Comment parler de Jacques Sojcher alors qu’en 1981 il publie Le Rêve de ne pas parler? Comment évoquer son œuvre de poète, de philosophe-artiste sans trahir son appétence pour les régions du mutisme, pour les zones où le dire veille sur ce qui se dérobe au nommable? Une œuvre se place sous une constellation de signes qui la catalysent, qui lui procurent son feu central ou orientent son mouvement de création. * C’est sous un ciel de Stimmungen, de concepts-affects que se tiennent les recueils poétiques, les essais philosophiques, sur la peinture, les pièces de théâtre de Jacques Sojcher, son roman Jacki est sage. Au nombre de ces concepts-affects, de ces notions intensives, je mentionnerai le non-savoir, les origines barrées, l’enfance éternelle, la passion puérile, les femmes, la joie, le nom «juif». La pensée de ce professeur émérite de philosophie et d’esthétique à l’Université Libre de Bruxelles est incontestablement celle d’un…