La fête des anciens


RÉSUMÉ
Trois solitudes racontées de trois hommes de générations différentes, le petit fils âgé de 12 ans, son père et son grand-père.


À PROPOS DE L'AUTEUR
Pierre Mertens
Auteur de La fête des anciens
Pierre MERTENS, Petites et grande Histoire(s) «Le plus sûr moyen d’inventer, c’est encore de partir du réel» (PM) Ses plus de trente ans d’écriture ont fait de Pierre Mertens le personnage-phare de la littérature belge francophone. Marquée par la fameuse notion de ‘belgitude’, que l’écrivain a lui-même forgée en 1976, toute son œuvre offre à ses compatriotes les mots pour se dire, en les arrachant à leur état d’indéfinition maladive et en affirmant la valeur romanesque de leur pays. Puisque pour lui, «écrire, c’est donner une suite au monde», il entend créer un sens dans le chaos et traduire une inquiétude qui pourrait échapper définitivement. On trouve ainsi la ligne de force majeure de sa pensée, la question du sens de l’Histoire. Que celle-ci soit écrite avec une majuscule ou une minuscule, puisque chez lui les histoires personnelles n’existent qu’en s’inscrivant dans la grande Histoire. Prenons quelques exemples. «Les Bons Offices» (1974), cette «fête scintillante et funèbre», pour dire comme Régis Debray, est un roman qui met en scène la vie fort troublée d’un diplomate belge, nommé Sanchotte (mi-Sancho, mi-Quichotte ou peut-être tout simplement don Quichotte moderne), envoyé en mission humanitaire au Proche-Orient. Mais chez les Israéliens, les Palestiniens ou bien encore chez les époux Sanchotte, aucune paix ne semble possible : seul règne le conflit comme si l’Histoire se livrait à un formidable travail de destruction. Toujours aux prises avec la violence originaire dans un monde qui se disloque, «Terre d’asile» (1978) médite sur les libertés bafouées à partir de l’épopée d’un réfugié politique chilien, débarquant à Bruxelles sur un campus universitaire, l’été 1977, à la recherche d’une nouvelle vie. C’est par un même climat de transgression que «Perdre» (1984), un texte flamboyant, s’inscrit dans la thématique : à la passion des amants, sur fantasmes de mise à mort, répond ici ou là, la fureur des soulèvements à Beyrouth et à Varsovie. Biographie fictionnelle d’un visionnaire, un temps aveuglé par la barbarie nazie, «Les Eblouissements» (1987) rapporte sept moments de la vie du médecin et poète expressionniste allemand, Gottfried Benn. Ce récit, à la fois critique et compassionnel, d’un «voyage au bout du fourvoiement» permet d’approcher dans leurs ombres et leur complexité près de trois quarts de siècle, de 1886 à 1956. «Une paix royale» (1995) participe, à sa manière, d’un même esprit, et s’offre comme un exemple privilégié de la subtile intrication mertensienne des deux histoires. L’analyse fine et originale d’un moment particulièrement sensible du devenir de la Belgique – la question royale – passe par le point de vue d’un narrateur ambivalent, plein d’audace, hanté par le personnage de Léopold III et le souvenir meurtri d’un passé de guerre. Soulignons l’importance de ce dernier thème, déjà présent dans «La Trilogie de l’enfance» – composée d’un recueil de nouvelles, «Le niveau de la mer» (1970) et de deux romans, «L’Inde ou l’Amérique» (1969), «La fête des anciens» (1971) – et qui trouve dans «Perasma» (2001) une ultime et étincelante actualisation. Ce qui suscite et nourrit la passion des amants, c’est, en effet, ici, une connivence de «préhistoires», un langage commun, une espèce de «babil secret» qui remonte à l’âge le plus tendre. Le tout sur arrière-fond de tensions internationales (la Grèce des colonels, l’Holocauste, l’Europe de l’Est), bien entendu ! Ainsi, pour Pierre Mertens, l’inscription particulière d’une histoire dans l’Histoire s’opère à partir de nombreux vecteurs comme la politique, l’enfance, la médecine et la musique, qui renvoient assurément aux particularisme de sa biographie (une enfance passée en temps de guerre, l’engagement de ses parents dans la résistance, une judéité qui ne lui sera révélée qu’à l’âge adulte, une appartenance à une patrie vouée à sa perte). C’est ce qui constitue le noyau ou le moyeu à partir duquel il déploie son écriture, et ce qu’il vérifie aussi, peut-être, lorsqu’il étudie dans des essais comme «L’agent double» ((1989) et «Une seconde patrie» (1997), les œuvres de certains écrivains particulièrement emblématiques, tels Cortàzar, Duras, Sciascia, Kafka, Malraux ou Pasolini.  

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«  Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu  », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. «  On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ?  » Lire aussi : un extrait de  Soren disparu  La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. «  Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus…  »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois.  Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…

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