Juin sur avril (extrait), Juni over april (fragment) | Objectif plumes

Juin sur avril (extrait), Juni over april (fragment)

RÉSUMÉ

Entre 2014-2019, ma recherche poétique a tourné autour de l’émergence des émotions et comment celles-ci créent de l’esprit.  Nourrie par les dernières avancées en neurosciences, mon travail d’écriture s’est articulé à partir de « The Flux and the Puddle » (2014), une sculpture de David Altmejd. Il a mené à  juin sur avril, un livre qui suit de près la transition horoscopique d’une femme bélier (avril) à une femme gémeaux (juin). La métamorphose est mesurée au jour le jour à l’intérieur du corps par des plongées microscopiques dans le cerveau, le sang, les organes, l’oeil, les jambes et les pieds. La sculpture d’Altmejd co-oriente l’interprétation et la mise-en-scène.

Thématiquement, « juin sur avril » pose des questions sur la destination du corps (de l’esprit/ de l’âme), sur ses possibilités d’extension à travers l’imaginaire (de nombreuses oeuvres d’artistes visuels, d’auteurs et de compositeurs accompagnent l’écriture), sur la non-distinction entre réalité et imaginaire, sur la tentative de devenir aérienne. Le livre offre une vision en même temps très lucide et mystique de notre corporéité, lié par d’infimes relations à l’univers proche et lointain. Formellement, l’écriture propose des poèmes hybrides de versification variée, qui sont autant de propositions performatives dans une langue qui se veut innovatrice.

À PROPOS DE L'AUTRICE
Elke de Rijcke

Autrice de Juin sur avril (extrait), Juni over april (fragment)

Elke de Rijcke est écrivain, traductrice de poésie, performeur, micro-curatrice et professeur d’arts & de littérature aux ESA St-Luc et à l’erg (Bruxelles).
NOS EXPERTS EN PARLENT...
Le Carnet et les Instants

Le corps est au cœur de la poésie d’Elke De Rijcke. En quarantaine[1], lacéré ou jouissant, le corps essuie les coups portés par les échouages successifs. Mais il se relève toujours, réapprend les gestes quotidiens même si la réadaptation peut être lente. Ce dernier recueil sous forme d’édition bibliophilique bilingue est un fragment. Bribes d’un travail en mouvement plus large que l’auteur entreprend comme on prendrait le large, vers des contrées inconnues, insoupçonnées. Les termes médicaux, précis qui jalonnent le texte ajoutent au sentiment d’intimité qui se tisse entre le lecteur et la page, peau que l’on caresse et pénètre parfois. Celle de l’amant vaincu ou fuyant, celle morcelée du malade en sursis :

à…


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Tchansons d’one miète pus lon. Chansons d’un peu plus loin

Les membres de la Société de langue et de littérature wallonnes, qui reçoivent ses publications ordinaires avant même qu’elles n’arrivent en librairie, auront certainement remarqué l’évolution de sa plus vaste collection, « Littérature dialectale d’aujourd’hui ». Au-delà du travail innovant réalisé sur les maquettes, il convient d’observer une inflexion dans le choix des textes : alors que, depuis une bonne décennie, elle proposait des œuvres d’écrivains confirmés — et parfois même des rééditions — voilà qu’ont paru coup sur coup deux premiers recueils. Si Al cwène dès djoûs de Jean Collette , qui réunit plusieurs suites de poèmes, semblait déjà une œuvre de maturité, ces Tchansons d’one miète pus lon marquent l’entrée en littérature d’un nouveau talent, par ailleurs l’un des cadets de la Société. (Qui se souvient que la « petite collection », comme elle est souvent appelée, fut composée à l’origine de plaquettes se réjouira certainement qu’elle joue à nouveau ce rôle de vivier.) Dire que Xavier Bernier est talentueux semble un euphémisme. Il appartient à une nouvelle génération de wallonophones qui, faute de l’avoir appris de jeunesse, ont dû prendre leur idiome à bras-le-corps, en interrogeant sans relâche des parents et en disséquant les meilleurs auteurs (ces chansons sont dédiées à la mémoire de deux maitres, Émile Gilliard et Auguste Laloux). L’on a peine à le croire tant il déploie une langue riche et précise, qui puise directement aux images et aux sonorités du parler de Crupet. Leur lecture rassurera certainement les amateurs quant aux capacités de régénération des lettres wallonnes, qui vivent une période charnière.Mais en miroir — il faut le reconnaitre — la rencontre d’un texte si exigeant peut faire craindre la pénurie de lecteurs. 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