle se dessine à présent qui risque de n’être peuplée que de nantis majoritairement blancs. L’histoire de Detroit a intrigué et passionné Aliénor Debrocq. À tel point qu’elle a décidé d’écrire une fiction qui aurait pour cadre l’ancienne capitale de l’automobile. Cette auteure de romans et de nouvelles qui enseigne la littérature dans nos écoles d’art, est aussi journaliste : le travail d’investigation, elle maîtrise ! Sa narratrice – on ne connaitra pas son prénom – est une jeune adolescente. Sa mère a quitté l’Europe pour venir étudier aux États-Unis, son père, un natif de l’endroit, fut ingénieur dans l’industrie automobile. Elle a une toute petite sœur. Un matin, ses parents reçoivent une lettre d’expulsion. En réaction, une manifestation est organisée avec les voisins, le jour de la fête du travail. Malgré le retentissement que connait cet acte de résistance, un bulldozer fait son apparition quelques mois plus tard. C’est alors qu’une nuit, en grand secret, notre jeune narratrice et son ami Jimmy imaginent une action originale : un acte de vandalisme pas bien méchant qui – s’il ne sauve pas la situation – provoque un énorme rire dans tout le quartier ! À remarquer les linogravures d’Evelyne Mary, « habitées » notamment par le fameux nain rouge, ce lutin annonciateur de catastrophes qui hanterait la ville de Detroit. Quant à la postface documentaire, elle est particulièrement bienvenue et éclairante. (On pourrait en déduire qu’ici la fiction est destinée à des jeunes et la postface à des adultes. Mais, plus satisfaisante serait la suggestion d’une lecture « inter âges » propice à l’échange et à la discussion.) La collection Combat n’en est qu’à son deuxième numéro. Laissons-lui le temps de s’installer à l’aise, sans précipitation. En notant toutefois que l’appel au talent d’auteurs et d’autrices n’ayant jamais ou très rarement travaillé en « Jeunesse » semble être une piste pleine de promesses ! (Maggy Rayet)Bien avant ma naissance, on appelait Détroit “Motor City”. C’était la capitale de l’automobile, du progrès ! Aujourd’hui, des quartiers entiers sont démolis. Les habitants, menacés d’expulsion. Alors, j’ai décidé d’agir… Roman suivi d'une postface sur Détroit, ville en décroissance démographique et économique.…