«Pour mettre en oeuvre toute la richesse de l’idiome, les lexiques devraient abandonner l’ordre alphabétique et ranger les matériaux d’après les idées et les notions. C’est de cette façon que se manifestera le mieux le vocabulaire d’un patois local comme expression totale et organique de la mentalité d’un peuple…»
Cette opinion d’un grand romaniste justifie la conception du présent travail.
Puisque la valeur d’un mot dépend, non seulement du rapport du signifiant avec le signifié, mais aussi de son rapport différentiel avec d’autres mots, il est nécessaire de préciser la nuance de chacun en fonction et à l’aide des autres ; il est nécessaire d’allier ou d’opposer les divers concepts, les divers objets, les diverses activités, les diverses idées.
D’un autre côté, il apparaît aussi fort utile d’étudier et de décrire avec minutie la vie des hommes dont on examine le parler. Menées de pair, les deux études doivent apporter un résultat d’une valeur bien supérieure à celle du simple glossaire alphabétique puisqu’elles présentent un tableau plus fidèle de la réalité.
Ce n’est certes pas la première fois qu’est livré au monde des philologues, des dialectologues, des folkloristes, des ethnographes et des curieux un travail conçu selon cet esprit. Nous pourrions nous réclamer de divers auteurs, et notamment de W. Egloff qui étudia la vie du paysan dombiste. Mais c’est Le parler de La Gleize de L. Remacle qui a surtout déterminé la forme de notre travail.
Cependant à la différence de L. Remacle qui s’occupe de tous les aspects de la vie rurale dans une commune, nous nous en sommes tenu à l’étude d’une seule activité et, de plus, nous avons dépassé largement le cadre du village.
Car si l’on peut décrire la vie des hommes dans une zone restreinte — et tenter de remonter le cours des siècles à l’aide de documents — on peut aussi la considérer dans une aire plus vaste pour instaurer des comparaisons. Si nous avons choisi le deuxième genre de description, cela ne signifie pas que le premier présente moins d’intérêt.
Auteur de La culture en Hesbaye liégeoise : Étude ethnographique et dialectologique
Étude philologique sur la langue, le vocabulaire et le style du chroniqueur Jean de Haynin
CHAPITRE I. — INTRODUCTION CHAPITRE II. — EXAMEN DU MANUSCRIT ET DE L'ÉDITION CHAPITRE III. — EXAMEN DES GRAPHIES CHAPITRE IV. — PHONÉTIQUE CHAPITRE V. — LEXIQUE CHAPITRE VI. — MORPHOLOGIE…
Le vocabulaire professionnel du Houilleur borain : Étude dialectologique
Les patois se meurent, la chose est entendue. Mais du moins, l'agonie de certains se prolongera-t-elle encore longtemps. Le borain semble bien être un de ceux-ci. Et même le jour où il ne sera plus que du français régional, un domaine subsistera cependant qui conservera encore une partie du vocabulaire dialectal. C'est le domaine de l'industrie houillère. De même que le paysan gallo-romain a continué à parler de ses techniques propres avec nombre de mots des aïeux gaulois, de même le houilleur borain, pendant une durée indéterminée mais probablement longue encore, continuera d'employer les termes traditionnels. Car l'enseignement obligatoire, la radio, la presse et le snobisme, fourriers ordinaires de la langue française chez les patoisants, sont bien empêchés de fournir, dans ce domaine, des vocables de remplacement. À part un nombre somme toute restreint de termes généraux dispensés par les écoles techniques, porions et ingénieurs emploient les mots des ouvriers :…