Histoire de l’édition en Belgique (XVe-XXIe siècle)

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On a souvent une vision réductrice et convenue du domaine de l’édition. Il évoluerait lentement, tel un bouchon de liège dérivant sur un étang ; son rythme suivrait, de loin en loin, celui des progrès techniques et des transformations économiques. Un livre serait toujours un livre : un auteur pour l’écrire, un éditeur pour le publier et des libraires (incarnés ou en ligne) pour le vendre. Si on ne peut ignorer la tempête du numérique, ne serait-elle pas limitée à rugir dans un verre d’eau ? Car l’édition utilise les outils informatiques depuis les années 1980. La lecture sur un support numérique n’est que la partie ultime et visible ; dès la conception du manuscrit, l’écrivain travaille déjà le plus souvent sur une version dématérialisée…


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Promenade sur Marx : Du côté des héroïnes

Au lieu de suivre la piste de ceux qui font l’histoire, Valérie Lefebvre-Faucher propose avec Promenade sur Marx de faire attention à l’implication de ces femmes bien souvent en marge du cadre. Car si le chemin le plus connu est bien souvent le plus réducteur, faisons ce détour (bienvenu) pour comprendre l’histoire des écrits de Marx, que dis-je, des femmes Marx. Au lieu de suivre la piste de ceux qui font l’histoire, Valérie Lefebvre-Faucher propose avec Promenade sur Marx de faire attention à l’implication de ces femmes bien souvent en marge du cadre. Car si le chemin le plus connu est bien souvent le plus réducteur, faisons ce détour (bienvenu) pour comprendre l’histoire des écrits de Marx, que dis-je, des femmes Marx. Valérie Lefebvre-Faucher, titulaire d’une maîtrise en création littéraire et autrefois éditrice au Remue-ménage et chez Écosociété, a un goût pour les écrivaines. Dans un style clair et parsemé d’humour, l’auteure inscrit parfaitement son propos dans la collection micro r-m qui propose, à travers des courts textes, d’enrichir la réflexion politique et philosophique autour des enjeux du féminisme. Ce qu’aime Valérie Lefebvre-Faucher, c’est enquêter sur les liens qui unissent les écrivains, et tout particulièrement les écrivaines, et c’est bien là que se joue son projet d’écriture dans Promenade sur Marx . C’est une découverte qui l’obligera (pour son grand plaisir) à s'éloigner du sentier tout tracé de l’histoire, balisé depuis des années et tenant comme seul et unique chemin praticable. Avant de prendre l’autoroute des idées, il a d’abord fallu construire collectivement des chemins alternatifs, au grand dam de celles et ceux qui aiment les choses bien rangées. « Je suis toujours étonnée de croiser ceux qui ne marchent que sur les grands boulevards, qui ne lisent que les majuscules prétentieuses de l’histoire. Tout le monde sait pourtant que pour connaître une ville il faut en arpenter les ruelles. »  Ce que Lefebvre-Faucher nous fait comprendre d’emblée est la toile de relations qui se cachent derrière chaque grand concept. Loin de l’idée romantique d’un génie créateur aux réflexions individuelles, Promenade sur Marx met en lumière ces femmes cachées dans l’ombre des statues élevées à la gloire de ces hommes-penseurs. Car, de l'œuvre de Karl Marx, qui connaît l’influence de Jenny Caroline et Laura Marx sur les idées de leur père ? Qui a pris connaissance des écrits d’Eleanor Marx ? Dans une pensée qui prône l’égalité, qu’en est-il de celle entre hommes et femmes ?   « Rien n’est simple quand on cherche les femmes de l’histoire, car les bons filons finissent souvent en cul-de-sac. » Les deux filles aînées de la famille, Jenny Caroline et Laura Marx, autour de 1865. (photographe inconnu.e, Wikimedia Commons) C’est ici que le féminisme entre en piste, un féminisme matérialiste (lié à la pensée marxiste). Notre auteure s’étonne du peu d’informations disponibles à propos des femmes de la famille Marx, malgré leur implication : Jenny, la femme de Marx, professeure à l’université et auteure de critiques de théâtre, sera surtout la recherchiste, la transcriptrice, l’éditrice et la correctrice de son mari et de ses amis penseurs, tandis que Laura Marx traduira en français Le Manifeste du parti communiste . On retrouve aussi chez Eleanor Marx des réflexions sur le travail domestique et la condition féminine : comment militer pour l’égalité de toutes les femmes et de leur émancipation si le travail du foyer, qu’elles doivent endurer, doit alors être pris en charge par une domestique ? Dans ce court essai, Valérie Lefebvre-Faucher nous fait comprendre que, si la pensée des femmes n’a pas toujours eu la place pour éclore, c’est aussi par un manque de possibilités. Si votre vie est rythmée par les tâches du foyer et l’éducation de vos enfants, cela vous laisse moins de temps pour débattre d’émancipation sociale en fumant le cigare avec vos amis, n’est-ce pas ? Il est intéressant d’observer notre monde à travers cette réflexion, et on remarque ainsi que les personnes qui peuvent engager un changement sont aussi ceux et celles qui en ont les moyens : le temps, l’espace de pensée et l’aspect financier. Il en va de même pour ceux et celles qui façonnent leur pensée, par la lecture, comme vous et moi en ce moment-même. Alors, si vous trouvez le temps d'entamer une promenade parmi les idées, je vous invite à ne pas toujours suivre les sentiers balisés, et vous serez peut-être surpris de la diversité des pistes délaissé e s et oublié e s. « Chaque route bifurque vers une nouvelle vie, une œuvre de plus à découvrir. Il n’y a rien de surprenant : les humains pensent et créent ensemble. Écrire se fait à plusieurs. La philosophie est une forêt. »  Avez-vous remarqué ce personnage en marge du cadre, dont on ne nous raconte pas l’histoire? Une enquêtrice décide de suivre la piste des femmes entrevues dans les portraits de Marx. Ses antennes féministes remuent en direction de l’héritage marxien: tant de gloire virile recouvrant une pensée d’égalité, c’est louche. Quel risque courons-nous si nous nous intéressons aux femmes qui étaient là? Une simple promenade qui, au final, chamboule tout. 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Histoire d'un livre : Un mâle de Camille Lemonnier

À propos du livre (début du Chapitre 1) «Est-ce que nos livres, après tout, ne sont pas toujours faits des miettes de notre vie?» En posant la question comme il le fait, Lemonnier reconnaissait l'étroit rapport qui existe entre la propre expérience de l'écrivain et la matière de son oeuvre, les mille liens qui unissent celle-ci à celui-là. Des quelque soixante-dix volumes qu'il a publiés, aucun mieux qu' Un mâle n'aiderait à montrer cette relation; aucun n'a livré, délivré une part aussi grande de lui-même, aucun ne reflète davantage son humeur, ses goûts, ses aspirations. Ce n'est point qu'il s'agisse en l'occurrence d'une autobiographie plus ou moins déguisée. Rien n'est plus étranger à l'aventure de Cachaprès, son héros, que la vie de l'auteur, qui fut bourgeoise, laborieuse, régulière et, le métier, la nécessité et les circonstances aidant, casanière. Mais, à côté de l'existence vécue, il y a, secrète, imprécise, virtuelle, celle qu'on eût aimé connaître, celle qu'on rêve — ou qu'on raconte — faute de pouvoir la vivre. En concevant son personnage, en le peignant et l'animant, Lemonnier s'est libéré de songes complaisamment nourris. Il a imaginé ce qu'aurait été son propre destin en d'autres conjonctures. Ces «miettes de la vie», que son oeuvre va cette fois recueillir, ne sont-ce pas, transposés, les refoulements et les amputations qu'une contrariante nécessité lui a de bonne heure imposés? Un mâle est un récit réaliste, voire naturaliste par plus d'un trait. Mais l'oeuvre apparaît aussi comme un vaste poème en prose où, par delà l'exaltation des beautés d'une nature sauvage et l'épique grandissement du rustre qui la hante, se devine la nostalgie de l'homme civilisé qu'obsède l'image d'une illusoire…

Poésie pure et société au XIXe siècle

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