1861-1865. La guerre de Sécession oppose les États-Unis d’Amérique et les États confédérés. Cette guerre civile est l’un des premiers conflits à être couvert par des photographes. L’un d’eux en tire la matière d’un ouvrage célèbre, Gardner’s Photographic Sketch Book of the Civil War.
Années 1960. Un jeune garçon, en Flandre, découvre le monde des images à travers les chromos offerts dans les paquets de chewing-gum. Une des séries, consacrée à la guerre de Sécession, le marque durablement.
De nos jours. Venu aux États-Unis faire l’acquisition de photographies inédites de la guerre de Sécession, un reporter affronte des péripéties obscures de roman noir.
Entrelaçant l’Histoire, la mémoire personnelle et la fiction, Faire sécession propose une méditation sur les rapports entre la guerre et ses représentations forcément trompeuses, et, plus généralement, entre le récit et l’image. Les gravures de Frédéric Coché, qui accompagnent le livre sans l’illustrer, repensent la même thématique à la lumière de l’histoire de l’art.
Auteur de Faire sécession
Les éditons L’herbe qui tremble à Paris ont à coup sûr eu le nez fin en choisissant Thierry Horguelin pour diriger leur nouvelle collection baptisée « D’autre part ». Passionné de cinéma et de jazz, ancien libraire, chroniqueur, on le connaît avant tout pour le travail de fond qu’il effectue, avec rigueur, dans le monde de l’édition. Chineur invétéré, grappilleur de pépites littéraires oubliées dans les cales des notes de bas de pages, cet arpenteur livresque qui partage son temps entre Montréal, sa ville natale, Bruxelles et Paris est aussi et surtout auteur. On citera au passage l’un de ses derniers ouvrages, Alphabétiques, objet littéraire et ludique qui témoigne de son attachement à la contrainte oulipienne et qu’ont publié,…
Francis GROFF , L’homme sous le toit , F deville, coll. « Œuvres au rouge », 2025,…
« Il a réglé la course, est sorti en sifflotant et, sans se retourner, il a soulevé son chapeau en guise d’adieu », telle est la dernière image qu’a laissée Soren. Nous sommes à Bordeaux, en novembre 2017, et ce musicien et producteur âgé de cinquante-huit ans a demandé au chauffeur de taxi de le déposer à l’entrée du Pont de pierre. Après, plus rien… plus de Soren. Qu’est-il advenu ? Le roman de Francis Dannemark et Véronique Biefnot s’ouvre sur cette disparition et met en récit plusieurs voix. Elles ont toutes connu Soren, de près ou de loin. Chacune d’elles plonge dans ses souvenirs, exhume des moments passés en sa compagnie, des instants de sa vie et, dans une polyphonie où les sonorités tantôt se répondent tantôt dissonent, elles livrent au lecteur une reconfiguration de ce mystérieux Soren, tentant de lui éclairer le mobile de son départ. Chacune y va de sa modulation. « On dira Soren ceci, Soren cela.. on dit tant de choses, mais au fond, qu’est-ce qu’on sait ? » Lire aussi : un extrait de Soren disparu La construction du roman joue sur un décalage entre temps de narration et temps de récit. Tandis que cette volatilisation du personnage principal orchestre les interventions des différents narrateurs – celui-là l’a appris par téléphone, l’autre en écoutant la radio, celui-ci l’annonce à son père, un autre encore y songe à partir d’une photo de chanteuse dans un magazine etc. –, les récits font appel à une mémoire narrative qui reconstruit, rend présente une antériorité qui parcourt la vie du disparu, de son enfance à cette nuit sur le pont. « Un souvenir entraîne l’autre. Quand on commence, on n’en finirait plus… »Cette temporalité se déploie dans une spatialité qui accroît le côté mémoriel des interventions. Le lecteur arpente un Bruxelles d’autrefois ; de l’auditoires de l’ULB au Monty, le piano-bar-cinéma d’Ixelles, près de Fernand Cocq, de la chaussée de Ninove au Mirano Continental, la capitale se fait le lieu de ce festival narratif. [L]es soirs où je glandais, on traînait ici ou là, au Styx, on attendait une heure du mat’, avant ça, rien de bien ne se passait nulle part. À pied la plupart du temps, on allait jusqu’à la Bourse, au Falstaff, à l’Archiduc…, on se faisait parfois refouler à l’entrée quand on était trop murgés ou trop nombreux, ou qu’un truc nous avait énervés, un film ou un bouquin, et que la discussion déraillait. On buvait du maitrank ou des half en half, ou rien, ça dépendait de qui payait la tournée, ensuite, on montait le nord, sous le viaduc, vers l’Ex, ou alors à la rue du Sel parfois. Cent-douze récits rythment ce roman choral où la musique est omniprésente . Fitzgerald, Les Stranglers, Wire, Chet Baker, Branduardi, Kevin Ayers, Neil Young, … La compilation forme une constellation où luisent les traits saillants qui permettent d’appréhender, par fragments, le disparu, de retracer son parcours, avec, en fond, ces musiques qui résonnent et accompagnent la lecture.Le duo Biefnot-Dannemark, déjà connu pour La route des coquelicots (2015), Au tour de l’amour (2015), Kyrielle Blues (2016) et Place des ombres, après la brume (2017), offre un nouveau quatre mains avec Soren disparu . Un roman kaléidoscope où se font échos les témoins de la vie de Soren ; lesquels, dans l’exploration du pourquoi et du comment d’une perte, mettent en lumière le temps qui passe, la complexité de l’existence et sa fugacité.Une nuit, traversant un pont, Soren disparaît. Tour à tour producteur, musicien, organisateur de festivals, cet homme multiple n'a eu de cesse d'arpenter le monde de la musique. Pour percer le mystère de sa disparition, une centaine de témoins…