On a souvent une vision réductrice et convenue du domaine de l’édition. Il évoluerait lentement, tel un bouchon de liège dérivant sur un étang ; son rythme suivrait, de loin en loin, celui des progrès techniques et des transformations économiques. Un livre serait toujours un livre : un auteur pour l’écrire, un éditeur pour le publier et des libraires (incarnés ou en ligne) pour le vendre. Si on ne peut ignorer la tempête du numérique, ne serait-elle pas limitée à rugir dans un verre d’eau ? Car l’édition utilise les outils informatiques depuis les années 1980. La lecture sur un support numérique n’est que la partie ultime et visible ; dès la conception du manuscrit, l’écrivain travaille déjà le plus souvent sur une version dématérialisée…
Isabelle STENGERS , Cosmopolitiques , La découverte/ Les empêcheurs de penser en rond,…