Interview de l’été – Nicolas Guiot

Natif de Charleroi, Nicolas Guiot a fait ses études dans la filière ELICIT à l'Université libre de Bruxelles. Parallèlement à sa collaboration au magazine Grand Angle comme critique cinéma, il a travaillé comme régisseur général et directeur de production sur de nombreux courts et longs métrages. Il a aussi rejoint le comité de sélection pour la compétition internationale du Brussels Short Film Festival. Le Cri du homard (2012), sa première réalisation qu'il a également coproduite, a été sélectionnée dans une cinquantaine de festivals à travers le monde et a récolté une vingtaine de prix, notamment le Magritte et le César du meilleur court métrage 2013.

Natif de Charleroi, Nicolas Guiot a fait ses études dans la filière ELICIT à l'Université libre de Bruxelles. Parallèlement à sa collaboration au magazine Grand Angle comme critique cinéma, il a travaillé comme régisseur général et directeur de production sur de nombreux courts et longs métrages. Il a aussi rejoint le comité de sélection pour la compétition internationale du Brussels Short Film Festival. Le Cri du homard (2012), sa première réalisation qu'il a également coproduite, a été sélectionnée dans une cinquantaine de festivals à travers le monde et a récolté une vingtaine de prix, notamment le Magritte et le César du meilleur court métrage 2013.

Quel livre emporterez-vous cet été en vacances ?
J'aurais sérieusement pu citer Karoo, que j'ai lu lors de mes vacances l'an dernier. Mais cette année, il s'agira du deuxième tome d'Au dos de nos images de Luc Dardenne. Le premier tome m'avait profondément marqué. Rédigé sous la forme d'un journal, il s'agit d'une mise à nu du cheminement créatif et intellectuel, dans son mouvement tortueux, avec les questionnements, les tergiversations, les moments de doute, les changements de cap que cela implique. C'est à la fois touchant d'intimité créatrice et intellectuellement riche. Une espèce de digne rejeton des célèbres Notes sur le cinématographe de Robert Bresson.

Quel film retenez-vous de la saison qui vient de s'écouler ?
Il y en a beaucoup, mais spontanément, je citerais le film du cinéaste russe Andreï Zviaguintsev, Leviathan. Je suis le parcours de ce réalisateur depuis son premier film, le Retour. Ses scénarios, souvent inspirés des grands mythes fondateurs, sont d'une intelligence extrême, offrant une multitude de couches de lecture, tout en obéissant à une narration d'une remarquable limpidité. La réalisation touche au sublime, accentuant la dimension métaphysique qui sous-tend ses films malgré une intrigue d'apparence très réaliste. Et puis, les comédiens sont époustouflants, comme souvent dans le cinéma russe.

Quels sont vos projets pour la rentrée ?
Outre la production de courts métrages et les cours que je dispense à l'école Agnès Varda à Bruxelles, je m'attelle à l'écriture de deux scénarios de long métrage, chacun adapté d'un roman. C'est la première fois que je me frotte à l'exercice de l'adaptation littéraire, bien plus complexe qu'on ne pourrait le penser de prime abord. Il s'agit de transposer l'écriture romanesque en écriture scénaristique, avec les modifications parfois radicales que cela implique, mais aussi de s'approprier le récit tout en essayant de ne pas trahir l'œuvre d'origine, son essence. Peut-être un vœu pieux. On verra...

Quelle serait votre destination de vacances idéale ?
Plus qu'une destination précise, ce serait avant tout un moment de déconnexion absolue, sans téléphone ni internet. Le luxe suprême à mes yeux... Mais cela devient extrêmement compliqué, a fortiori lorsqu'on travaille dans la production.

Quel est le film que vous auriez vraiment aimé ou pu réaliser ?
Ceux que j'aurais vraiment aimé réaliser ne sont sans doute pas les mêmes que ceux que j'aurais pu réaliser... malheureusement.
Parmi les nombreux films que j'aurais aimé réaliser, je citerais C'est arrivé près de chez vous de Rémi Belvaux. J'avais quatorze ans lorsque je l'ai vu pour la première fois, au cinéma. C'est à cette période que je me suis décidé à essayer de devenir réalisateur.
Il s'agit d'une comédie noire, un genre que je chéris particulièrement, et que je rêve d'expérimenter un jour. Mais l'exercice de la comédie est extrêmement difficile, et sans appel, puisque le verdict est immédiat.
Je l'ai revu récemment et, à mes yeux, il n'a pas pris une ride. Je le trouve toujours aussi drôle et audacieux. Le dispositif de mise en scène est totalement cohérent en regard du propos de fond, d'une grande intelligence et d'une belle (im)pertinence. Et Poelvoorde y est magistral.

Vous êtes aussi producteur pour Ultime Razzia, que vous avec fondé avec des amis. Après les coproductions Premiers Pas de Grégory Lecocq et U.H.T. de Guillaume Senez, Ultime Razzia a récemment produit Solo Rex (2014). Qu'est-ce qui vous attire dans les histoires, les films que vous choisissez de produire ?
Nous avons fondé Ultime razzia productions avec quatre amis, pour la plupart issus de la même promotion ELICIT (Écriture et analyse de scénario) à l'ULB, dans le but de produire nos propres films. Petit à petit, nous nous sommes ouverts à d'autres réalisateurs, que nous connaissions généralement au préalable.
N'ayant jamais nourri de grandes ambitions à ce niveau, exerçant cette activité de manière annexe – quoique sérieuse et donc très prenante – et probablement provisoire, nous ne nous sentons pas contraints de produire en permanence, et encore moins à tout prix, souhaitant réserver du temps à nos projets personnels respectifs.
Nous n'avons jamais défini de « ligne éditoriale » précise. Au-delà des qualités objectives telles que la qualité d'écriture, la pertinence du fond, la finesse du ton, la force du point de vue adopté, nous fonctionnons véritablement au coup de cœur, avec l'importante part de subjectivité que cela implique. Mais parmi les nombreuses propositions que nous recevons, il nous arrive régulièrement de refuser des projets très prometteurs, faute de temps. Nous cherchons en effet à nous impliquer au maximum dans chaque film, particulièrement au niveau artistique, même si le réalisateur reste in fine maître de son film. Mais l'exigence de nos choix de départ et les nombreuses discussions en amont de la production proprement dite nous ont jusqu'à présent épargné de gros conflits artistiques.


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